Association Musée de La Résistance et Déportation du
Pays d'Arles.
Ancien collège Frédéric Mistral
Arles
07
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En 1914, l’image que se font les Français des soldats
africains n’est pas si éloignée de celle que se font les Allemands.
Sauvagerie, brutalité, penchants cannibales, sont
autant de préjugés issus du colonialisme.
En 1915, le tirailleur « Banania » rit de
toutes ses dents. Désormais, l’Africain est vu comme un grand enfant, joyeux et
sympathique.
Pour les Allemands, le Noir
reste un homme gouverné par des instincts sauvages et violents.
La Honte noire.
En
mai et juin 1940, lors de la campagne de France, 15 000 tirailleurs
sénégalais sont faits prisonniers par l’armée allemande. 1 500 à
3 000 d’entre eux sont assassiné, considérés comme des sous-hommes.
Les
Noirs sont des trophées exotiques pour les combattants de la Wehrmacht. Les
survivants n’échappent pas à la photo souvenir dont le regard trahit la peur.
Le
mythe de la supériorité raciale des Aryens n’explique pas à lui seul cette
haine à l’égard des soldats noirs.
En
1914/1918, pour la première fois, les soldats allemands affrontent des
tirailleurs sénégalais*. Effrayés, ils les décrivent comme des sauvages, des
cannibales qui dévorent les prisonniers, achèvent les blessés et mutilent les
morts. Les massacres de 1940 prennent racine en 1914.
Les
nationalistes lancent une grande campagne d’opinion contre la « Honte
noire » (Schwarze Schmach). Ils affirment que les troupes africaines
violent systématiquement les femmes, diffusent des maladies, de la syphilis à
la maladie du sommeil en passant par la peste et le paludisme.
Cette
campagne ancre pour longtemps l’image du colonial brutal et bestial.
« Y
a bon ! Li porter mon fourbi ! »
Massacres de 1940.
En
1939, avec la guerre, le souvenir de la « Honte noire » est ranimé.
Le
30 mai, Goebbels, le ministre de la propagande allemande, ordonne :
« Il
faut montrer (…) combien c’était une infamie raciale et culturelle de faire
venir des Nègres au bord du Rhin. Il faut dénoncer les Français comme des
sadiques négrifiés. »
En
massacrant les tirailleurs sénégalais, les soldats allemands se vengent de la
peur éprouvée par leurs pères et de l’humiliation de l’occupation.
A
Chasselay (Rhône), plusieurs dizaines de tirailleurs sont exécutés et leurs corps
écrasé par les blindés. Pour les Nazis, ils n’étaient pas tout à fait de
hommes.
La
dignité silencieuse des vaincus renverse l’accusation d’animalité.
Les
barbares sont derrière les appareils et les hommes devant.
Une « honte blanche » nous rappelle que la
barbarie n’a pas de couleur.
Médaille de propagande.
Bronze.
Karl
Goetz.
1920
Elle illustre le thème du supplice des femmes de
Rhénanie livrées à la lubricité des soldats noirs.
Elle dénonce l’hypocrisie de la France qui trahit la
mission civilisatrice de l’homme blanc.
La propagande allemande fustige la « honte
noire » sur les cartes postales et au cinéma en passant par les brochures,
le théâtre et le roman.
« Mein
Kampf » est un livre rédigé par Adolf Hitler entre 1924 et 1925. Commencé
pendant les neuf mois de sa détention à la prison de Landsberg à la suite du
putsch de la Brasserie, l'ouvrage contient des éléments autobiographiques,
l'histoire des débuts du Parti national-socialiste des travailleurs allemands
et diverses réflexions sur la propagande ou l'art oratoire. L'auteur expose,
dans un style empreint de haine, la « conception du monde » du
national-socialisme, avec ses composantes hégémoniques, belliqueuses mais aussi
racistes et ouvertement antisémites, mêlée d'irrédentisme, d'ultra-nationalisme
et de revanchisme. Si l'ouvrage peut être perçu comme un véritable « livre
programme », les chambres à gaz n'y sont cependant pas évoquées bien que
l'auteur fasse allusion à l'utilisation des gaz de guerre de la Première Guerre
mondiale en lien avec la population juive d'Allemagne.
(Source Wikipédia)
Louis Bouquet
Lyon, 1885 – Id, 1952
Fresque de la grande poste, place Antonin Poncet, Lyon,
1937.
Maquette en triptyque – Huile et gouache sur carton.
Musée
Paul Dini, Villefranche-sur-Saône
ITALIE - CHASSE AUX NOIRS
"Que cela vous plaise ou pas!
Service militaire obligatoire pour tous - femmes et hommes. Pour une "Armée du Peuple", pas pour une armée pour défendre les bourgeois et le grand capital, mais pour défendre les PAUVRES."
*
Suites de la colonisation au Sénégal:
*
Suites de la colonisation au Sénégal:
Le
car rapide
Fourgon
Saviem Super Goëlette SG2
Produit
en Europe entre 1965 et 1982
Art
populaire, amulettes de protection, contre les jaloux, les malfaisants, les
pannes ou les accidents.
Emblématique
des transports à Dakar, le car rapide est le parfait exemple d’un objet
mondialisé dont l’usage s’adapte aux besoins locaux.
Mis
au rebut, ils sont vendus aux pays africains en tant que véhicules de
transports en commun.
Musée de l’Homme
Paris
Arles
"1918 mort pour la France
2018 mort pour l'Europe"
« On croit mourir pour la patrie. On meurt pour les
industriels. »
Anatole France
David Lescot lit La lettre d’Anatole France à Marcel Cachin:
David Lescot lit La lettre d’Anatole France à Marcel Cachin:
Cher citoyen Cachin,
Je vous prie de signaler à vos lecteurs
le récent livre de Michel Corday, les Hauts Fourneaux, qu’il importe de
connaître.
On y trouvera sur les origines et la conduite de la guerre des idées que vous partagerez et qu’on connaît encore trop mal en France ; on y verra, notamment (ce dont nous avions déjà tous deux quelque soupçon) que la guerre mondiale fut essentiellement l’oeuvre des hommes d’argent ; que ce sont les hauts industriels des différents Etats de l’Europe qui, tout d’abord, la voulurent, la rendirent nécessaire, la firent, la prolongèrent. Ils en firent leur état, mirent en vie leur fortune, en tirèrent d’immenses bénéfices et s’y livrèrent avec tant d’ardeur, qu’ils ruinèrent l’Europe, se ruinèrent eux-mêmes et disloquèrent le monde.
Ecoutez Corday sur le sujet qu’il traite avec toute la force de sa conviction et toute la puissance de son talent. — » Ces hommes-là, ils ressemblent à leurs hauts fourneaux, à ces tours féodales dressées face à face le long des frontières, et dont il faut sans cesse, le jour, la nuit, emplir les entrailles dévorantes de minerai, de charbon, afin que ruisselle au bas la coulée de métal. Eux aussi, leur insatiable appétit exige qu’on jette au feu, sans relâche, dans la paix, dans la guerre, et toutes les richesses du sol, et tous les fruits du travail, et les hommes, oui, les hommes même, par troupeaux, par armées, tous précipités pèle-mêle dans la fournaise béante, afin que s’amassent à leurs pieds les lingots, encore plus de lingots, toujours plus de lingots. Oui, voilà bien leur emblème, leurs armes parlantes, à leur image. Ce sont eux les vrais hauts fourneaux ! (page 163).
Ainsi, ceux qui moururent dans cette guerre ne surent pas pourquoi ils moururent. Il en est de même dans toutes les guerres. Mais non pas au même degré. Ceux qui tombèrent à Jemmapes ne se trompaient pas à ce point sur la cause à laquelle ils se dévouaient. Cette fois, l’ignorance des victimes est tragique. On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels.
Ces maîtres de l’heure possédaient les trois choses nécessaires aux grandes entreprises modernes : des usines, des banques, des journaux. Michel Corday nous montre comment ils usèrent de ces trois machines à broyer le monde. Il me donna, notamment, l’explication d’un phénomène qui m’avait surpris non par lui-même, mais par son excessive intensité, et dont l’histoire ne m’avait pas fourni un semblable exemple : c’est comment la haine d’un peuple, de tout un peuple, s’étendit en France avec une violence inouïe et hors de toute proportion avec les haines soulevées dans ce même pays par les guerres de la Révolution et de l’Empire. Je ne parle pas des guerres de l’ancien régime qui ne faisaient pas haïr aux Français les peuples ennemis. Ce fut cette fois, chez nous, une haine qui ne s’éteignit pas avec la paix, nous fit oublier nos propres intérêts et perdre tout sens des réalités, sans même que nous sentions cette passion qui nous possédait, sinon parfois pour la trouver trop faible.
Michel Corday montre très bien que cette haine a été forgée par les grands journaux, qui restent coupables, encore à cette heure, d’un état d’esprit qui conduit la France, avec l’Europe entière, à sa ruine totale. » L’esprit de vengeance et de haine, dit Michel Corday, est entretenu par les journaux. Et cette orthodoxie farouche ne tolère pas la dissidence ni même la tiédeur. Hors d’elle, tout est défaillance ou félonie. Ne pas la servir, c’est la trahir. «
Vers la fin de la guerre, je m’étonnais devant quelques personnes de cette haine d’un peuple entier comme d’une nouveauté qu’on trouvait naturelle et à laquelle je ne m’habituais pas. Une dame de beaucoup d’intelligence et dont les mœurs étaient droites, assura que si c’était une nouveauté, cette nouveauté était fort heureuse. » C’est, dit-elle, un signe de progrès, et la preuve que notre morale s’est perfectionnée avec les siècles. La haine est une vertu, c’est peut-être la plus noble des vertus. «
Je lui demandai timidement comment il est possible de haïr tout un peuple :
— Pensez, madame, un peuple entier, c’est grand… Quoi ? Un peuple composé de tant de millions d’individus, différents les uns des autres, dont aucun ne ressemble aux autres, dont un nombre infiniment petit a seul voulu la guerre, dont un nombre moindre encore en est responsable, et dont la masse ignorante en a souffert mort et passion. Haïr un peuple, mais c’est haïr les contraires, le bien et le mal, la beauté et la laideur. «
Quelle étrange manie ! Je ne sais pas trop si nous commençons à en guérir. Je l’espère. Il le faut. Le livre de Michel Corday vient à temps pour nous inspirer des idées salutaires. Puisse-t-il être entendu ! L’Europe n’est pas faite d’Etats isolés, indépendants les uns des autres. Elle forme un tout harmonieux. En détruire une partie, c’est offenser les autres.
Notre salut, c’est d’être bons Européens. Hors de là tout est ruine et misère.
Salut et fraternité,
On y trouvera sur les origines et la conduite de la guerre des idées que vous partagerez et qu’on connaît encore trop mal en France ; on y verra, notamment (ce dont nous avions déjà tous deux quelque soupçon) que la guerre mondiale fut essentiellement l’oeuvre des hommes d’argent ; que ce sont les hauts industriels des différents Etats de l’Europe qui, tout d’abord, la voulurent, la rendirent nécessaire, la firent, la prolongèrent. Ils en firent leur état, mirent en vie leur fortune, en tirèrent d’immenses bénéfices et s’y livrèrent avec tant d’ardeur, qu’ils ruinèrent l’Europe, se ruinèrent eux-mêmes et disloquèrent le monde.
Ecoutez Corday sur le sujet qu’il traite avec toute la force de sa conviction et toute la puissance de son talent. — » Ces hommes-là, ils ressemblent à leurs hauts fourneaux, à ces tours féodales dressées face à face le long des frontières, et dont il faut sans cesse, le jour, la nuit, emplir les entrailles dévorantes de minerai, de charbon, afin que ruisselle au bas la coulée de métal. Eux aussi, leur insatiable appétit exige qu’on jette au feu, sans relâche, dans la paix, dans la guerre, et toutes les richesses du sol, et tous les fruits du travail, et les hommes, oui, les hommes même, par troupeaux, par armées, tous précipités pèle-mêle dans la fournaise béante, afin que s’amassent à leurs pieds les lingots, encore plus de lingots, toujours plus de lingots. Oui, voilà bien leur emblème, leurs armes parlantes, à leur image. Ce sont eux les vrais hauts fourneaux ! (page 163).
Ainsi, ceux qui moururent dans cette guerre ne surent pas pourquoi ils moururent. Il en est de même dans toutes les guerres. Mais non pas au même degré. Ceux qui tombèrent à Jemmapes ne se trompaient pas à ce point sur la cause à laquelle ils se dévouaient. Cette fois, l’ignorance des victimes est tragique. On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels.
Ces maîtres de l’heure possédaient les trois choses nécessaires aux grandes entreprises modernes : des usines, des banques, des journaux. Michel Corday nous montre comment ils usèrent de ces trois machines à broyer le monde. Il me donna, notamment, l’explication d’un phénomène qui m’avait surpris non par lui-même, mais par son excessive intensité, et dont l’histoire ne m’avait pas fourni un semblable exemple : c’est comment la haine d’un peuple, de tout un peuple, s’étendit en France avec une violence inouïe et hors de toute proportion avec les haines soulevées dans ce même pays par les guerres de la Révolution et de l’Empire. Je ne parle pas des guerres de l’ancien régime qui ne faisaient pas haïr aux Français les peuples ennemis. Ce fut cette fois, chez nous, une haine qui ne s’éteignit pas avec la paix, nous fit oublier nos propres intérêts et perdre tout sens des réalités, sans même que nous sentions cette passion qui nous possédait, sinon parfois pour la trouver trop faible.
Michel Corday montre très bien que cette haine a été forgée par les grands journaux, qui restent coupables, encore à cette heure, d’un état d’esprit qui conduit la France, avec l’Europe entière, à sa ruine totale. » L’esprit de vengeance et de haine, dit Michel Corday, est entretenu par les journaux. Et cette orthodoxie farouche ne tolère pas la dissidence ni même la tiédeur. Hors d’elle, tout est défaillance ou félonie. Ne pas la servir, c’est la trahir. «
Vers la fin de la guerre, je m’étonnais devant quelques personnes de cette haine d’un peuple entier comme d’une nouveauté qu’on trouvait naturelle et à laquelle je ne m’habituais pas. Une dame de beaucoup d’intelligence et dont les mœurs étaient droites, assura que si c’était une nouveauté, cette nouveauté était fort heureuse. » C’est, dit-elle, un signe de progrès, et la preuve que notre morale s’est perfectionnée avec les siècles. La haine est une vertu, c’est peut-être la plus noble des vertus. «
Je lui demandai timidement comment il est possible de haïr tout un peuple :
— Pensez, madame, un peuple entier, c’est grand… Quoi ? Un peuple composé de tant de millions d’individus, différents les uns des autres, dont aucun ne ressemble aux autres, dont un nombre infiniment petit a seul voulu la guerre, dont un nombre moindre encore en est responsable, et dont la masse ignorante en a souffert mort et passion. Haïr un peuple, mais c’est haïr les contraires, le bien et le mal, la beauté et la laideur. «
Quelle étrange manie ! Je ne sais pas trop si nous commençons à en guérir. Je l’espère. Il le faut. Le livre de Michel Corday vient à temps pour nous inspirer des idées salutaires. Puisse-t-il être entendu ! L’Europe n’est pas faite d’Etats isolés, indépendants les uns des autres. Elle forme un tout harmonieux. En détruire une partie, c’est offenser les autres.
Notre salut, c’est d’être bons Européens. Hors de là tout est ruine et misère.
Salut et fraternité,
« Ce ne sont pas des soldats : ce sont des hommes.
Ce ne sont pas des aventuriers, des guerriers, faits pour la boucherie humaine
[...] Ce sont des laboureurs et des ouvriers qu’on reconnaît dans leurs
uniformes. Ce sont des civils déracinés.»
Henri Barbusse
Tirailleurs
sénégalais : « On les a forcés à s’engager, et aujourd’hui on laisse leurs
petits-fils se noyer dans la Méditerranée ».
Source « Le
Monde »
08 19
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La violence des mots ou des morts
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