samedi 1 février 2020

Régis Mezzasalma -Conseiller confédéral de la CGT -Membre de caisse nationale d’Assurance Vieillesse.




Régis Mezzasalma
Conseiller confédéral de la CGT
Membre de caisse nationale d’Assurance Vieillesse.

On ne peut pas connaître tous les mécanismes de tous les régimes. Contrairement à ce qui nous est dit, ce n’est pas une faiblesse, mais une force. La complexité résulte du fait qu’il soit juste. 




Un système à points n’a rien de juste. En voulant régler les inégalités causées par la simplicité, on introduit de la complexité. Plus leur projet avance, moins il est simple, lisible. Les inégalités que l’on rencontre à la retraite sont celles qu’on rencontre dans la vie active. La retraite est le reflet de la vie active. Vous retrouverez le chômage, la maladie, le handicap dans la retraite. Dans les deux systèmes, ce sont les mêmes logiques. Si on veut vraiment corriger les inégalités comme le veut la CGT, le gouvernement s’attaquerait au cœur des inégalités de la vie active.



40% de moins en droit direct pour les retraites des femmes. La solidarité introduit des mécanismes complexes et ramène cet écart avec la retraite des hommes à 25%. La situation des femmes sur le marché de l‘emploi n’est plus le même. Il y a eu des progrès en terme de correction des inégalités. Et il y a encore beaucoup de travail à faire pour atteindre une réelle égalité de salaire entre les femmes et les hommes. Le projet du gouvernement ne va pas résoudre la situation d’inégalités de salaires. Pire, ils vont aggraver la situation des femmes. 




Le gouvernement est incapable d’expliquer et de porter sa réforme des retraites. Le Conseil d’Etat a éreinté le projet. Dans les études d’impact, il y a l’impact, mais pas beaucoup d’études ! Toutes les situations avec les femmes, mères de famille, ont été schintées (radiées, rayées, non publiées, NDRL !!!) Elles étaient systématiquement perdantes. Les simulations les concernant ont été retirées. Et ils ont truqué les statistiques et les données utilisées dans leur étude.





La réforme est un changement de projet de société. Au sortir de la guerre, le conseil national de la Résistance a construit un système solidaire. On cotise selon ses moyens et on reçoit selon ses besoins. On regarde ce que vous avez mis dans le pot. C’est la partie contributive. Mais on s’assure que vous ayez un niveau de vie décent. Tous les pays européens passés au système à points ont un taux de pauvreté des retraité-e-s plus important que chez nous. Il y a deux fois plus de retraité-e-s pauvres en Suède qu’en France. Ca fait 25 ans qu’ils sont dans un système à points. C’est maintenant qu’on voit les effets. Le gouvernement demande un chèque en blanc avec ses 29 ordonnances. Le CNR a utilisé les ordonnances pour mettre en place la Sécurité sociale. La France était à reconstruire au sortir de la guerre. Le système de Sécurité sociale apportait aux Français et aux Françaises d’avoir une assurance maladie, d’être prémuni contre le risque du chômage, de tenir compte des situations familiales, et d’avoir une retraite digne. Ca veut dire ne pas être dans la misère.




Delevoye disait qu’il y avait des réformes de droite et de gauche. Non. Il y a des réformes de progrès social et d’autres de régression sociale. Jusqu’en 1982, on a fait du progrès social. On a amélioré la situation des retraites et des retraité-e-s. Depuis 1987, ce ne sont que des attaques contre le système de sécurité sociale. Comment revient-on à une meilleure solution pour nos retraites ?





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La question majeure est le coût du capital. On parle du coût du travail. En 1987, la répartition des richesses entre le capital et le travail était de 60 – 40. 60 pour le travail. Depuis, on a perdu 10 points. On est passé 70 – 30. Ce sont 10 points de PIB. Si on les utilise pour les donner aux salaires et donc au financement des retraites, on a largement de quoi financer une retraite à 60 ans, pour toutes et tous, dans de bonnes conditions. Et de partir en anticipé quand on a été confronté à des pénibilités, des dangerosités, ou à des conditions particulières liées à des contraintes.



Il ne faut pas remettre en cause la logique de répartition capital/travail. Si oui, c’est pour donner encore plus au capital. Les retraités sont des travailleurs qui bénéficient d’un salaire socialisé. Et pas un salaire différé qui renvoie à la capitalisation. C’est la logique de leur système. « Je cotise pour moi et je récupère une partie de mon salaire. » Là, « je mets au pot commun, chacun en fonction de ses moyens », et on permet à tout le monde de vivre dignement selon ses besoins. Pour eux : « je cotise selon mes devoirs. Je reçois selon mes droits. » Ce n’est pas la même philosophie ni la même logique. 




Le gouvernement nous dit que le simulateur sera pour plus tard car on aura les données concrètes plus tard. On peut faire des projections sur des hypothèses économiques.
Quelles hypothèses va-t-on mettre dedans ?
Le niveau des pensions va baisser dans le pays (conseil national sur les retraites). Pourquoi ? On bloque la richesse consacrée aux retraites. On va avoir une explosion de nombre de retraités. On vit plus longtemps. Ce n’est pas un drame. Mais est-ce qu’on vit en bonne santé ?
Si on les laisse dégrader les choses, ça ne va pas marcher.
Il y a d’autres solutions techniques, car la retraite, c’est technique. Quel choix de société veut-on ? Ils nous disent que le droit au chômage va être mieux pris en compte dans le système à points. Mais, il y a deux mois, ils ont remis en cause l’assurance chômage. Donc, vous serez moins longtemps assuré, et moins bien indemnisé. Les périodes sans indemnités ne seront pas prises en compte, contrairement à aujourd’hui, dans le droit d’acquisition de la retraite.


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La semaine sociale

La lettre essentielle de l'actu sociale

Bonjour.
Ténacité. Il en a fallu beaucoup aux anciens salariés de GM&S : pour se battre contre les plans sociaux accompagnant les reprises successives de leur usine d’équipements automobiles ; pour lutter contre la liquidation du site, quitte à menacer de tout faire sauter ; pour pousser les donneurs d’ordre Renault et PSA, ainsi que Bercy et même Macron, à maintenir l’activité à la Souterraine. Cette ténacité a une nouvelle fois payé cette semaine avec la confirmation du Conseil d’Etat de l’annulation d’un plan social de 2018, ouvrant la voie à des indemnisations plus élevées. Ténacité constitue aussi le maitre mot des pompiers professionnels. A force de manifestations parfois durement réprimées, les soldats du feu ont fait plier le ministre de l’Intérieur Castaner et obtenu des « avancées » catégorielles.
Ténacité, c’est aussi ce sur quoi misent tous les opposants à la réforme des retraites. Le texte gouvernemental arrive devant les députés sacrément chiffonné après l’avis courroucé du Conseil d’Etat. Les cortèges ont certes été moins fournis que les semaines précédentes. Mais les mobilisations se prolongent sous des formes variées. Le bras de fer est en cours.
C’est le sens de bon nombre de messages que vous avez commencé à nous transmettre via l’adresse mail lasociale@humanite.fr. N’hésitez pas à continuer. Nous avons besoin de votre ténacité.
Bonne lecture.
Stéphane Guérard, chef de la rubrique « Capital/Travail » de L’Humanité
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Retraites. Le Conseil d’Etat torpille le projet gouvernemental.

Projections économiques "lacunaires", manque de précisions... Dans son avis rendu public le vendredi 24 janvier, la plus haute juridiction administrative estime également ne pas avoir eu "les délais de réflexion nécessaires pour garantir au mieux la sécurité juridique".
(…) L’avis du Conseil d’État se révèle aussi sévère sur l'étude d'impact qui accompagne les deux textes: la première mouture était "insuffisante" et même une fois complétée, "les projections financières restent lacunaires", notamment sur la hausse de l'âge de départ à la retraite, le taux d'emploi des seniors, les dépenses d'assurance-chômage et celles liées aux minima sociaux.
(…) L’exécutif, qui misait sur l’essoufflement du mouvement social et comptait passer en force au Parlement, va devoir se justifier sur cet avis de la plus haute juridiction administrative. Et revoir sa copie. Sa réforme est -très - loin d’être pliée.


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Non monsieur Macron, nous ne sommes plus en démocratie.

Texte collectif.
Signataires : Jacques Bidet, philosophe, Christine Delphy, sociologue, Elsa Dorlin, politiste, Jean-Baptiste Eyraud, Droit au Logement, Eric Fassin, sociologue, Bruno Gaccio, artiste, Frédéric Lordon, philosophe, Jean-Luc Nancy, philosophe, Xavier Mathieu, syndicaliste, Gérard Mordillat, écrivain et réalisateur, Willy Pelletier, sociologue, Monique et Michel Pinçon-Charlot, sociologues, Jérôme Rodrigues, gilet jaune, Malika Zediri, association de Chômeurs APEIS.
(…) Le pays entier gronde, et le pouvoir est sourd – on devrait dire plus exactement : et le pouvoir s’en fout. Ce serait même une définition possible, sinon de la dictature, du moins de la sortie de la démocratie : quand le pouvoir s’en fout.
(…) Au reste, tout le monde le sait : du moment où la police mettrait casque à terre, ce pouvoir n’aurait pas une semaine d’espérance de vie, et c’est bien à ce genre d’expérience de pensée qu’on connaît la nature réelle d’un régime politique. 
(…) Si une part si importante de la population est dans un tel état de rage, c’est d’abord par les agressions répétées qui lui sont faites, mais aussi parce que, précisément, après tant d’années à avoir été réduite à l’inexistence politique, elle aimerait bien « essayer la démocratie ».


non-monsieur-macron-nous-ne-sommes-plus-en-democratie

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Retraites : les actions des grévistes inondent les réseaux sociaux.

Les grévistes ne sont pas en manque d’imagination afin de rendre visibles leurs actions et installer durablement la contestation contre la réforme des retraites. L’Humanité vous propose une sélection de celles qui ont marqué la semaine.


retraites-les-actions-des-grevistes-inondent-les-reseaux-sociaux

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" L’expérience commune de la grève et de la manifestation fabrique de l’intelligence collective et dessine un avenir possible. "
Françoise Verna
« La Marseillaise »


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Gérard Miller admire la détermination et le courage de Jérôme Rodriguez.
NDLR: il s'est repris une amende de 135 euros le 1er février...

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Macron est une arme de destruction massive.

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Macron n'aime pas la jeunesse.
Et Blanquer non plus.
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Vote sur la durée de deuil passée de 5 à 12 jours.
La liste  des hommes et des femmes politiques qui ont voté contre lors du 1er vote.

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Un Playmobil est et a quelque chose d'inhumain.
La preuve!
D'où leur surnom bien trouvé et malheureusement bien porté....

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5 jours à rire pour eux?

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5 jours à supprimer.
Ils n'ont pas osé. Quoi que....
Ils pensent à supprimer les jours fériés, les congés payés et les salaires.
NDLR: Pourquoi ne pas payer pour avoir un travail?

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Avocats et merguez
Olivier Mateu
CGT 13

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Hôpital
Perpignan
Jet de blouses
Philippe Martinez
CGT

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Macron toujours à 30%

Ca commence à se voir!

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LREM et Macron
Semaine de revers bien chargée :
Belloubet
Castaner
Pénicaud
Macron

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Sorbonne
Les doctorants chargés de TD écrivent sur leur situation dramatique.

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Blanquer baisse, avec Macron, les retraites des enseignants mais va augmenter les salaires en 2037..

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 Adèle Haenel
"Dépolitiser le réel c'est le repolitiser au profit de l'oppresseur."

Ce qui est valable pour les femmes, doublement, l'est aussi pour les hommes exploités.

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Hausses en janvier
EDF: + 2,4%
Péages : + 1,59%

Le racket de Macron continue!

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Hôpital Debré à Paris
La foule entonne le "chant des Partisans"

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Elève Emmanuel Macron, tu me copieras 50 fois:
"je propose de mettre un terme à la réforme des retraites."

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LREM
Opération godillot pour Eric Alauzet
Besançon

Dépôt de vieilles chaussures devant sa permanence.

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"Macron
c'est pire ailleurs"


Ou alors,

"Avec Macron
C'est pire ailleurs
et en France aussi."

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Macron et ses 5 ratés de janvier.

"Fallait retirer ta réforme"

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Macron flingue les retraites !
C'est son projeeeeeeeet !!!!!!

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Michelin demande de rembourser des pneus.
Yvan Le Bolloc'h n'est pas prêt d'aller dans un garage avec le logo Michelin...

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Les ouvreuses de l'opéra de Lyon en grève.

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 Lettre de Patrick le Hyaric
Le conseil d'état a remis en cause la constitutionnalité du projet de réforme de Macron.
Le peuple doit être consulté.

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4 février 2020.
Soigne-toi et tais-toi.
Caisse de grève.

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Manif -
Devant la fac
Le Havre
5 février

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GREVE
6 FEVRIER
JUSQU'AU RETRAIT
On ne lâche rien!

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LREM
Ils sont sans coeur même pour les enfants cancéreux.

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Marine Le Pen laisse crever les enfants migrants!
C'est l'hôpital qui se moque de la charité!

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L'université est mobilisée.

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 3500 artistes-auteurs signent en quelques jours une tribune commune de soutien au Rapport Racine
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248 personnes ont lu cet article





Pierre Dharréville - Député PCF des Bouches-du-Rhône - Les retraites



Pierre Dharréville
Député PCF des Bouches-du-Rhône

Le système de retraite est un socle de la protection sociale et du pacte républicain. C’est une conquête récente. A la suite de la collaboration avec les nazis, le CNR a cherché à éviter tout ce qui s’était produit. Il voulait un nouveau projet commun d’espoir pour la société française. Cette création du droit à la retraite pour toutes et tous est extrêmement précieux et fondamental. Le gouvernement a décidé de faire baisser la part des richesses produites consacrée aux retraites, et aussi à la protection sociale. Il veut reculer l’âge de départ à la retraite, il baisse le montant des pensions. Il change la philosophie du droit à la retraite. Il s’agit de conquérir des points pour avoir le meilleur droit possible à sa retraite. C’est un changement radical.




La retraite est un marqueur de civilisation. Quand les forces de l’argent progressent et dominent, la civilisation recule. Le gouvernement veut s’attaquer à des régimes spéciaux « réservés à quelques privilégié-e-s ». Il s’attaque à un obstacle sur le chemin de la refonte complète du régime des retraites. Il s’attaque aussi au régime général. « Il y a des inégalités et des injustices dans le système actuel. Notre système va répondre à toutes les questions. » Chacun voit que c’est de la rhétorique et que c’est tronqué.



La situation des femmes, les carrières hachées, la pénibilité, après les nombreuses attaques, sont des sujets à reconquérir sans casser le système existant. Sur le financement, E. Macron a dit deux choses contradictoires : « C’est le moment de faire cette réforme, car il n’y a pas de problème financier. » Puis : « Il y a un gros problème financier, il va falloir faire cette réforme. » Allez comprendre qu’il veut faire sa réforme.




Il n’y a aucun péril pour notre système de Sécurité sociale. Les députés LREM y vont de leur prophétie auto réalisatrice : « Mon fils ne croit pas qu’il touchera sa retraite avec le système actuel… » Avec tous les coups portés, il y a un doute sur le droit à la retraite dans son ensemble. Je dirai au gouvernement : « S’il y a un doute avec le système actuel, avec le sien, n’en parlons pas ! »  Il y a tellement de doutes au regard des actions du gouvernement, qu’il devrait s‘en aller…. (Ca, s’est dit !)






Le gouvernement n’a pas réussi à progresser dans l’opinion et à convaincre. Il y a mis beaucoup de moyens pour faire avancer ses idées. 61% des Français-e-s rejettent son projet. Le gouvernement ne doit pas passer sa réforme en force. Il doit tenir compte de cette réalité. Par contre, on peut améliorer le droit à la retraite. Le Conseil d’Etat a critiqué sévèrement le projet et la méthode du gouvernement.




Ce n’est pas possible d’examiner le projet dans ces conditions-là. Il y a des éléments d’inconstitutionnalité dans la méthode et dans le fond du texte. 29 ordonnances sont demandées aux députés pour que le gouvernement puisse faire ce qu’il veut. Le mouvement qui s’est développé a mis le gouvernement dans une impasse politique. Maintenant, il est dans une grande difficulté institutionnelle.






Nous avons établi une plateforme d’orientations communes avec les partenaires politiques de gauche. Nous ne sommes pas d’accord sur tout, mais il y a beaucoup de choses sur lesquelles on est d’accord. Et sur ces points, il y a encore à débattre, à inventer. Cela doit se faire en dialogue avec le mouvement syndical, avec les citoyennes et les citoyens. C’est une bonne nouvelle pour une base de discussions. 

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Le 4 février 2020, 113 personnes ont lu cet article.
Le 16 février 2020, 153 personnes ont lu cet article.


Benoît Teste - FSU - Le mouvement pour améliorer nos retraites




Benoît Teste
Secrétaire général de la FSU


Le côté inédit de ce mouvement est dans l’évolution de l’opinion. On n’a pas réussi à monter d’un cran et au très haut niveau qu’il faut. Il faut encore construire, élargir, amplifier dans la mobilisation réelle. Mais on a réussi à créer un mouvement d’opinion d’ampleur. Au début du mouvement, les gens disaient : « J’ai de la sympathie pour les grévistes. Mais, je suis pour un système universel. » L’universalité, c’est notre mot. Les syndicats ont toujours porté l’universalité, l’égalité. Le projet du gouvernement est une fausse universalité, ce n’est pas l’égalité. C’est harmoniser par le bas. C’est faire fi de toutes les réalités professionnelles. Les différences qui existent ne sont en aucun cas des privilèges.




Pourquoi les fonctionnaires ont-ils le calcul de leur pension sur les six derniers mois ? Ils ont une grille salariale qui encadre leur carrière. C’est un élément de solidarité entre les fonctionnaires. Elle est un intérêt pour les usagers et pour l’intérêt général. Cela permet l’indépendance des fonctionnaires et qu’ils soient intègres, compétents. Les grilles salariales sont remises en cause comme étant une forme de privilège. Elles n’aboutissent pas à des inégalités. Elles sont adaptées aux réalités professionnelles.




L’alternative  à ce projet régressif de société, c’est de réaffirmer que la retraite est un DROIT. Il se calcule en pourcentage d’un meilleur salaire qui est le meilleur niveau atteint et qu’on a réussi à faire reconnaître. Une fois à la retraite, on doit pouvoir continuer sa vie comme dans la vie active. La retraite ce n’est pas le moment où on est trop usé pour travailler et avec juste de quoi survivre. On aurait tout retiré de nous et on ne vaudrait plus rien. La retraite est un moment où l’on vaut quelque chose, une vie de citoyen-ne. 



Et on doit calculer en fonction de la meilleure qualification acquise pendant notre vie active. Il faut faire un sort à cette idée des MILLE EUROS. Le gouvernement la qualifie comme étant géniale et permettant de relever les petites pensions. C’est sensé être attractif. Pour quelqu’un qui gagne 700 euros, ca va être extraordinaire de passer à 1 000 euros.  Mais c’est pour une carrière complète. Ceux qui gagnent aujourd’hui  700 ou 800 euros ne passeront pas à 1 000 euros. Qu’est-ce que ça veut dire dans cinq, dans dix ans ? On n’en sait rien. 85% du SMIC à carrière complète, c’est pour nous indigent (= misérable). Il faut le SMIC au minimum. C’est le minimum pour vivre correctement à la retraite. Dans leur projet, la carrière complète augmente sans arrêt. 43, 44, 45 ans vont être inatteignables.




Leur socle minimal est à 1 000 euros. Ce socle minimal va baisser les droits de tous les autres.
C’est fondamentalement le projet libéral. Pour le reste, pour ce qui est au-dessus, pour tous les autres besoins, les gens devront se le constituer eux-mêmes. Ils n’auront qu’à capitaliser, à épargner. Depuis au moins 75 ans, nous avons construit tout l’inverse. 



Le calcul sur le meilleur salaire pour obtenir une pension de retraite vient à l’encontre du socle minimal. Ce n‘est pas : « J’ai contribué et je vais retrouver exactement ce que j’ai contribué. » Imaginons de l’appliquer à la maladie, au chômage. La retraite doit assurer une vie correcte dans de bonnes conditions.



La valeur de point peut varier tout le temps. Elle peut représenter 50%, 60% ou 70% du dernier salaire. L’objectif de ce système n‘est pas de donner un pourcentage mais de s’équilibrer. C’est ANTIDEMOCRATIQUE. Tout débat sur les retraites devient abscond et interdit. La valeur du point varie en fonction des recettes qu’il y a dans les caisses. « Le droit est attaché à une cotisation » interdit le droit à un  financement supplémentaire. Nous disons que les entreprises qui licencient doivent cotiser plus. Cela devient impossible quand la cotisation est attachée à un individu. Ce n’est plus un système solidaire. 



L’avis du Conseil d’Etat. Il assassine le projet de loi. Il dit qu’il est lacunaire et mensonger. Nous disons depuis le début, et le Conseil d’Etat le confirme, que le gouvernement ment sur la réalité de son projet (= repousser l’âge de départ, baisser les pensions pour faire rentrer la capitalisation). Il veut s’attaquer à la masse des 350 milliards consacrés à la retraite. 



Le projet de loi ne dit pas ce qu’il va faire ni comment les choses vont être mises en œuvre. Ca renvoie à des ordonnances, à des décrets, à une série de choses ultérieures. Le gouvernement continue de mentir. Ils mentiront jusqu’au bout et après le vote de la loi. On n’aura pas d’idée du calcul de sa pension. L’étude d’impact est qualifiée par le Conseil d’Etat de lacunaire et mensongère. Les paramètres varient entre leurs propres textes.



Masquer les choses n’est pas oublier des choses. Ils masquent la baisse des pensions jusque dans la loi qui est un tract politique à la gloire de leur système. La conférence de financement est organisée pour balader les gens. Le Premier ministre (= Edouard Philippe) écrit qu’il est interdit de toucher au coût du travail.  Il interdit de rechercher des financements nouveaux, d’élargir des assiettes de cotisation, de faire contribuer d’autres revenus pour équilibrer le système. Il n’y a pas de déficit du système de retraite à court terme sauf si on adopte des règles comptables qui vont le créer.



Les recettes vont baisser quand le salaire des fonctionnaires baisse et qu’il y a moins de fonctionnaires recruté-e-s. Donc vous devez chercher de nouvelles solutions pour compenser ces baisses de rentrée d’argent. On interdit aux partenaires sociaux de toucher au coût du travail donc à une augmentation des cotisations. Ni la « FSU », ni « Solidaires » ne sont à la conférence de financement. Ils considèrent que la représentativité est au-dessus de 5%. Ca a permis de faire entrer « l’UNSA » à cette conférence. La « FSU » et « Solidaires » sont dans la mobilisation, en tant que forces importantes, mais sont exclues de la discussion.




Je ne veux pas attaquer la CFDT et l’UNSA comme étant de grand méchants (huées et remue ménage dans l’assistance). Le gouvernement signe avec ces organisations syndicales qui ne sont pas mobilisées. Quand on veut sortir d’une crise, on négocie avec les grévistes, avec ceux qui manifestent dans la rue et qui portent la contestation. Nous sommes majoritaires en voix mobilisées dans la population. Il faut travailler avec nos solutions, nos propositions pour un financement meilleur. 





Lors de la 7e journée de protestation interprofessionnelle, on a vu arriver beaucoup de jeunes.
C’est  un mouvement qui tourne avec des gens nouveaux, et d’autres qui ne reviennent pas. La 8e journée était un peu moins forte, mais c’est plus compliqué de mobiliser un mercredi. Si on veut gagner, il faudra franchir un cran que nous n’avons pas encore passé. Le débat parlementaire va ouvrir de nouvelles perspectives et de nouveaux temps de mobilisation. Il faudra démontrer de nouvelles propositions alternatives.



Notre mouvement n’est pas un mouvement de privilégié-e-s ou catégoriel. C’est un mouvement d’intérêt général et qui porte un projet de société. Celui du gouvernement est sacrément écorné. L’opinion a compris que leur but était de réduire les pensions et de démolir le droit à la retraite. Les grands débats organisés par Delevoye et Macron n’ont pas pris. Aujourd’hui, c’est la réalité « des prix ». Le Conseil d’Etat dit : « On ne va pas pouvoir continuer, dans l’écriture de la loi, à mentir comme ça et à manipuler l’opinion. » Le gouvernement a biaisé les chiffres retenus sur les femmes.



Continuons les réunions pour expliquer et pour débattre. Oui, le pays a les moyens de financer un bon système de retraite qui reconnaît la vie au travail et qui permet aux retraité-e-s de bien vivre. Les retraité-e-s depuis deux ans se battent et disent que cette lutte n’est pas catégorielle mais est une question de société : « Qu’est-ce qu’on veut pour nos retraité-e-s ? » « Que signifie la retraite active ? » On est un et une citoyen-ne en capacité d’intervenir, de discuter, de débattre, de travailler, de faire différentes choses comme quand on était dans la vie active et sans rapport de subordonné-e à un employeur. C’est ça notre projet de société. (applaudissements)

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L’espérance de vie.
On est dans une imbrication totale de toutes les questions. On vit plus longtemps parce qu’on a un bon système de retraite et de protection sociale. Ce n’est pas une donnée intangible et pour toujours. En dégradant les droits et la retraite, on risque d’aller vers des régressions terribles. Le modèle anglo-saxon nous montre qu’aux USA, l’espérance de vie diminue dans certaines catégories sociales. Dans les pays anglo-saxons on est dans une dynamique négative et inégalitaire.
La prise en compte des années d’études.
Pour nous, c’est en validant des trimestres. Il y a une discussion à avoir sur le nombre (4 par année, moins ? en fonction du niveau d’études ?). Quand les jeunes se forment, c’est un bienfait pour la société. La durée d’études doit être validée comme la durée de travail. Ce qui a été négocié sur l’âge pivot par la CFDT montre une dégradation sur l’âge mais surtout sur les durées. Il y a la question de ceux qui ont fait beaucoup d’études. Ils entrent tard sur le marché du travail. La CFDT (en caricaturant) pense que pour ceux qui ont fait des années d’études longues, c’est « plus juste » de taper sur eux car ils gagneront plus que les autres. L’argumentation est malsaine. Pour nous, c’est ni âge pivot, ni augmentation des durées. Ceux qui font des études seront pénalisés par l’augmentation de l’âge pivot. Ils n’auront pas des revenus plus élevés. C’est une mesure anti-sociale car anti progrès social. On pénalise ceux qui font l’effort de se former, même si c’est aussi pour eux-mêmes.



Les Français-e-s s’approprient les questions de retraite, de répartition des richesses, de choix de société. On est vraiment dans un moment inédit. J’espère que ça va basculer vers une dynamique de progrès social. Ce n’est pas gagné. Il faut continuer à travailler ça. La colère sourde peut faire monter le Rassemblement National. On est à un moment charnière. La stratégie syndicale est d’élargir et de faire que le mouvement soit massif. Il faut montrer que des alternatives sont crédibles. Il faut inventer des formes de dialogues avec les forces progressistes, de gauche, entre les syndicats et les organisations politiques. Il faut inventer du nouveau en respectant l’indépendance des un-e-s et des autres, pour parvenir à s’enrichir mutuellement. Il n’y a pas d’autre solution que l’alternative. Il fait défaire par des lois ce que les lois régressives ont fait. Il y aura des initiatives intersyndicales : meeting, conférence de contre-financement, qui doivent irriguer dans tout le territoire. Il faut déboucher sur une deuxième phase du mouvement qui soit à la fois dans la lutte forte et dans l’élaboration, dans la discussion sur le fond pour faire déboucher tout cela vers un progrès social.


"Sud "
Libérez nos élèves !

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