jeudi 20 septembre 2018

"L'affaire Maurice Audin" -Claire Hocquet, avocate de la famille de Maurice Audin



« L’affaire Maurice Audin »

Déclaration de Claire Hocquet à la fête de « l’Humanité ».

Claire Hocquet est l’avocate de la famille de Maurice Audin.



« Elle a travaillé pendant trente ans avec Roland Rappaport qui a été l’avocat de la famille Audin jusqu’à sa mort (en 2017, NDLR). Je voudrais évoquer à travers son parcours quelques personnalités qui ont fait de leur vie un combat pour la reconnaissance de la vérité dans l’affaire Maurice Audin et contre la torture. Ces deux combats sont inséparables, bien évidemment. Roland Rappaport a rencontré Josette Audin à l’âge de vingt-quatre ans, en 1957. Il était le collaborateur d’Antoine Borker (pseudonyme de Jules Borker pendant la résistance, NDLR) qui a déposé le premier en 1957 une plainte au nom de Josette Audin pour homicide volontaire. Dans un article au journal le « Monde » qui passait un peu rapidement sur le rôle des communistes dans ce combat, Roland Rappaport rappelait que cette lutte pour l’indépendance de l’Algérie et pour la défense des militants de l’indépendance de l’Algérie n’aurait jamais pu se faire sans le soutien du PCF et du journal « L’Humanité ». Elle cite l’article en question. »



« (…) Jacques Vergès avait défendu (Klaus, NDLR) Barbie en niant à la République française le doit de le juger en considérant que les Français avaient fait la même chose en Algérie. Roland Rappaport qui était l’avocat de madame Zlatin, directrice de la Maison d’Izieu, voulait une autorité morale et un témoin irréfutable pour ce combat contre la torture et pour l’indépendance de l’Algérie. Il a demandé à Laurent Schwartz de venir témoigner. Il était en capacité de témoigner sur la torture et le massacre de la population civile. »



Madame Zlatin, directrice de la Maison d’Izieu :

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« Maurice, Josette, Michel et Pierre Audin sont tous mathématiciens. Elle cite Laurent Schwartz qui a écrit sur les intellectuels, les littéraires et les artistes. Il revendique l’intelligence scientifique qui transforme la connaissance de la société. Les scientifiques se sont retrouvés à l’avant-garde, et pas par hasard. »







« L’affaire Maurice Audin »

Déclaration de Claire Hocquet à la fête de « l’Humanité ».

Claire Hocquet est l’avocate de la famille de Maurice Audin.



Henri Alleg et « La question ».



« En 1957, Henri Alleg qui a été mis sous la torture a été le premier à témoigner sur la question de la torture à laquelle avait été soumis Maurice Audin. »



 « La question » a été écrite par un Juif, le livre est sorti de la prison de Barberousse par des avocats juifs, Matarassot, Borker, Pierre Braun, et est édité par un autre Juif, Jérôme Lindon, après le refus de plusieurs autres éditeurs. Les plus âgés d’entre eux avaient été résistants et ne supportaient pas de voir sur les corps des personnes torturées par l’armée française en Algérie les traces laissées sur d’autres corps par la Gestapo. (Applaudissements) C’était le cas d’un autre avocat, Maurice Garçon, qui a été secrétaire général de la « Commission de défense des droits et libertés individuelles, créée en 1957 sous Guy Mollet ». Il refuse le rôle joué par cette commission qui servait à dédouaner de sa responsabilité le gouvernement. Il a dénoncé les pratiques incriminables à la Gestapo en Algérie. Il regrettait le silence sur les disparus, et sur « l’homme retrouvé dans un tonneau », et pense que Maurice Audin a été très probablement assassiné. Il ne voulait pas être complice.



« Pour la sortie de « La question » d’Henri Alleg de la prison de Barberousse, les membres du comité des avocats communistes qui se succédaient auprès d’Henri Alleg avaient sorti ce manuscrit de septembre à décembre 1957 clandestinement. Le livre a été saisi et une instruction a été ouverte pour « participation à une entreprise de démoralisation de l’armée ayant pour objet de nuire à la Défense nationale ». Ce livre qui dénonce la torture par la République française demeure une référence. En 2007, aux Etats-Unis, lors du débat sur l’usage en Irak de ce qui était désigné comme des interrogatoires musclés et qui étaient en réalité de véritables tortures, l’Université du Nebraska a publié en anglais « La question », avec une préface signée d’un professeur James Lesueur dans laquelle on peut lire : « La question est et demeure aujourd’hui une question pour nous tous ».


Jérôme Lindon, cinquante ans de combat littéraire :

jerome-lindon-cinquante-ans-de-combat-litteraire
 
Henri Alleg 
La Question 
L'Humanité
12 21
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« L’affaire Maurice Audin »

Déclaration de Claire Hocquet à la fête de « l’Humanité ».

Claire Hocquet est l’avocate de la famille de Maurice Audin.



Jean-Marie Le Pen et la torture.

« Procès fait par Le Pen à Pierre Vidal-Naquet dont Roland Rappaport a été l’avocat.

Pierre Vidal-Naquet avait traité Jean-Marie Le Pen de tortionnaire. Il a fallu soixante et un ans à la République pour reconnaître la torture et l’assassinat de Maurice Audin et de beaucoup d’Algériens. Mais il a fallu beaucoup de temps à la Justice pour se saisir de ces questions. En 1984, le Canard Enchaîné et Libération avaient publié un dossier rappelant que Le Pen avait pratiqué la torture. Jean-Marie Le Pen leur a fait un procès en diffamation, et la Cour d’appel avait alors estimé que « la torture était nécessaire à la lutte contre le FLN et à la défense des innocents ». « L’opinion de Jean-Marie Le Pen était une opinion ancienne, contestable mais libre. »

« L’avocat général Lucas écrivait : il ne serait pas admissible (…) que l’opinion d’un homme public soit plus ou moins occultée devant l’opinion nationale, par lui peut-être mais pas par ses adversaires. » Peut-on se taire sur les propos des politiques qui revendiquent la torture, la tolèrent ou ne la renient pas en tous temps et tous lieux ? »

« La Cour de cassation a suivi l’avocat général Lucas. C’était en 2001. »



“Jean-Marie Le Pen, un tortionnaire”, par Roland Rappaport :

Jean-Marie-Le-Pen-un-tortionnaire-par-Roland-Rappaport

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Le Pen et la torture : l’enquête du « Monde » validée par le tribunal :

algeria-watch

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 « Elle salue la décision du président de la République qui appelle l’apaisement et la réconciliation.

Tous les ans, il y a un sondage sur leur droit de vote des immigrés et sur leurs partisans en France. En 2017, 56% des Français y étaient favorables.

Roland Rappaport en 2017 écrivait un article sur ce sujet :

« Les hommes politiques doivent avoir le courage de permettre de panser les plaies de la guerre d’Algérie et cela en fait partie. »

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Un devoir de mémoire historique.

Pendant le procès de Papon, des historiens interviendront pour expliquer aux jurés le contexte historique de cette sombre histoire de France :

Robert Paxton, Jean-Pierre Azéma, Olivier Baruch, Philippe Burin, Jean-Luc Einaudi (p 148). Pierre Vidal-Naquet interviendra souvent dans la presse. Il préfacera, en 1998, un des livres écrit par Gérard Boulanger sur le rôle tenu par Papon et qui s’intitule « Plaidoyer pour quelques Juifs obscurs victimes de monsieur Papon » (p 20). Vidal-Naquet dénoncera les complices des crimes de guerre en Algérie qui étaient aussi les complices en 1940 – 1945 du gouvernement de Vichy.  Didier Daeninckx, en 1984, pointe du doigt ceux qui  défendent leur carrière contre l’intérêt général (p 20).

 

Gérard Boulanger a aussi écrit sur la vie de Jean Zay qui a servi de bouc émissaire au gouvernement de Vichy pour enterrer la République française (p 228).

 

Les secrets du procès Papon.

Gérard Boulanger

Editions Cherche Midi.

2018

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