Fonction publique
Pierre Dharréville
Gérard Aschieri
Gaby Charroux
Gérard Aschieri
« La question du statut du fonctionnaire concerne aussi
les usagers. Il est lié à l’histoire de notre république et aux services
publics tels qu’ils ont été construits en France. »
Gérard Aschieri
Point d’appuis et faiblesses d’un sondage. »
« Les salariés du secteur public pensent
à 62% que les Français ont une mauvaise opinion des services publics alors que
64% des Français en ont une bonne opinion. »
Gérard
Aschieri
« Macron
a été obligé de faire des réponses sur les services publics car la question des
services publics est dans le cœur des Français. »
Gérard
Aschieri
« 71%
des Français qualifient les salariés du
service public de « privilégiés » (puis sympathique). A l’inverse 77%
des agents du service public se déclarent « compétents ». Ca montre
des faiblesses. Ils ne font pas le lien entre le statut et la qualité du
service public. »
Gérard
Aschieri
« Pourquoi
n’y a-t-il pas un contrat de travail pour chaque salarié ?
Le
salarié est lié à l’employeur et travaille pour le compte de l’employeur.
Le
fonctionnaire travaille pour l’intérêt général. Le statut est lié à cette
idée. »
Gérard
Aschieri
« Garanties
et exigences pour les fonctionnaires en fonction de l’intérêt général. Cet avis
a été voté par la représentante du patronat. En discutant, on peut arriver à
trouver des consensus même si le gouvernement s’en moque. »
Gérard
Aschieri
L’histoire
de la fonction publique.
« Il
y a un bien commun qui est différent de l’intérêt particulier, fut-il le roi. Philippe
le Bel (14e siècle) crée un conseil d’Etat du roi qui juge des
affaires du royaume différemment que les tribunaux.
Construction
d’un appareil d’Etat autonome avec achat de charges et système de corruption de
l’époque. »
Gérard
Aschieri
L’histoire
de la fonction publique.
« Il fallait construire une administration non liée à
la vénalité. Ca a été le rôle des intendants. Le corps des ingénieurs a été
créé au 18e siècle. L’idée se construit d’un Etat et d’une
administration séparés de la personne du roi. On prête à Louis XIV deux paroles :
« L’Etat, c’est moi ». « Je m’en vais, mais l’Etat
demeure. » Les a-t-il prononcées ? »
Gérard
Aschieri
L’histoire
de la fonction publique.
« La grande époque de la théorisation des services
publics date du XIXe siècle et du début du XXe siècle avec l’école de juristes
située à Bordeaux. »
Gérard
Aschieri
L’histoire
de la fonction publique.
« Il n’y avait pas de statut. Le fonctionnaire n’avait
aucun droit. Michel Debré : « Le fonctionnaire est un homme de
silence. Il exécute, il travaille, il se tait. » Avant la seconde guerre
mondiale, la CGT ne demandait pas de statut du fonctionnaire mais les mêmes
droits que pour les autres salariés. »
Gérard
Aschieri
L’histoire
de la fonction publique.
« Un compromis s’est construit pour articuler les
droits et les devoirs des fonctionnaires. Cela continue à persister dans les
statuts. Un des acquis a été la mise en place des CAP (commissions paritaires
que l’on dépouille actuellement). L’idée d’un fonctionnaire-citoyen a été
développée. Il avait le droit de négocier, de regarder sa carrière et le
fonctionnement des services publics. Il avait l’obligation de se conformer à l’intérêt
général (et non pas d’obéir).
Gérard Aschieri
L’histoire
de la fonction publique.
« Il
y a eu le statut de 1946. A ce moment-là, on a créé l’ENA qui a été le
précurseur du statut des fonctionnaires. La dernière étape que l’on doit à
Anicet Le Pors, c’est le statut qui s’est étalé de 1983 à 1985, et qui est
toujours en vigueur. Deferre, ministre de l’Intérieur, avait en charge la
décentralisation. Des pouvoirs de l’Etat sont donnés à des collectivités
territoriales. »
Gérard
Aschieri
L’histoire
de la fonction publique.
« Que doit-on faire pour les salariés des collectivités
territoriales ? Deferre et beaucoup d’élus locaux voulaient garder la
main-mise sur leurs salariés. Il y a eu un bras de fer. Anicet Le Pors a gagné
et on a construit une structure originale avec trois pans : la
territoriale, l’hospitalière et l’Etat, avec des particularités pour
chacune. »
Gérard
Aschieri
L’histoire
de la fonction publique.
« Mitterrand
a été hostile au statut de la territoriale mais il ne s’y est pas opposé. C’est
Charasse qui est intervenu. On l’a modifié sur le recrutement par concours. A
l’Etat, c’est par le mérite. Le premier reçu a la meilleure place. Dans la
fonction territoriale, on est reçu sur une liste d’aptitude dans mention du
rang. Les élus vont choisir dans cette liste sans que le premier soit sûr
d’être pris. »
Gérard
Aschieri
L’histoire
de la fonction publique.
« Que
sont les services publics ? C’est une réponse socialisée à des besoins
individuels et collectifs. Ils sont alimentés par l’impôt qui permet le
redistribution à travers les services publics. Et ils permettent de rendre
effectif des droits fondamentaux (santé, culture, etc.). On n’a pas accès
aux services publics en fonction de ce que l’on a payé.»
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« L’égalité
de traitement n’est pas toujours réelle. En matière scolaire, on réussit mieux
quand on vient d’un milieu aisé que quand on vient d’une famille issue de la
grande pauvreté. Les services publics
prennent en charge l’intérêt général et le long terme. Aujourd’hui, parler de
transition écologique, parler d’avenir du climat, implique de se poser la
question des services publics. Ce ne sont pas les initiatives privées qui vont
répondre à ces questions. »
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« Il
y a trois grands principes pour les services publics :
-
La continuité. Le service public
ne doit pas s’interrompre. Certaines catégories n’ont pas le droit de grève.
Mais il y a eu des attaques contre le droit de grève au nom de la continuité des
services publics. »
Gérard Aschieri
Fonction
publique
-
L’adaptabilité. Les services
publics ne sont pas faits pour rester à l’identique. Ils s’adaptent aux
besoins, au terrain, aux populations, etc.
-
L’égalité. Quel que soit le lieu où habitent
les usagers, leur couleur de peau, leur niveau de revenu, leur religion.
Ca implique la neutralité, la laïcité, l’absence de
discrimination. »
Gérard Aschieri
Fonction
publique
« Le
principe d’égalité justifie la mise en place des concours. On ne prend personne
à la tête du client. C’est l’égalité devant des épreuves. C’est contradictoire
avec la loi qui veut développer le recrutement contractuel. Et le mérite ?
Malheureusement, il y a des biais, y compris sociaux, même dans les concours. »
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« Distinction
entre le grade et l’emploi. Un fonctionnaire est recruté dans un grade :
professeur, secrétaire, attaché, ingénieur, etc. Il peut occuper un certain
nombre d’emplois. Si l’emploi disparaît, on conserve son grade et donc sa
rémunération. La carrière continue. C’est l’avantage. Mais la contrepartie,
c’est que le fonctionnaire va là où on lui dit d’aller. »
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« Le
fonctionnaire connaît une forme d’indépendance par rapport aux pouvoirs locaux.
C’est une garantie pour les usagers d’avoir en face d’eux des personnels qui
prennent en compte l’intérêt général et pas seulement l’intérêt du ministre qui
donne des ordres. »
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« Le
fonctionnaire ne fait pas ce qu’il veut. Il se conforme aux principes
hiérarchiques. Mais il est responsable de la manière dont il se conforme aux
instructions. L’enseignant a la liberté pédagogique. Il ne fait pas n’importe quoi.
Il y a des programmes, des instructions. L’enseignant prend une décision,
l’assume et il l’explique. Si cela ne marche pas, il rend des comptes. Ces
principes donnent des garanties aux fonctionnaires (ils ne sont pas des
privilégiés) et aussi à l’ensemble des usagers. »
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« Les
emplois publics. La France n’est pas hors des clous sur cette question. Elle
est légèrement au-dessus du Royaume-Uni, en-dessous du Canada, et très loin des
pays nordiques. Selon les pays, tout n’est pas dans le champ des services
publics.»
Gérard Aschieri
Fonction publique
« Quand il y a moins d’emplois publics, cela coûte aussi cher en prestations payées ou en terme de sous-traitance. Quand il y a des besoins, pour y répondre, il faut mettre de l’argent. Qui met l’argent ? Les individus ou la collectivité par le biais d’un système redistributif ? Quelle forme prend la réponse à ces besoins ? C’est là qu’il doit y avoir un débat politique. »
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« Les Etats-Unis ont le PIB le plus
important. C’est là qu’il y a le plus d’inégalité en matière de santé. Car c’est un système peu socialisé qui repose
sur la contribution des individus. Or quand des gens malades ne peuvent pas se
soigner, cela pose un problème pour tout le monde. »
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« La
grande pauvreté. En France et en Europe, donner des allocations n’est pas une
réponse suffisante. Il faut qu’il y ait de l’accompagnement des services
publics sociaux, entre autre. Les gens restent dans la pauvreté. Sans
services publics, on a des mauvaises solutions.»
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« Si
on regarde les défis de notre temps au niveau international, climat, énergie,
transmission des savoirs et de l’information, on aura besoin de formes qui
nécessitent de prendre en compte l’intérêt général et le long terme. L’addition
des initiatives particulières ne répondra pas à ces enjeux. »
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« L’avenir
est du côté des services publics. Y compris pour les salariés du privé, car distinguer l’emploi d’un certain nombre de droits liés au fait d’être salarié,
c’est porteur d’améliorations et de conquêtes nouvelles. C’est une des
raisons pour lesquelles le gouvernement cherche à mettre en cause le statut des
fonctionnaires.»
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« La
nouvelle méthode management public, en référence au « New Public
Management » méthode anglo-saxonne libérale. « Comment joindre
l’inutile au désagréable ? », livre d’Evelyne Bechtold-Rognon (En
finir avec le nouveau management public).
Dans
le public, on transpose les méthodes du privé avec individualisation maximum
des carrières, rôle de plus en plus important du supérieur hiérarchique direct
et suppression des CAP pour développer cela. On laisse l’agent en tête-à-tête
ou en confrontation avec son supérieur sans recours collectif. L’agent est
transformé en serviteur de son supérieur, ce qu’un fonctionnaire n’est pas, au
lieu d’être responsable de l’intérêt général. Le tout accompagné de
développement de méthode d’évaluations et d’objectifs de plus en plus étroits.
On pousse les agents à travailler pour les objectifs. Leur rémunération en
dépend. C’est remis en cause dans le privé. C’est développé dans le
public. »
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« Tous
les principes du statut sont contournés à travers des modes de gestion. Ca crée
de la souffrance professionnelle pour les agents. On parle des suicides dans la
police, après le développement de la politique du chiffre avec Sarkozy.
L’hôpital est un autre lieu de souffrance. »
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« Dans
la fonction publique, il y a une fonction collective. Ce sont des gens qui ont
un métier différent qui travaillent ensemble. Au lieu de travailler ensemble,
ça individualise le travail, avec chacun ses critères et objectifs. C’est le
cas de l’action sociale. Celui qui en a besoin fait face à une action sociale
fragmentée. »
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« Il
y a de moins en moins de fonctionnaires dans les ministères. C’est là que ce
sont fait les grosses coupes ces dernières années. Soit on a des agents
compétents et qualifiés dans leur domaine. Soit on voit ce que l’on connaît
aujourd’hui dans « les maisons dites de service ». Il y a souvent un
postier, deux ou trois ordinateurs. Et la personne présente explique aux
usagers quel ordinateur utiliser et vaguement comment se débrouiller avec. On
connaît l’illectronisme. C’est l’équivalent de l’illettrisme. Une partie
de la population ne sait pas se servir des services informatiques car c’est
compliqué ou que ça ne répond pas au besoin. C’est un recul.»
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« Le
tout numérique ouvre la porte à ceux qui veulent se faire de l’argent. Par
exemple pour la délivrance des cartes grises. « Parcours Sup » pour
l’orientation des lycéens permet le développement de boîtes de coaching. »
Parcoursupercherie
"Puisse le sort vous être favorable"
Parcoursupercherie
"Puisse le sort vous être favorable"
Gérard Aschieri
Fonction
publique
« Les
fonctionnaires doivent entendre les usagers quand ils sont critiques par
rapport à leur action ou ont décidé sur ce qu’il faudrait faire. On ne peut pas
demander aux gens de se battre pour les services publics puis leur dire
« Laissez-nous les gérer. » »
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« Le
numérique a besoin du travail pour fonctionner. Quand on remplit son formulaire
pour sa carte grise, on fait du travail
gratuit. Soit l’employeur, soit le service d’Etat en profite. Ce travail
est rendu invisible, fractionné, sous-payé. L’exemple le plus classique est
Uber. Pour fabriquer des logiciels, des gens font des petits gestes payés
quelques centimes. Tout utilisateur de Facebook fait du travail pour Facebook.»
Délivrance de la carte grise
Prix affiché par un prestataire privé dans une grande surface de la région.
Prix affiché par un prestataire privé dans une grande surface de la région.
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« Les
politiques ont largement sous-estimé la question du numérique. Ils ont pensé
qu’il suffisait d’aller chercher des prestataires de service pour faire des
programmes. Il n’y avait pas besoin de fonctionnaires qualifiés dans le
numérique. Ca a créé des catastrophes, comme le logiciel Louvois pour payer les
militaires. »
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« Il
y a nécessité d’une programmation en terme de besoins de recrutement dans la
fonction publique. Aujourd’hui, on regarde d’abord les coûts. On recrute en
fonction de la ligne des « déficits publics». Ca empêche de voir
l’avenir de la fonction publique. »
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« L’accueil
des enfants handicapés. Les personnels ne savent pas toujours faire. Mais il y
a un manque de personnel qualifié. Les AVS contractuel mal payés, c’est un
enjeu. Il y a un besoin de faire évoluer les qualifications et les recrutements
pour pouvoir répondre à ces besoins. Un effort est à faire à l’intérieur de la
fonction publique pour le recrutement de personnes handicapées. Les droits
des fonctionnaires sont inférieurs à ceux du privé. Je pense aux CHSCT qui ont
été introduits tardivement dans la fonction publique»
Sébastien
Jumel :
« Inclusion des élèves en situation
de handicap. Puisque les ministères ne nous donnent pas les chiffres et les
documents que nous avons demandés officiellement, j’irai donc dès mardi les
chercher moi-même, comme rapporteur de la commission d’enquête
parlementaire. »
05 19
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« C’est
le débat politique qui fixe les limites de l’intérêt général. Quand on regarde
l’histoire, il y a des domaines qui ne l’étaient pas et qui le deviennent
progressivement. Pour la transition écologique, pour le climat, cela va
évoluer. C’est l’ensemble des citoyens par leur vote qui vont le définir. »
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« Si
l’impôt est destiné à financer des services de mauvaise qualité, on ne va plus
vouloir payer. Je suis pour la réhabilitation de l’impôt. Et que les services
publics répondent aux besoins de tout le monde. Ils ne compensent pas non plus
les inégalités. Et ça n’aide pas à leur défense. Certains fonctionnaires
pensent que le statut leur appartient, sans penser à l’intérêt général. Ca n’aide
pas non plus. »
Gérard
Aschieri
Fonction
publique
« 20%
des salariés relèvent de la fonction publique et cela ne se balaie pas d’un
revers de manche. Les tentatives de réduire le nombre de fonctionnaires ont
toutes échoué. Les besoins sont une réalité et les agents publics y répondent. Un
autre point d’appui est la satisfaction, avec des nuances. 63 % ce n’est pas si
énorme mais c’est plus que la moyenne. C’est pourquoi nous rappelons les
principes qui ont des incidences concrètes. Par rapport à d’autres pays, notre
fonction publique est peu corrompue. Il y a des combats à mener. Je ne sais pas
si ils seront gagnés mais ils méritent d’exister.»
Hélène Bidard est élue Présidente d’E.C.V.F.
(…)
Forte de son solide engagement contre les violences faites aux
femmes, Madame Hélène Bidard souhaite mettre l’accent sur les
bonnes pratiques des collectivités. En novembre 2019 E.C.V.F.
décernera des prix aux collectivités les plus volontaristes,
c’est-à-dire consacrant une part significative de leur budget à
des actions destinées à l’égalité femme-homme et à la lutte
contre les violences faites aux femmes (obligation faite aux
collectivités territoriales de plus de 20 000 habitant.es).
Toutes les collectivités territoriales adhérentes, quelle que soit
leur taille, peuvent y candidater.
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10 21.
63% de femmes.
Plus 0,8% d'agent-e-s.
Plus de 20% d'agent-e-s non titulaires.
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154 personnes ont lu cet article.
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