jeudi 8 juin 2017

La reconstruction du Havre après le passage des bombardiers. Auguste Perret

La reconstruction du Havre.
La version des alliés pour justifier la destruction de la ville est la lutte contre l'occupant allemand. Je pense toujours et encore que les raisons économiques portuaires et la concurrence entre les ports de la  Grande-Bretagne, de l'Allemagne, de la Belgique et de la France sont entrées en ligne de jeu.
Le niveau de hauteur de la ville augmente d'un mètre. Cela correspond à la hauteur des décombres.
5 000 Havrais ont péri et certains corps sont en-dessous, non retrouvés. La reconstruction, après la seconde guerre mondiale, dans une période de pénurie, et sous la conduite de l'équipe d'Auguste Perret, durera 18 ans, au lieu de cinquante années attendues.
La carrière de pierre la plus proche est située à Caen. Il n'y a pas de pont sur la Seine. Le choix de la pierre n'est pas retenu. Le Havre était en briques avant la guerre. Ce choix n'est pas retenu non plus, sauf dans le quartier Saint-François. Il faut aller à l'économie. Ce sera le béton, avec des immeubles construits en angles droits couverts de  terrasses. De plus, la ville doit durer dans le temps.
Plus rien n'existe. Il n'y a plus d'infrastructure. Au total, une centaine d'architectes interviendra.
La peur de la perte de la mémoire du Havre d'avant existe. Les nouveaux plans reprendront ceux de la ville de 1840/1850. Le boulevard de Strasbourg n'a pas été détruit et témoigne du style haussmannien de l'époque du XIXe siècle.
Les anciens propriétaires qui ont tout perdu acceptent ce pari de modernité. Le gouvernement français souhaite que Le Havre soit une vitrine pour les étrangers provenant d'Amérique du Nord et du Sud, et qui débarquent en France par bateau. Si l'architecture de béton heurte la vue et les habitudes des anciens Havrais, le confort qui apporte l'eau et le chauffage dans les appartements plaisent aux nouveaux habitants du centre ville. C'est la consolation de la perte d'une ville aimée.
Les années passant, je trouve que les arbres atténuent cette vision bétonique et rectangulaire de la ville.


 Le pont ouest près de la centrale thermique s'abaisse. La chaussée est réunifiée. C'est le spectacle.




Sur le quai de Southampton, les containers s'exposent. Vincent Ganivet les a amarrés et ils rutilent. On les voit de loin! Ils deviendront un des symboles du Havre.


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Danse au théâtre municipal.
Hommage aux travailleurs du port.

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C'était la période de la reconstruction et les baraquements de tôle ondulée en forme de demi-lune que les Américains avaient construits après le débarquement pour héberger les soldats accueillaient des familles françaises en mal de logement sur diverses communes.

Le Havre avait été rasé à 80% par les bombardiers anglais. Le débat se poursuit encore maintenant pour expliquer les raisons de ce traumatisme par des historiens. Quoiqu'il en soit, ses habitants en ont été chassés, ils étaient partis à la campagne ou dans d'autres régions pouvant les accueillir, et quand ils sont revenus, il n'y avait plus rien pour les loger pendant de longues années. Ces logements de fortune ne pouvaient être que provisoires. Mais on ne reconstruit pas des centaines de maisons ou d'immeubles en quelques mois.

Les hostilités terminées, les pauvres se sont abrités sous les tôles grelottant l'hiver et suant l'été.

Cependant, un vaste plan de reconstruction de la ville a été mis en place. Un chantier à cœur ouvert. Une innovation pour l'époque. Des immeubles, des barres, du béton, des nouvelles rues et avenues, un chantier mégalomane, un cabinet d'architectes tournant autour d'Auguste Perret, un centre ville remis à neuf, tout fut revu à la baisse.

Puis, petit à petit, jusqu'à vingt ans après la fin de la guerre, tout le monde a été relogé.
Brigitte Masson




Jacques Lambert
Dessin, 1922
Proposition d’aménagement pour Paris, ville tours
Auguste Perret
Architecte
Pavillon de l’Arsenal
Paris

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Le Havre est une ville et un port traumatisés.

Les Anglais nous ont terriblement bombardés.

De la carte du monde, ils voulaient nous rayer.

Ah ça ! Des bombes, ils en ont lâchées…

J’imagine le travail des bombardiers,

Deux heures, huit cents avions en rangs serrés,

Lâchant quatre-vingt-mille tonnes de mort annoncée

Et de destruction totale programmée.

Tout cela, pour être au commerce les premiers !

Leur ordre : « Réduisez tout en poussière, détruisez ! »

A quatre-vingts pour cents, tout a été rasé.

Vous imaginez ce que cela fait ?

Des décombres, un immeuble troué émergeait.

C’est difficile d’imaginer que des esprits civilisés

Puissent échafauder des plans pour tout éliminer.

C’était une armada de la mort instantanée

Qui ne se souciait pas de sa cruauté.

C’était l’apocalypse annoncée

Uniquement dans leur seul intérêt.

De ce chaos, de cette violence, les Anglais en ont profité.

Tout le monde s’entretuait.

Les Allemands fuyaient.

Mais ce port qui prospérait

Les dérangeait.

Et malgré tout, j’aime encore les Anglais !

Mais il reste une trace ineffacée

De la douleur d’avoir été enviés.

Le Havre était une vieille ville usée

Qui, de ses cendres, s’est remontée.

Un à un, les murs se sont réparés,

Les étages ont été échafaudés.

De ses ruelles grouillantes et serrées,

De larges avenues ventées sont nées.

Puisque le bois pouvait brûler,

C’est le bêton qui l’a remplacé.

L’économie a repris, s’est échauffée.

Les conditions de vie se sont améliorées.

On vante la reconstruction.

Ce qui m’étonne, c’est l’oubli généré.

On a fait comme si de rien n’était.

Du commerce, on a repris ses activités.

Le port s’est amplement développé,

Au point qu’en conteneurs, nous étions les premiers !

Cela permet d’oublier…

Au nom de cette sacro-sainte prospérité !

On vante les qualités du bêton armé…

On a cru qu’il n’allait pas s’effriter

Ou qu’il ferait peur aux bombardiers…

J’ai habité dans un vieux quartier

A la recherche de l’âme effacée.

En 1805, cette maison était née.

Elle avait traversé le temps sans casser.

Avant moi, des générations y avaient habité.

Mais comme pensait François Premier :

« La salamandre, après les cendres, renaît… »

Brigitte Masson.

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Toujours pas d'excuses des Grands Bretons!
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Atelier Auguste Perret

Perspective axonométrique d'un immeuble

Dessin à l'encre et pierre noire sur calque.

Non daté.

Le Havre

MUMA

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Auguste Perret

Le Havre

MUMA 

Photo France Culture - AFP

Fils d'un tailleur de pierre communard.

Il fut le premier à oser le béton jusqu'alors réservé pour la construction d'immeubles.

Il mit en valeur ses structures et ne les cache pas.

Il utilise les matériaux de son temps pour des raisons économiques.

Le béton lui permet de réaliser ses rêves d'architecte.

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Le Havre 

Quai Southampton 

Café et car ferry

Une girafe trône.

Mon montage.

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F.A. Pernot

Port du Havre

Vers 1840.

Villequier

Musée Victor Hugo

Maison Vacquerie

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