lundi 2 novembre 2020

Jean-Claude Brialy - Le Ruisseau des Singes

 

Jean-Claude Brialy

Le Ruisseau des Singes

Autobiographie

Robert Laffont – 2000

 

Jean-Claude Brialy a rompu avec sa famille. Il décrit un embrigadement paternel quasi militaire et sa révolte l’a poussé au-dehors de sa famille. Il refusait de se soumettre aux règles en norme. Il a épargné l’argent de sa solde pendant son service militaire pour claquer la porte et s‘installer à Paris pour y faire du théâtre. Comme Michel Serrault, il rêvait d’une carrière au cirque.

Une fois la porte familiale franchie, il ne parlera plus de ses parents. Jusqu’à la maladie de son père apprise deux ans avant son décès. C’est pour sa mère qu’il se préoccupe. Il la fera venir, une fois veuve, à Paris, pour qu’elle ne soit pas seule.

Puis, ce sera la guerre avec son frère, pour la succession. Sous prétexte qu’il a de l’argent et qu’il a réussi dans sa carrière, il lui refuse sa part d’héritage et le spolie. Les avocats vont s’en mêler. C’est une injustice de plus !

Jean-Claude Brialy a souffert de son homosexualité tout au long de sa vie. Ses parents le savaient et l’ont rejeté, sans en parler ouvertement. Il ne parle pas de sa souffrance directement. Mais elle se ressent à mots couverts. Ce qu’il n’a pas trouvé dans sa famille, il l’a cherché dans le monde du spectacle. Sans le trouver non plus, tant la compétition y est intense. Mais il a su y trouver sa place, particulièrement auprès des acteurs et actrices en fin de vie. Il les protégera, les écoutera  et les accompagnera jusqu’au cimetière. Il avait peur de la solitude pour lui-même et pour les autres.

La mort a été sa préoccupation centrale tout au long de sa vie. Il a trouvé refuge auprès de Marie Duplessis, cette femme qui a inspiré la Dame aux Camélias d’Alexandre Dumas fils. Il s’est plaint que les jeunes ne connaissaient plus les ancien-enne-s acteur-rice-s qu’il a admiré-e-s dont Pierre Brasseur, Louis Jouvet, Pierre Fresnay, Marlène Dietrich, Joséphine Baker,  etc. La question  de la mémoire après la mort a été la plus importante. Comment survivre à la mort ? 

Page 43 – Les femmes tondues :

« Nous regagnâmes alors Angers, où la Libération fut, comme dans toutes les autres villes de France, une grande fête doublée de règlements de comptes sordides, et je garde la vision répugnante des femmes tondues sur lesquelles la foule en colère vidait toute sa haine. »

 

 

Page 47 – Humour à la « Brialy » :

Quand on lui disait : « Silence à l’appel », au lycée militaire, alors qu’il avait redoublé sa cinquième, il susurrait « Silence au râteau ». Ce qui faisait rire ses camarades.

 

Page 149 ; Sa définition de la « Liberté » :

En 1959, il se remet à Garches d’une opération des cervicales. Il repense à sa longue immobilisation et apprécie de vivre à nouveau sans contrainte ni douleur.

« Quand on a la chance, comme moi, de pouvoir aller et venir, de regarder les autres, de profiter de la lumière, du soleil, d’un tableau, de manger, de boire, de danser, d’écouter de la musique, de voyager, pourquoi ne pas vivre cette merveilleuse liberté ?

 

Page 189 – Edith Piaf :

« Ce qui frappait, c’étaient ses yeux, ses yeux immenses. »

 « Elle avait une voix claire et une articulation extraordinaire. Tout était modulé, chaque syllabe de chaque mot. »

« Et ce rire ! C’était d’ailleurs ce qu’elle aimait le plus au monde, rire. Rire de tout, tous les prétextes étaient bons. »

Quand Charles Dumont vint lui présenter la chanson « Mon Dieu », elle « comprit que la chanson était pour elle, que Charles lui faisait un magnifique cadeau, et elle voulut le lui rendre en l’interprétant. »

« Edith et ses amants ; c’était un sacré roman ! Elle les quittait toujours parce qu’elle ne supportait pas d’être abandonnée. Comme cadeau d’adieu, elle leur offrait une montre Cartier. »

 

Page 197. Raimu, fétichiste des pieds :

« C’est grâce à Marie Bell que Raimu entra à la Comédie Française en 1943. (…) Elle m’avoua (= Marie Bell à Jean-Claude Brialy, NDLR) que Raimu était un véritable fétichiste des pieds de femme, et quand elle voulait lui faire plaisir elle envoyait valser sa chaussure et lui présentait son pied. Ca le rendait littéralement fou de joie ! »

 

Page 266 – Valentine Tessier, maîtresse de Gallimard et de Renoir :

C’est la première fois que l’on parle officiellement d’un maîtresse de Pierre Renoir. La discrétion a toujours été assurée sur ce sujet.

« Extraordinaire ! A quatre-vingts ans, elle regrettait le temps des amours ! Les hommes avaient beaucoup compté dans sa vie, elle fut la maîtresse de Gaston Gallimard, de Pierre Renoir, dont elle disait : « J’étais très amoureuse de lui, mais il n’était vraiment pas gai ! »

 

Pages 318-319 – L’alcoolisme sur le tournage de la « Grande Illusion » :

Françoise Giroud a été une assistante de Jean Renoir sur le tournage de ce film. Mais Jean-Claude Brialy nous raconte la version de Jean Gabin. « Le point commun à tous leurs récits, (…) c’est qu’ils étaient ronds comme des queues de pelle la moitié du temps ! (…) « Qu’est-ce qu’on a bu…, tous ces vins, d’Alsace, de Moselle, du Rhin, on était beurrés du matin jusqu’au soir ! »

 

Page 319 – Jean Gabin parle de  Louis Jouvet :

« Je me souviens d’une chose, l’abbé (c’est le surnom que Jean Gabin donne à Jean-Claude Brialy pendant le tournage de L’Année sainte). Le Louis, il avait fait des études de pharmacie. Et comme pendant le tournage, je souffrais d’hémorroïdes, il m’a dégoté une crème miracle. Alors, tu vois, Jouvet, c’était quelqu’un ! »

 



Belmondo et Gabin 

"Un singe en hiver"

1961 - 1962. 

Réalisé par Henri Verneuil.

Dialogues de Michel Audiard.

Villerville


La gifle de Jean Gabin dans "Un singe en hiver".

C'est du sérieux qui fait mal!

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Jean Gabin – Page 138 :

Près de l’Olympia, dans un des bars attenant à la fabuleuse salle de spectacle, Sim rencontre une prostituée « Lulu la Banquise ». Un soir, elle lui demande un service. Elle aimerait avoir un enfant d’un artiste. Sim est affolé ! Mais non. Elle pense à Jean Gabin. Elle aimerait que Sim organise la rencontre.

Voici la réponse de Jean Gabin :

« La proposition n’est malheureusement plus valable car on est en pleine décadence. A l’heure qu’il est, j’ai soixante-dix berges et Madame doit tapiner aux Halles. Dans le domaine de la procréation, faut pas faire des mômes quand on baise avec des béquilles ! »

 

Sim.

Elles sont chouettes mes femmes.

Editions Flammarion – 1986.

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Page 337 – Joséphine Baker :

« C’était un clown, une chanteuse, une danseuse, une acrobate, une contorsionniste. »

Après son expulsion des Milandes où elle avait accueilli tous ses enfants adoptés, Jean-Claude Brialy remet en scène cette grande actrice du Music-Hall. Il lui fallait une robe, mais aucun créateur ne veut s’en occuper. Seule, Jeanine Six se présenta : « « Moi, je suis un prêt-à-porter de luxe, et si ça ne vous fait pas peur mes cinq ouvrières sont d’accord pour travailler bénévolement jour et nuit pour cette femme merveilleuse. »

A sa mort, « les musiciens de l’orchestre de Louis Armstrong jouèrent pour elle, en souvenir de cette femme qui, dans les années 1920, fut chassée de certains hôtels avec ses musiciens parce qu’ils étaient noirs, et qui dut faire un scandale pour être entendue. » (p 345)

 

 

Page 350 – Isabelle Adjani et Adèle H :

Le couple Isabelle Adjani-André Dussolier se sépare. Jean-Claude Brialy la reçoit chez lui pour qu’elle fasse le point. Il a énormément d’admiration pour elle. « Ensuite, sa carrière s’emballa, tout le monde la réclamait. Elle démissionna du Français après quelques beaux succès pour pouvoir rejoindre Truffaut dans L’Histoire d’Adèle H. »

 

Page 375-376 – La bio de Marie-Antoinette :

Jean-Claude Brialy a l’art de résumer en peu de mots l’essentiel d’une vie. Il pense que Marie-Antoinette a été « choisie sur catalogue pour devenir la reine de France ».

Il voudrait tourner un film sur la fuite à Varennes car « la réalité la rattrapa avec ce périple qui l’obligea, pour la première fois, à agir en femme responsable. »

Il pense que durant ces deux jours, la famille royale vécut dans la peur d’être reconnue, mais on imagine aussi « la découverte de leur pays, de leur peuple, de la campagne et des paysans. »

Il pense que le couple n’aurait pas pu mourir sans avoir « contemplé le pays, et ses beautés, en ce premier jour d’été ».

Ettore Scola, le réalisateur du film, voulait qu’il y ait Jacob, « le coiffeur de la reine, obligé de fui avec eux par peur d’être exécuté. C’était un pauvre type un peu baroque, homosexuel, à la fois excentrique et tragique. »

 

Page 379 – Don Juan :

Il décrit Marcello Mastroianni comme quelqu’un qui n’avait pas « une goutte de cynisme » en lui. « Jamais de froideur, c’était l’inverse du don Juan, du collectionneur, il était toujours amoureux, réellement amoureux, ne trichait pas et essayait de se tirer des éventuels faux pas comme il le pouvait ».

NDLR : la marge entre les deux me semble bien mince…..

 

Page 409 – Frédéric Lemaître :

Jean-Claude Brialy, directeur du théâtre des Bouffes-Parisiens, rencontre, vers la fin de sa vie, Eric-Emmanuel Schmitt. Ils discutent de pièces de théâtre à jouer dans son théâtre et apprend que Schmitt a écrit une pièce pour Belmondo qui va interpréter Frédéric Lemaitre. « O rage ! O désespoir ! Frédéric Lemaître était l’autre grand personnage qu’avec Lacenaire j’avais toujours rêvé de jouer ! »



Greta Garbo

Marlène Dietrich

Jean Gabin

Page 318, Brialy explique que Greta Garbo, à Los Angeles, venait chaque mois encaisser le prix du loyer de la maison qu'elle louait à Marlène Dietrich et à Jean Gabin.

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Page 75 – Le baiser de Jean-Claude Brialy :

Elle tourne dans le film de Roger Vadim, « Château en Suède », en 1963. Jean-Claude Brialy est le fiancé de Françoise Hardy dans le film. Il la menace de l’embrasser pour de vrai, « ce qu’il fit pour mon plus grand déplaisir ».

chateau-en-suede

Françoise Hardy

Le désespoir des singes

Et autres bagatelles.

Editions Robert Laffont. 2008

 

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04 23

Françoise Hardy a honte des grèves à répétition. 

Elle touche combien, la madame, pour sa retraite?

Est-ce qu'elle peut nous dire comment se terminera ce conflit, elle qui lit dans le marc de café ?

Elle  n'est pas au bout de ses peines. 

Ca, je peux le lui prédire.

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Monica Vitti nous quitte à 90 ans.

Cinq donatello (oscars italiens).

Un ours d'argent à Berlin, en 1995.

Un lion d'or à Venise.

"L'Humanité"

02 22

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Alice Dona a été élevée devant la télévision, avec l’émission mensuelle de Mireille, le « petit conservatoire de la chanson ». Les deux sœurs dansent à chaque nouvelle chanson, malheureusement « interrompue par Mireille au bout de quelques mesures ». La mère d’Alice préfère le chant de sa fille à celui de Françoise Hardy « cette grande et mince jeune fille timide, long pull, minijupe noire et cheveux longs » (p 72).

Alice Dona

Cricri

Edition Anne Carrière – 2004

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Tu es libre de penser que tu es con, mais tu es con de penser que tu es libre.

Proverbe.

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En 1969, JP Belmondo était JL Mahé, riche propriétaire à La Réunion pour la caméra de F Truffaut dans "La Sirène du Mississippi" Le film était adapté d'un roman de William Irish situé à La Nouvelle Orléans en 1880, 15 ans après l'abolition de l'esclavage

Fondation pour la mémoire de l’esclavage.

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C'était Belmondo. L'interprète inoubliable de Pierrot le Fou et l'ancien président du syndicat CGT des comédiens et acteurs. Salut l'artiste. Repose en paix camarade.

Benjamin Amar.

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L'acteur Jean-Paul Belmondo, monstre sacré du cinéma français, est décédé lundi à son domicile à Paris à l'âge de 88 ans, a annoncé son avocat à l'AFP.

L’Humanité.

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Jean-Paul Belmondo dans le Maîtron
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Jean-Paul Belmondo 
Secrétaire général du syndicat des acteurs CGT.
Réunion du 17 novembre 1964. 

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La vision des féministes est tout autre.
La scène du viol est limite dans le film "Le Magnifique". Bon, j'aime le film alors je pardonne. Mais c'est vrai que la vengeance est difficile à admettre.
Les années 1950 à 1980 sont les années de lutte contre le féminisme. Belmondo est invincible et est un digne représentant de la gente masculine.
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Bébel au Bois Dormant 
No Name

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Singe - Il apparaît peureux, attristé, assis au fond de son immense fauteuil.
Graph 
Palerme

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D’une guenon et son enfant
adaptée en Français actuel


Une guenon allait montrant
A toutes bêtes son enfant
Celles-ci la prenaient pour folle
Pour ses actes comme ses paroles.
Elle le montra jusqu’à un lion
A qui, d’emblée elle demanda, en exhibant son rejeton
S’il était beau. Le lion lui dit
Que jamais bête plus laide ne vit ;
Qu’elle le ramène en sa maison,
Et se souvienne de ce dicton :
Tout renard admire sa queue
Et la voyant se sent glorieux.

Celle-ci s’en fut triste et peinée,
Puis, croise un ours sur le sentier ;
L’ours s’arrête et la regarde

Et lui dit d’un ton avisé (1) :
« Ainsi voilà donc l’enfant
Dont toutes et tous parlent tant
Qui a l’air si preux et gentil. »
« Oui, répond-elle, c’est mon fils. »
Tends-le moi pour que je l’embrasse
Car je veux le voir de plus près.
Celle ci lui tend. L’ours le prend
Et le dévore en un instant.

Moralité

Pour cela, on doit se garder
D’étaler secrets et pensées (2);
Car certaines choses peuvent réjouir
Qui ne fassent à d’autres plaisir.
En les exhibant, vient grand mal
Ce siècle (les temps) n’est pas toujours loyal.

 

(1) Cointise : gentillesse, amabilité, affabilité, coquetterie mais aussi ruse, hardiesse.
(2) « Sa priveté ne sun penser » choses privées, intimité, pensées, opinions. Il semble que Marie de France ait voulu ici tout englober.

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