mardi 20 août 2024

Laure Hillerin. La comtesse Greffulhe. La vraie vie de la muse de Proust.


Laure Hillerin.

La comtesse Greffulhe.

La vraie vie de la muse de Proust.

Editions Champs libres – 2014

 


Elisabeth Greffulhe est une comtesse indomptable. (page 184). Elle a été oubliée.

Le couple Greffulhe est invité au Château d’Eu, chez le comte de Paris. (page 39). Elle a connu une vie privée, privée d’amour. (page 212). Elle mettra en place une stratégie de survie face à un mari impérieux et indifférent. (page 229). Le mari use de toutes les armes : harcèlement, mesquineries, jalousie, injures, plaintes suivies de séductions, (= double visage), douches écossaises par le biais de lettres manipulatrices. (page 280).  Il est qualifié de « vampire énergétique ». (page 290). Pour survivre après son mariage, Elisabeth devait croire à la possibilité du bonheur. (page 278). Il y a de l’amour dans l’humour. On n’en trouve pas dans l’ironie. (page 451).

Au bout de trois semaines de mariage, elle s‘ennuie ferme. Henry, son mari, prend de la distance vis-à-vis d’elle et provoque chez elle une grande tristesse. (page 29).

Au bout d’un mois de mariage, il la trompe avec des « blondes, grassouillettes et idiotes ». (page 32). Mais sa femme ne doit pas ressembler à « une dinde ». (page 39). Les jeunes femmes sont élevées dans le culte de la soumission et de la passivité qui devient une entrave morale et psychologique. (page 62).

Deux ans plus tard, elle tombe en dépression. Son mari l’encense ou l’humilie, selon son humeur. (page 36).

Il leur faudra quatre ans pour obtenir une fille, Elaine, née en 1882. (page 37).

Sa vie conjugale est toujours désespérante. Elle est sous la tutelle de son mari qui gère la fortune familiale, y compris sa dot. (page 170). Son mari lui paie ses somptueuses tenues et ses réceptions. Il ne donne rien pour le reste. (page 172).  Comme Cendrillon, son mari ne  lui accorde que « la permission de minuit ». (page 215). En 1891, à Bayreuth, ses tenues passent pour excentriques. (page 118). Son mari la confine dans sa chambre à Paris. Il lui interdit son bureau. Il débute sa liaison avec Marie-Thérèse de la Béraudière en 1909. (page 288). Jusqu’au décès de sa belle-mère, en 1911, Elisabeth subira sa loi et son rythme de vie, rue d’Astorg, rive gauche de Paris. Les valets de pied y marchaient à reculons. (page 261). Elisabeth passe toujours  pour excentrique en 1914. (page 99). Elle veut se sentir indépendante, libre et utile. (page 100). Elle regrette les mariages imposés aux femmes, les maris étant des instruments de torture. (page 173). Elle constate qu’il y a des hommes « honnêtes », mais aussi des hommes « sans conscience » qui abusent de leur femme. (page 176). Son mari la frappe à coups de cannes. Elle a cinquante-huit ans. (page 106). Elle est le souffre-douleur préféré de son mari. (page 109). Il la torturait moralement mais elle aimait son bourreau. (page 115). En cas de divorce des Greffulhe, c’était la mort sociale pour Elisabeth. Elle aurait pu prétendre à 12 000 francs plus 100 000 francs par an. (page 288). Son mari oscillait entre la culpabilité de la faire souffrir et les remords. NDLR : il était surtout macho. (page 118). Sa fille Elaine la trahira en recevant chez elle son père accompagné de sa maîtresse en titre, la Béraudière, dénommée aussi madame Brocheton. Elisabeth a soixante ans. (page 110).

Après la guerre de 1914- 1918, il l’enferme à la campagne, à Bois-Boudran. (page 113). Elle pratique la bicyclette pour ne pas rester enfermée à Bois-Boudran. (page 279). Depuis la création des impôts sur le revenu en 1916 et la crise de 1929, ils sont proches de la ruine. (page 112). Elle luttera toute sa vie contre la dépression. (page 113). Elle n’est pas née pour souffrir. Elle aime la vie. (page 169). Ella aura vécu 54 ans d’enfer conjugal. NDLR : Que pouvait-elle faire d’autre, ne disposant pas de fortune à elle ? (page 116).

En 1935, pendant le procès pour la succession avec la maîtresse de son défunt mari, elle subira les calomnies. (page 109). La réconciliation mère-fille n’aura pas lieu après le procès.

En 1937, la bibliothèque sera vendue pour payer les frais de succession colossaux. (page 264).

 


Affaire Dreyfus.

Les femmes ne sont pas censées s’occuper de politique. Elles sont considérées comme « fragiles et faibles d’esprit ». Le père de la comtesse Grefullhe n’était pas raciste et pensait que l’on pouvait « être patriote sans être xénophobe ». (page 66). Elisabeth Greffulhe sera une dreyfusarde.

 

Est-ce que Elisabeth Greffulhe aimait son gendre, Armand de Gramont, en 1904, en disant qu’elle l’avait choisi pour gendre par ce qu’elle « aurait aimé l’épouser elle-même »? (page 76)

Elaine et son mari, duc de Guiche, louaient la villa « Mon rêve » à Bénerville (entre Cabourg et Deauville) au début de leur mariage. (page 404).

 


La comtesse Grefullhe organisait des concerts privés de musique de chambre, dans sa villa La Case (page 251), à Dieppe. (page 56). Claude Monet a peint la villa, avant sa destruction. (La falaise à Dieppe).

Elisabeth  compense son manque d’amour conjugal et devient manageuse de spectacles, usant de lobbying.

Elle fait jouer ses relations et met en place des stratégies pour « lever de l’argent ». (page 172).

Elle aidera Marie Curie, Serge Diaguilev et Edouard Branly, entre autres. (page 82). Comment subventionner la création de l’Institut Curie ? Elisabeth proposera d’utiliser les 400 000 francs du mécène Daniel Iffla, au lieu de créer un musée pour abriter ses collections. L’idée sera retenue en 1909. (page 158).

Elle lance la carrière d’Isadora Duncan en la présentant à la princesse de Polignac. (page 145).

Son mari ne la soutient pas, ne décolère pas, pense qu’elle déshonore son nom en produisant des spectacles musicaux. Il la juge irresponsable car femme. (page 149).

Elisabeth ne travaillait pas seule. Elle était entourée de quelques secrétaires. (page 188).

Elle a patronné Hahn Reynaldo qui n’aimait pas les femmes « qui pianotent, pas mieux que leurs aïeules qui jouaient médiocrement du clavecin ». (page 383). NDLR : encore un macho.

 


En 1913, à Bois-Boudran, on chassait 1500 faisans en un jour ! (page 255).

Film de la BNF : Alphonse XIII.

La population aux alentours n’avait ni le droit de chasse ni de braconnage. (page 258).



Extrait - Entrons chez Élisabeth de Caraman-Chimay, Comtesse Greffulhe.

 

Extrait d'un documentaire intitulé La société au temps de Marcel Proust. Visite privilégiée et unique des intérieurs de la propriété de Bois-Boudran, domaine de la famille Greffulhe ( et non De Greffulhe comme dans le commentaire narratif), résidence plaisancière et de chasse. Puis petit détour du côté de chez Robert de Montesquiou, oncle de la Comtesse, dans son Palais Rose du Vésinet, aux abords de Paris.

 

La duchesse d’Uzès, veuve richissime de 30 ans, milite contre les injustices vécues par les femmes. On lui pardonne tout. Les femmes ne pouvaient pas vivre de leur travail. Elles étaient dans l’impossibilité de gérer leurs biens. (page 54).

 

Mademoiselle Litvinne chante l’Alceste de Glück. (page 83).



Gluck: Alceste - French version, 1776 - Act 2 - "Je n'ai jamais chéri la vie. sans toi je ne puis vivre" · Anne Sofie von Otter · Paul Groves · Monteverdi Choir · English Baroque Soloists · John Eliot Gardiner

Gluck: Alceste.

 

Elle chante aussi Brünnhilde dans le « Crépuscule des Dieux » de Wagner en 1902 au théâtre du Château d’Eau, à Paris. (page 143). Alfred de Gramont la surnommera « le Greffuscule odieux ». (pages 143, 144).



Orchestre d'harmonie du Conservatoire, en partenariat avec la Musique des Parachutistes. direction : Mathieu Larrieu Richard Wagner, Der Ring des Nibelungen, IV. Götterdämmerung Arr. : Christiaan Janssen

 

Léon Daudet est surnommé le « gros Léon ». Il est violent, antisémite et ne mâche pas ses mots. Il est anti-dreyfusard. (pages 104, 105, 119). Il attaquera souvent Elisabeth Greffulhe.

 

La comtesse de Pange était la nièce de la comtesse Greffulhe. (page 416).

 

Alfred de Musset a écrit « Gamiani ou deux nuits d’excès »*. L’Enfer libertin ?

 (page 264).

 

Proust dépeignait la comtesse Greffulhe comme une femme « brillante, futile et superficielle ». NDLR : quelle misogynie.

Du coup, la princesse Bibesco pensait qu’il ne fallait jamais recevoir d’homme de lettres chez soi. (page 417).

 

Dans la Recherche du Temps perdu, Proust mélangeait les personnalités.

Sauf pour : Oriane = comtesse de Chevigné.

Mélange pour Odette de Crécy, cocotte = Laure Haymann. Quand elle se marie= madame de Forscheville. A la fin du roman = madame de la Béraudière. (page 423).

 

Swann est un mélange de Charles Haas et de Charles Ephrussi. (page 442).

 

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Gamiani ou Deux nuits d'excès est un roman d'Alfred de Musset édité pour la première fois en 1833. Ce roman est l'ouvrage licencieux le plus lu. (Wikipédia).

Un livre érotique agréable à lire car fort bien écrit par la plume de Musset, pas de vulgarité mais des descriptions pertinentes d'actes sexuels extrêmes. (Amazon).

Les " deux nuits d'excès " annoncées par le sous-titre de l'ouvrage sont deux nuits d'amour à trois - la comtesse Gamiani, Fanny et Alcide. (Le hall du livre).

Il ne manque à la comtesse Gamiani que de connaître ce qu'on peut éprouver en mourant au moment de l'orgasme.  (Fnac).

Un récit théâtral de deux nuits où la sexualité se mêle à la crasse, l'excès, l'immonde et même la mort. Une succession de tableaux fantasmés. (Babelio).

 

Vocabulaire.

 

Sinapisme. (page 37).

Préparation médicamenteuse à la farine de moutarde servant à produire une révulsion, qui s'applique sur le corps, le plus souvent froide, sous forme de cataplasme ou d'emplâtre ou de feuille. (Centre national de ressources textuelles et lexicales).

 

Barzoïs. (page 259).

Race de grand chien lévrier, originaire de Russie, à queue longue, à poil long soyeux et ondulé. Le barzoï est un lévrier de chasse, de course et de poursuite à vue sur leurre et il est devenu aussi un chien de compagnie. (Wikipédia).

 

 

Equanimité. (page 274).

Qualité d'une âme équanime, qui reste égale à elle-même, qui ne s'émeut pas facilement au choc des événements ; paix de l'âme ; égalité d'humeur ; tranquillité. (Wikipédia).

 

 

Tunique de Nessus. (page 291).

Vêtement offert par Déjanire à Héraclès, préalablement imprégnée du sang du Centaure Nessus (Nessos). Blessé mortellement par Héraclès, Nessus, pour se venger, a fait croire que son sang est un puissant philtre d'amour. Lorsque le héros revêt la tunique, celle-ci adhère à sa peau en occasionnant de mortelles brûlures. (Larousse).

Quel cadeau Nessus Offre-t-il à Déjanire en mourant ?

Mais tandis que Nessus tente d'enlever Déjanire, Hercule le blesse mortellement d'une flèche. Avant de mourir, Nessus, pour se venger, offre à Déjanire sa tunique imprégnée de son sang mêlé au venin de l'hydre de Lerne, tout en lui faisant croire que c'était un talisman incitant à l'amour. (Bibliotheca classica selecta).

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