jeudi 31 décembre 2015

Jacques Martin - Rapin le chat- 1887 - Représentations de saint Martin

A Bagnols sur Cèze


Vitrail de la cathédrale d'Evreux - Saint Martin



Chat au poil hérissé
Bretagne
Lannion
Graph

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92 personnes ont lu cet article.
 
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Louis Carrand - Vue de Lyon - 1870


A Bagnols sur Cèze

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Paule Gobillard -Madame Paul Valéry -Don de Paule Gobillard - 1927


Paule Gobillard -Madame Paul Valéry 
-Don de Paule Gobillard  
- 1927
A Bagnols sur Cèze
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Berthe Morisot 
1841 - 1895
Paule Gobillard peignant 
1887  
Huile sur toile
Musée Marmottan 
Paris 

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Camille Claudel- 'Les implorantes'


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Quelques tableaux au musée Albert André à Bagnols sur Cèze



Félix Vallotton
‘Jardin à Honfleur’
 1904



 Guy Bardone
'Le Sacré-Coeur'
1958




Henri Matisse
‘Portrait de George Besson’
1917



Il est né en 1882 à Saint-Claude dans le Jura. Son père est fabricant et marchand de pipes. Il devient critique d’art. Membre du Parti Communiste Français, il écrit régulièrement dans ‘L’Humanité’ et les ‘Lettres Françaises’. Il se prive pour acheter des toiles et il obtient aussi des dons de nombreux peintres. Lui aussi a côtoyé des peintres illustres tels que Signac, Matisse, Renoir, Mottet, Minaux, etc. Avant son décès, il offre au musée Albert André la moitié de sa collection, l’autre moitié étant donnée à la ville de Besançon.




Paul Gauguin
‘Masque de Tahitienne’
1892





Pierre Bonnard
‘Bouquet de fleurs des champs’
1923





Albert Marquet
‘Le 14 Juillet au Havre’
1906





Henri Matisse
‘La fenêtre ouverte à Nice’
1919





Théo van Rysselberghe
‘Le tub’
1916





Suzanne Valadon
‘Bouquet de roses, iris et glaïeuls’
1928

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Tous mes meilleurs voeux pour 2016!






Don
Indivisibilité
Partage
Education
Travail
Protection
Accueil
Humanisme
Progrès
Droits
Justice
Rigueur
Droiture
Intégrité
Tolérance
Bonne année 2016 !
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Le musée Albert André à Bagnols sur Cèze - Jean Renoir



Le musée Albert André à Bagnols sur Cèze

Je voulais voir en ‘vrai’ comme disent les enfants la statue ‘L’implorante’ de Camille Claudel au musée Albert André à Bagnols sur Cèze.
J’avais lu dans un livre narrant sa vie que cette statue y était exposée.
Mais quelle curieuse impression d’être chez soi quand on pénètre dans ce joli musée grand de neuf salons d’exposition.
Des meubles, des peintures et des tableaux s’étalent à notre vue dans cet ancien hôtel de Magnin de Gaste acheté par la municipalité en 1866.
Alors pourquoi un tel écrin d’œuvres d’art dans cette jolie bourgade du sud de la France ?

Quelques personnages importants vont être liés pour promouvoir un haut lieu de culture à cet endroit : Léon Alègre, son fondateur, Albert André, peintre lyonnais,  Auguste Renoir, artiste peintre favorable au musée, George Besson, collectionneur et donateur de la moitié de ses œuvres au musée.

Pour commencer cette longue histoire, il y eut à l’origine la volonté d’un homme passionné de terroir et de tradition : Léon Alègre. Il naît à Bagnols sur Cèze en 1813 d’un père teinturier mais érudit. Son grand-père avait sauvé les tableaux de la peinture italienne en les cachant sous la période de la révolution Française. Il transmet son amour de l’art à son petit-fils.
Léon Alègre est passionné d’archéologie, d’histoire et de peinture. Il demande au maire de cette bourgade chef-lieu de canton assez riche, cossue, dotée de 4500 habitants qui travaillent le ver à soie, la vigne et les fruits et légumes, d’ouvrir un musée.

Aussitôt dit, aussitôt fait : ce sera le premier musée cantonal de France en 1854. Pour ses lettres de noblesse, Léon Alègre demande à chaque habitant de rapporter un objet du pays dans lequel ils ont voyagé. Il faut imaginer le musée empli de hautes bibliothèques et de tableaux jusqu’aux plafonds.
Alègre dessine et remplit ses carnets de dessins de chapelles romanes, de ruines, avec des annotations d’explications. Il demande aux paysans les histoires locales et devient la mémoire et le grand témoin de sa région. Ses travaux sont exposés à la Médiathèque de Bagnols sur Cèze.

Le musée est visité et sa fille qu’il a en 1838 prend le flambeau après sa mort jusqu’en 1917. Quand elle-même meurt, il n’y a plus de conservateur pour le musée.



Le rôle déterminant d’Albert André.
Il est né à Lyon en 1869 d’un père qui détient une entreprise de soie. Il fait des études de dessinateur industriel
 Mais un jour, il déclare à son père qu’il veut s’inscrire à l’académie Julian à Paris. Son père se demande ‘pourquoi pas ?’ et c’est là qu’Albert André va rencontrer Signac, Renoir, Marquet et tant d’autres. Un directeur de galerie le remarque et lui envoie une lettre. Pensant que c’était un canular de ses amis, il n’y crut pas. Auguste Renoir l’avait ovationné auprès de ce galeriste. C’était vrai !
La famille possédait une propriété à Laudun (Gard) où il s’installa, y trouvant une lumière sincère du Midi. Il aime y peindre. Il passe l’hiver à Paris et l’été à Laudun. Sa femme Maleck, peintre et décoratrice, était l’amie avec les artistes de l’époque. En 1931, leur fille adoptive Jacqueline dessina un costume de scène pour Mistinguett.  
Albert André et Auguste Renoir vont devenir des amis jusqu’à la mort de ce dernier en 1919. Albert André deviendra l’exécutant testamentaire des 600 toiles de Renoir et se chargera de les répartir entre les trois fils d’Auguste Renoir : Pierre, Jean et Claude (Coco) dont Albert André était aussi le parrain.
Et cette amitié va être déterminante pour le devenir du musée. Voici donc la petite histoire :
Albert André qui achète des andouillettes dans la charcuterie d’un élu du bourg de Bagnols sur Cèze est interpellé par celui-ci pour devenir le conservateur du musée. Renoir est en séjour pour quelques jours chez son ami Albert André. Il passait régulièrement à Laudun quand il descendait dans le Sud de la France dans sa propriété des Collettes à Cagnes sur mer. Ils en parlent et Renoir l’incite à accepter. Albert André expose dans le musée quelques tableaux de peintres vivants. Mais, les pompiers mirent le feu accidentellement à l’hôtel qui abritait le musée et des amis d’Albert André envoient quelques unes de leurs œuvres en legs (dont Clémenceau qui fit un don lui aussi).
C’est le premier musée d’art moderne.
En 1990, la fille adoptive d’Albert André, Jacqueline Bret-André, a fait un don des œuvres de son père au musée. Les musées du Louvre, d’Orsay ou de Saint-Denis convoitent les tableaux d’Albert André.

Le don de la moitié de la collection de George Besson.
Il est né en 1882 à Saint-Claude dans le Jura. Son père est fabricant et marchand de pipes. Il devient critique d’art. Membre du Parti Communiste Français, il écrit régulièrement dans ‘L’Humanité’ et les ‘Lettres Françaises’. Il se prive pour acheter des toiles et il obtient aussi des dons de nombreux peintres. Lui aussi a côtoyé des peintres illustres tels que Signac, Matisse, Renoir, Mottet, Minaux, etc. Avant son décès, il offre au musée Albert André la moitié de sa collection, l’autre moitié étant donnée à la ville de Besançon.


Blanc et Demilly
Théodore Blanc (Lyon, 1891 – Id, 1985)
Antoine Demilly (Mâcon, 1892 – Lyon, 1964)
Portrait de George Besson
Vers 1930
Epreuve gélatino-argentique


Le Musée Albert-André a malheureusement été victime de deux importants cambriolages, dont le plus important le 12 novembre 1972 a entraîné la perte de neuf œuvres (Deux Renoir, deux Dufy, et un exemplaire d'une œuvre de Bonnard, Boudin, Marquet, Matisse et Vuillard). Le 13 mars 1981, en plein jour, c'est de nouveau une toile de Renoir qui disparaît.

L'association des 'Amis d'Albert André' communiquent:
02/2016

"Ce mois de février marquera le dixième anniversaire du décès de Jacqueline Bret-André (fille adoptive d’Albert André) qui nous a quittés en 2006.

Notre association et la municipalité de Laudun l’Ardoise ont décidé de rendre un hommage à Jacqueline pour marquer cette décennie écoulée.

Nous évoquerons Jacqueline en mairie le vendredi 26 février à 18 h après avoir honoré sa mémoire à la maison Albert André auparavant.

Nous invitons tous les amis de l’art à s’associer à ces moments qui seront l’occasion de montrer notre attachement à Jacqueline, à Albert André, aux oeuvres et au patrimoine qu’ils nous ont légués.

En cette année 2016 qui doit être décisive pour les dossiers de la rénovation de la maison Albert André à Laudun et du futur du musée de peinture de Bagnols, il convient en  rendant un hommage à la modèle d’Albert André, à la peintre, à la conservatrice, à la gardienne de la mémoire de la famille André de montrer notre attachement à ce patrimoine et à cet héritage.

« Je dois tout à Albert André c’est pourquoi tout doit lui revenir », telle était la formule de Jacqueline, il convient de se souvenir de sa vie au service de l’art pour faire le lien entre le passé et le futur.

C’est dans cet état d’esprit et pour poursuivre les projets de Jacqueline que nous vous invitons à être présents le 26 février prochain à Laudun."


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Amis d'Albert André. 
Menaces sur l'avenir du musée à Bagnols-sur-Cèze
Le musée est maintenant fermé les lundi, mercredi et dimanche!
Le déplacement de la mairie qui l'accueille dans ses locaux augure d'un avenir sombre.
Le président de la région met une croix sur la culture impressionniste à Bagnols-sur-Cèze.
Ce musée, avec une collection impressionnante de tableaux de maîtres, ce qui en faisait une exception dans le sud de la France, va être abandonné.
C'est une honte.

10 21
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Andrée Heuschling, réfugiée à Nice pendant la guerre, dotée d'une beauté incomparable, « dernier cadeau de ma mère à mon père », fut envoyée à Auguste Renoir « par des amis de Nice », selon Jean Renoir, en fait par Henri Matisse qui trouvait qu'elle « ressemblait à un Renoir ».

Catherine Hessling (born Andrée Madeleine Heuschling) was a French actress and the first wife of film director Jean Renoir. Hessling appeared in 15, mostly silent, films before retiring from the acting profession and withdrawing from public life in the mid-1930s. Born in Champagne-Ardennes, Hessling sought refuge in Nice during World War I.

 

Catherine Hessling (née Andrée Madeleine Heuschling) est une actrice Français et la première épouse du réalisateur Jean Renoir. Hessling est apparue dans 15 films, principalement muets, avant de se retirer de la profession d'actrice et de se retirer de la vie publique au milieu des années 1930. Née en Champagne-Ardennes, Hessling se réfugie à Nice pendant la Première Guerre mondiale.

 

Andrée, dès son arrivée dans la grande maison du patriarche, trouble l'ordre domestique qui l'entoure. Elle suscite la jalousie des multiples bonnes qui prennent soin du vieux peintre et qui pensent qu'elle va « finir dans son lit », comme d'autres modèles qui l'ont précédée. Elle provoque également l'intérêt du fils d'Auguste, Jean Renoir, convalescent d'une blessure de la guerre.

 

Jean Renoir, né à Paris le 15 septembre 1894 et mort le 12 février 1979 à Beverly Hills (Californie), est un réalisateur et scénariste français dont les films ont profondément marqué les mutations du cinéma français entre 1930 et 1950, avant d'ouvrir la voie à la Nouvelle Vague.

 

Jusqu'à La Chienne, en 1931, deuxième film parlant de Renoir, pour lequel il évince sa femme au profit de l'actrice Janie Marèse, provoquant la rupture du couple. Celle-ci est dépitée de ne pas avoir eu le premier rôle féminin. Jean débute alors une liaison avec Marguerite.

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Pierre Auguste Renoir
Limoges, 1841 -  Cagnes-sur-Mer, 1919
Chaumières à Berneval 
1898 
Huile sur toile.
Dieppe 
Château Musée 
Une petite maison aux teints de marron et de rouge est dissimulée.
Les arbres de droite sont aux couleurs automnales: rouge, orange, marron.
Touche jaune vive au centre du tableau, là où se trouent deux personnages.
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Pierre Auguste Renoir
Limoges, 1841 -  Cagnes-sur-Mer, 1919
Portrait de Madame Paul Bérard  
1879 
Huile sur toile.
Dieppe 
Château Musée 
Caractère doux et discret.
Elle a laissé le souvenir d'une grande bonté.

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Vidéo 'L'implorante' de Camille Claudel à Bagnols sur Cèze




‘L’implorante’ de  Camille Claudel à Bagnols sur Cèze.

L’œuvre est acquise par George Besson.

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Blanc et Demilly
Théodore Blanc (Lyon, 1891 – Id, 1985)
Antoine Demilly (Mâcon, 1892 – Lyon, 1964)
Portrait de George Besson
Vers 1930
Epreuve gélatino-argentique

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Camille Claudel représente vers 1900 (L’âge mûr, 1899) une jeune femme nue qui implore un homme aux bras d’une vieille femme.
C’est elle-même qui est représentée, alors que Rodin la repousse et reste avec sa femme, Rose Beuret avec qui il vit depuis plusieurs décennies. Après dix années de relation amoureuse, le couple Claudel/Rodin se sépare et Camille sombrera dans la folie.

« Mademoiselle Claudel est devenue mon praticien le plus extraordinaire, je la consulte en toute chose. »
« Je lui ai montré où trouver de l'or, mais l'or qu'elle trouve est bien à elle. » Rodin.


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BAGNOLS/CÈZE Grandes inquiétudes autour du projet du nouveau musée

Le musée Albert-André regorge de bien des trésors : Rodin, Matisse, Renoir et bien d'autres grands noms de la peinture impressionniste et post-impressionniste. Une partie de cette collection est exposée au second étage de la mairie. Mais beaucoup d'oeuvres dorment dans les réserves par manque de place.

(…) Le comité de pilotage ne s'est plus réuni depuis et là aussi, ça pose question.

Depuis quelques jours, les craintes se cristallisent. Six associations (*) ont signé un communiqué de presse alarmiste.

(…) Les associations demandent aux élus de l'Agglomération de présenter en urgence un "dossier consolidé".

*(…) Les six associations signataires participent toutes au comité de pilotage du projet de musée. Elles sont : l’Académie de Lascours, Les Amis d’Albert André, Les Amis des Musées de Bagnols, Les Amis de Rabelais, Cité Regain, La SECABR (Société d’Etude des Civilisations Antiques du Gard Rhodanien).

07 21

bagnols-ceze-grandes-inquietudes-autour-du-projet-du-nouveau-musee

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mardi 29 décembre 2015

Les Ponts couverts et le Musée d'Art moderne et contemporain à Strasbourg



 

 

 

Les Ponts couverts et le Musée d'Art moderne et contemporain 


Les ponts couverts servaient à abriter les munitions et la poudre des canons à l’abri de l’humidité.
Le barrage Vauban* permettait d’inonder le sud de la ville en cas d’invasion étrangère.
Le musée d’art moderne et contemporain a été inauguré en 1998.
Il est situé à côté de l’ENA (Ecole Nationale d’Administration). Le musée couvre la période qui va de 1870 à nos jours.
Il présente des photographies, des arts graphiques et plastiques ainsi que des collections d’art moderne.

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Arras 
Ses enfants 
Sébastien Le Preste, marquis de Vauban.
1633 - 1707

Il est issu de la petite noblesse nivernaise.
Il fait des études afin de devenir ingénieur militaire.
Il est nommé commissaire général des fortifications e, 1678, lieutenant général en 1688 et maréchal de France en 1703.
Il parcourt la France et fortifie la défenses des villes, dont la grande plaine du Nord.
Il conforte les remparts en créant des citadelles et il tient les villes au respect en résistant aux puissances ennemies.



Le Havre – Le Volcan.

Enterrement de la culture.

Texte des élèves du théâtre national de Strasbourg occupé.

 

"La génération des « 20 ans ».

Plus de rêves, d’objectifs, de promesses.

Construire ensemble le monde de demain.

La pandémie a coupé nos membres.

Nous ne survivrons pas quoi qu’il arrive.

Une génération est sacrifiée.

Nous voulons apprendre à vivre avec une pandémie.

La jeunesse pourra-t-elle encore

rêver à un autre état du monde ?

Comment peut-on imaginer un monde solidaire ?

Il restera la solitude.

L’économie se fait au détriment de l’humain.

Nous serrons les poings et nous sommes dangereux.

Notre révolution est humaine.

Nous ne sommes pas affaibli.e.s.

Nous ne refusons pas la peur.

Nos lieux de recherche et de travail

nous ont été enlevés.

Nous ne sommes pas votre priorité.

Vous nous refusez une place.

Nous sommes vos suicidé.e.s."

Le Volcan est occupé depuis un mois.


Le Havre – Le Volcan.

Enterrement de la culture.

Texte des élèves du théâtre national de Strasbourg occupé. (Photos)

 

Les poings levés.

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Occupant·e·s du TNS: « Nous sommes vos suicidé·e·s »

Il y a plus d’un mois, dans la foulée de l’Odéon, les élèves de l’école du TNS et d’ailleurs occupaient le Théâtre national de Strasbourg. Aujourd’hui, plus d’une centaine de lieux culturels sont occupés. En marge des revendications professionnelles et sociales dûment répertoriées par toutes et tous, les occupant·e·s du TNS écrivent aujourd’hui cette tribune. Un cri d’alarme, une arme de lutte.

 

« Nous avons 22 ans, 25 ans, 23 ans, 19 ans, 27 ans, 18 ans, 21, 24 et 26. L’une de nous a eu 20 ans la semaine dernière, derrière les portes closes de ce théâtre. Et combien d’autres ont fêté et fêteront leurs 20 ans seul-e-s?

Nous avions des rêves pour chaque anniversaire à venir. Des objectifs, des projets, des promesses. Nous devions grandir, encore, chercher, saisir, sentir, construire, ensemble et dans toutes les langues, le monde de demain. Etendre nos bras, nos jambes, enjamber, courir. La pandémie nous a coupé nos membres. A nous, jeunesse amputée, mutilée, vous avez répondu « courage », « espoir », «patience». Alors nous nous sommes armé-e-s, oui, de patience, nous avons espéré, attendu, prié, nous nous sommes confinés, nous nous sommes masqués, nous avons accepté, d’annuler, d’arrêter, d’interrompre. On s’est résigné à nos écrans. On s’est stoppé en pleine route sur des longs chemins. Figé dans l’élan. En équilibre. Les amitiés naissantes, empêchées, les rencontres, empêchées, l’apprentissage, empêché, l’expérience, empêchée. La pensée, confinée. Empêchée.

Vous nous aviez dit que nous étions les forces du rêve. Mais l’espoir ne tient pas « coûte que coûte ». Et le rêve s’abîme. Et le courage s’épuise. Et ça ne suffit tout simplement plus, car ça fait déjà trop longtemps qu’on espère, et nos réserves ne sont pas infinies, elles s’amenuisent, se réduisent en peau de chagrin.

NON, NOUS NE DANSERONS PAS TOUJOURS, NON, NOUS NE RÊVERONS PAS TOUJOURS, NON, NOUS NE SURVIVRONS PAS QUOI QU’IL ARRIVE, OUI, DES DESTINS SERONT BRISÉS, OUI, DES EXISTENCES SERONT CONDAMNÉES, OUI, UNE GÉNÉRATION EST SACRIFIÉE.

Nous ne vivons pas dans le déni de la pandémie. Nous voulons apprendre à vivre avec elle là où le gouvernement nous exhorte à attendre des jours meilleurs. Nous ne pouvons plus attendre un futur sans cesse mort-né. Un jour viendra où nous nous ne pourrons plus espérer, croire, attendre. Et qui prendra la relève ? Les plus jeunes d’entre nous, les adolescents et les enfants seront-ils encore capables de rêver à un autre état du monde ? À 14 ou 15 ans, quand on s’est déjà habitué à ne pas connaître le visage des autres, comment peut-on imaginer un monde solidaire ? À moins que ce ne soit cela finalement l'objectif des arbitrages: enterrer pour toujours l'idée que l'on peut vivre dans la pluralité. L'idée que l'autre peut nous aider. Qu'est-ce qu’il restera alors ? Une société où l'on étudie seul-e, où l'on travaille seul-e, où l'on jouit seul-e, où l'on meurt seul-e. Oui, cette société-là entretient et garantit un fonctionnement économique effréné, au détriment de toute logique humaine. Nous savons que l'argent ne fait plus le bonheur de notre génération : nous apprenons chaque jour le goût amer de sacrifices et de solitudes qu'il a désormais. Et nous ne pouvons même pas vomir : nos ventres sont vides. Notre seule nourriture est une colère immense. Et cette colère sera notre puissance d’être. La mort lente qui rampe sur nos corps, mort sociale, mort physique à laquelle nous condamne le gouvernement, nous allons nous en défendre, nous aussi « coûte que coûte », avec les dents, les ongles. Avec les pavés, avec le feu.

Ici, à l’intérieur des théâtres où nous nous sommes enfermés, plus les jours passent, plus nous sommes inquiets. Ne croyez pas que nous dormons. Ne croyez pas que nous rêvons. Nous avons les yeux grand ouverts. Plus les jours passent, plus nos mains sont serrées. Plus les jours passent, et plus nous sommes dangereux. Nos révoltes ne sont pas culturelles. Notre révolution est humaine. Entendez-nous, chaque jour qui passe, nous sommes affamé.e.s mais pas affaibli.e.s. La peur qui grandit nous fait vivre. Nous sommes décidés à en découdre avec la marche inacceptable du monde. Nous ne refusons pas la peur, parce qu’elle est dans nos mains, dans nos poings serrés. Parce que sans elle, sans cette force qui nous pousse encore, encore, encore, encore, nous serons définitivement sans avenir.

Il n’y a pas de porte de sortie pour nous. Entendez-nous bien: pour nous, il n’y aura pas d’autre possibilité que de lutter. Pas d’autre poésie que l’action réelle. Que peut-on perdre de plus ? Nos lieux de pensée, de création, nos lieux de recherche, de travail nous ont été enlevés. Nous avons été laissés de côté, perdants dans tous les arbitrages, inlassablement condamnés, nous avons été, tout le long de cette crise, depuis plus d’un an, vos prêts-à-sacrifier. Nous ne sommes pas votre priorité, nous l’avons compris. Un pays qui oublie sa jeunesse, qui sacrifie sa jeunesse, qui néglige sa jeunesse, un pays qui assassine sa jeunesse –est-il viable ? Vous nous laissez tomber, et il faudra que vous l’assumiez. Nous ne sommes pas vos actifs marchands et productifs, nous sommes la génération du futur, nous sommes vos suicidé-e-s.

Nous vous avons appelé. Nous avons habité, occupé, crié à nos fenêtres.

Vous avez mis en balance les existences humaines, vous les avez catégorisées en valeurs marchandes par les termes « essentiel » et « non-essentiel ». Nous sommes vos suicidé-e-s. Vous avez gardé nos lieux de vie fermés. Et quand nous avons protesté, votre seule réponse a été, encore, de clamer notre inutilité. Vous nous laissez crever. Nous sommes vos suicidé-e-s.

Vous avez frotté l’injustice jusque dans nos visages. Qu’est ce qui ressemble plus à une salle de spectacle, de concert, qu’une église? Qu’est ce qui ressemble plus à un amphithéâtre d’université qu’une assemblée parlementaire? Pourquoi les émissions télévisées peuvent-elles accueillir du public pendant que nous sommes réduits, sans cesse, au distanciel? Pourquoi peut-on acheter mais pas apprendre, pas penser? Nous sommes vos suicidé-e-s.

Vous nous avez refusé des aides à l’emploi et à l’insertion. Nous, étudiant-e-s qui allons faire notre entrée dans un monde professionnel sinistré, profondément fragilisé par la crise, embouteillé, miné par une concurrence accrue, vous nous avez refusé cet accompagnement. Vous nous refusez une place, des créneaux pour la jeunesse dans le monde futur. Vous refusez l’abaissement du seuil d’heures pour les primo-entrants. Vous nous refusez un avenir. Nous sommes vos suicidé-e-s.

Vous nous laissez démuni-e-s. Vous nous laissez disparaître. Vous n’avez pas fini de compter vos morts. Nous sommes vos suicidé-e-s. Nous avons vingt ans. Et nous sommes vos suicidé-e-s. Nous ne laisserons personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. »

Les élèves-occupant-e-s du Théâtre national de Strasbourg.

occupant-e-s-du-tns-nous-sommes-vos-suicide-e-s

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La petite France à Strasbourg






Strasbourg - la petite France
La Petite France est un quartier historique de Strasbourg. Il est situé sur la Grande Île, qui est classée au Patrimoine mondial de l'Humanité par l'UNESCO depuis 1988.
 La Petite France est une vraie Venise du Nord avec ses canaux et ses ruelles étroites au charme certain et qui date du XVIe siècle.
Ce quartier tient son nom de l’hospice des vérolés, construit pour accueillir les soldats du roi de France qui avaient contractés la syphilis (surnommée “mal français” et  « petite française ») pendant l’occupation du royaume de Naples  en 1495.
 
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