Marseille – La Plaine - J’ai fait
le mur.
Nan ! Je ne
me suis pas échappée. Au contraire, j’y suis allée. Le mur fait parler de lui.
Les habitants écrivent sur lui, de lui, à Gaudin, à la Soleam. Ils s’adressent
à la Terre entière pour exprimer leur colère de subir les travaux et leur
frustration de ne pas pouvoir rêver en commun au futur. C’est le témoignage du
désamour des Marseillais pour leurs dirigeants municipaux et territoriaux. « J’en
ai marre des grands ». Mais c’est aussi un cri d’amour à un quartier du
centre ville qui est resté mixte dans sa composition sociale. L’espoir de voir
un monde meilleur existe toujours. Ce mur est un véritable roman photo ! Les
habitants de la Plaine « font parler les murs ».
Le mur est
critiqué, décortiqué, commenté, pesé financièrement (390 000 € tout de
même quand la misère existe dans la ville et dans le pays), soupesé humainement.
Ses conséquences morales, politiques et humaines sont analysées et évaluées. Pour
certains, l’indignation est telle qu’ils « n’ont pas de mots » pour
la dire. Il est méprisé, à défaut de pouvoir l’enlever. On lui « fait
pipi » dessus….Il démoralise les habitants qui ont aussi le problème des
containeurs à gérer. Quand il pleut, c’est pire. L’aspect esthétique est
annoté. On n’aime pas et on le dit. Le béton rend le quartier amer. Mais on
ironise sur les expressions « dent en béton ». «Mur mur » est
murmuré. Ca aide à passer la pilule… car ils ont le sentiment d’être
enfermés. Le mot « Libres ! » revient partout. « Faites
tomber les murs ! » est significatif de cet emprisonnement.
La « Commune »
est toujours une référence à Marseille. C’est
la seconde fois que je la vois inscrite dans le centre ville. Marseille
est toujours une ville populaire. On prévient que « ça va péter »
lors d’une manifestation d’un samedi en ville. C’est le temps de la colère. « Marseille
doit reprendre le pouvoir. » La fraternité est opposée aux valeurs liées à
l’argent. Le rêve de devenir propriétaire est remis en question. On réfléchit à
la transition écologique qui ne peut pas se faire sans justice sociale. Les
Marseillais ne veulent pas être isolés les uns des autres. « Pourquoi
mettre des murs entre nous ? » Le peuple élève des barricades pendant
que la bourgeoisie et l’élite dominante élèvent des remparts. Les termes
choisis ne sont pas anodins. Ils reflètent la notion de classes. Les puissants
se protègent quand le peuple se révolte.
Jean-Claude
Godin est en ligne de mire. « Ton blaz, on s’en bat » résume
l’aversion que son nom provoque. On prédit la fin « Gaudin, ton bateau
prend l’eau ». C’est le temps de la chute avec un vibrant « Game
over ». Le « fini-parti » qui caractérise la tolérance de Gaudin
envers les agents municipaux qui peuvent quitter leur travail une fois leur
tâche accomplie (en fait, cela permet d’avoir deux ou trois emplois en même
temps) recouvre le visage du maire de
Marseille. Les opposants souhaitent donc le voir quitter le poste de
responsabilité municipale.
Le recyclage
politique est évoqué avec la mention
« arrêté d’insalubrité ». On peut lire le mot « arrêté ». Le
maire a du sang sur les mains, référence
encore une fois faite pour la seconde fois dans le quartier. « L’insalubrité »
est physique pour les immeubles, politique pour le maire. Gaudin est toujours
qualifié « d’assassin ». Je crois que ça lui restera jusqu’à la fin… Le
mot « trahison » apparaît. Il traduit le manque de confiance de la
population envers ses élus. C’est dommage car tous les élus ne sont pas des
pourris…J’en connais à gauche qui sont très très bien. Mais il n’est pas le seul
invectivé. D’autres personnalités sont nommées et mises au ban des
accusés: « Chenoz, Lotta, Fructus. »
La Soleam n’est
toujours pas appréciée. C’est l’entreprise choisie par la municipalité pour
effectuer les travaux envers et contre la population du quartier. Quand j’ai
fait les photos, une femme demandait au maître chien qui surveille le chantier
pourquoi il n’y avait pas de travaux. « Le chantier s’arrête le vendredi à
12h30. » Mais, contradictoirement, on s’inquiète sur le peu de
travaux : « Toc, toc, y’a quelqu’un derrière, y’a personne qui
bosse ? »
La nature a
toujours sa préférence dans le cœur des citadins. Un arbre est important pour
pouvoir respirer et avoir moins chaud l’été. C’est le symbole de la vie d’un
quartier. Quand on coupe un arbre, on peut déraciner la population alentours.
C’est vécu comme une menace et une
agression au « vivre ensemble ».
Un arbre caractérise la vie. Libre de préférence. On ne pleure pas
seulement sur un arbre coupé…On pleure sur soi et sur son impuissance à changer
le destin et à ne pas pouvoir protéger ce que l’on aime.
D’autant que les
caméras ne sont pas les bienvenues. Un long texte explique les griefs contre ce
système de vidéo surveillance mis en place encore une fois par la majorité de
droite.
Mais assez
parlé, place aux photos.
"La cité mur-mur" à Toulouse
Interprétation possible: gain électoral ou financier?
Mes autres photos:
bmasson-blogpolitique.over-blog.com
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24 mars - 4 avril 1871, la Commune de Marseille.
Récit
du soulèvement de Marseille où l'insurrection sanglante fit 150 morts.
(…) Les derniers
prisonniers du Château d'If
Quand les exécutions sommaires cessent, les arrestations commencent.
Plus de 900 prisonniers sont jetés dans les geôles marseillaises.
24-mars-4-avril-1871-la-commune-de-marseille
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Les
Enfants de La Plaine. 1 & 2
Avec Blah Blah, Catalogue, Conger !
Conger !, Cowboys From Outerspace, Doc Vinegar, Keith Richards Overdose,
Drive Simone, Philippe Petit, Nicolas Dick, Jim Younger' Spirit, Magali
Longchamp
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Mon aquarelle
Marseille
Place du cours Julien
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La Plaine : évacuations suspectes,
délogements en série, chantier foireux, maltraitance des habitant.es, mise au
chômage, fermetures de commerces …
Ils finiront par raser le quartier !
La Mairie doit
s’expliquer !
Rassemblement jeudi
27 juin 18h30 devant la boulangerie évacuée (61 place Jean Jaurès)
Avec l'évacuation
des bâtiments n°60 et 61 de la place Jean Jaurès dans la nuit du 20 juin, c'est
encore de nouveaux délogés, la fermeture de la boulangerie et 6 employé.es au
chômage. Aucun arrêté de péril, pas de passage d'expert, la « découverte » d’un
puits souterrain menaçant les murs porteurs dont tout le monde a connaissance
depuis des années et qui fait l’objet d’un contentieux de longue date entre
l’ancien propriétaire du Patio et la municipalité...
Alors l'urgence
est-elle de protéger les habitant.es ou de faire main basse sur les fonds de
commerce et les immeubles ? Plus de vingt bâtiments ont été vidés et cadenassés
dans le quartier ! Combien de commerces fermés ou en voie de fermeture ?
En tout cas, pour
eux, l'urgence n'est pas de protéger les passant.es qui continuent de longer
les murs soi-disant "prêts à s'effondrer", à errer sur des
"trottoirs" en sable ou défoncés, à bouffer de la poussière par les
trous de nez ou sur les aliments saupoudrés toute la journée dans les
boutiques, ajoutant un goût amer à un air déjà totalement pollué.
Alors c’est quoi ce
bazar ? Que la Municipalité assume ses responsabilités. Halte au saccage de la
vie des gens par sa nullité crasse !
Rendez-nous la
Boulangerie et tout le reste !
Marseille , le 25
juin 2019
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