dimanche 12 mai 2024

Svetlana Alexievitch - Les cercueils de zinc

 

Svetlana Alexievitch

Les cercueils de zinc

Actes Sud -2016 en russe – 2018 en français.

 

Le mot « salaud » pour désigner l’être humain revient souvent dans les témoignages. « Notre propre socialisme s’écroule » (p 246). Le retour d’Afghanistan a été difficile pour les survivant-es. Iesl ne rentrent pas en héros, la guerre étant perdue.

 

Sous Gorbatchev, des mères  se jetaient avec désespoir sur ces boîtes métalliques aveugles. Aujourd’hui, elles appellent les jeunes garçons à accomplir leur devoir envers la patrie (p 20).

Les enterrements avaient lieu la nuit, en secret (p 38).

L’uniforme placé dans le cercueil était souvent vide. Le cercueil était lesté de terre pour faire du poids (p 40).

Les mères ne peuvent pas ouvrir les cercueils. Les corps sont déchiquetés (p 81).

 

 

S’entretuer, même en temps de guerre, est un crime (p 26).

Le droit de l’humain de ne pas tuer n’est inscrit dans aucune constitution (p 27).

« Je ne sais pas si je suis un héros, un imbécile ou un criminel (p 41).

Les soldats collectionnaient les oreilles séchées des ennemis (un grenadier russe). (p 41).

Les Afghans châtraient les soldats russes : « Vos femmes n’auront pas d’enfants d’eux ». p 216).

« Personne l’aime, cette guerre ». Peut-on aimer la guerre ?  (Une infirmière). (p 162). L’Afghanistan était un hachoir, un abattoir (p 51).

La guerre ne rend pas les gens meilleurs. Elle les rend pires (Un soldat, p 85).

A la guerre, j’ai compris qu’il n’y avait pas grand-chose d’humain dans un homme. (Un artilleur-pointeur, p 176).

N’inventez pas de héros. Parlez plutôt d’amour. (Un pilote de chasse, p 185). Il a perdu sa femme cinq ans après son retour, à cause de son alcoolisme.

A la guerre, on est contraint de faire le contraire de ce qu’on a appris dans le civil (Un radio, p 189).

Il y avait des épidémies d’auto-mutilations avec des coups de feu dans les genoux, dans les doigts (Une infirmière, p 198).

Un  lieutenant a des prunelles qui tournent frénétiquement à cause d’un éclat d’obus qui s’y balade (p 208).

A l’armée, on obéit aux ordres du matin au soir (p 225).

L’alcool permettait de compenser la tension, de se déconnecter, de décompresser. (p 242).

 

1988 - Une Afghane criait comme seules peuvent le faire des bêtes blessées, à genoux devant un enfant mort (p 25).

Une petite fille afghane a eu les deux mains coupées car elle avait accepté un bonbon d’un soldat russe (p 124).

Des Afghanes ont tué à coups de pioches des soldats russes qui leur demandaient de l’aide (p 223).

 

Les soldats hommes sont persuadés que les femmes soldates vont avoir peur. (p 30).

Les femmes soldates sont surnommées « wagonnettes » car elles étaient appelées par les huiles (commandants) qui vivaient dans des wagons. Maman, ta fille est une putain. (p 121).

Toutes les femmes n’étaient pas des putains ou des « Tchékistes* » (Une employée, p 246).

* (Communisme) Membre de la Tchéka. (Par extension) Membre de la police politique d'un régime communiste.

 

 

Les soldats russes se maltraitent entre eux ou s’entretuent. Il n’y a aucune fraternité (p 99).

Les nouveaux doivent lécher les bottes des anciens, ou mourir si ils refusent. C’est pour les casser dès leur arrivée en Afghanistan (p 100).

Dans les histoires des Vikings, ils étaient honteux de mourir dans leur lit. Dès cinq ans, on élevait les enfants pour la guerre (p 107).

Cauchemar d’un soldat russe de retour en Russie : on le visait en plein front, pour emporter la moitié de sa tête (p 44).

 

Dostoïevski.

« Une bête sauvage ne peut être aussi cruelle, aussi artistiquement cruelle que l’homme ». (p 26).

Les Frères Kamazarov.

 

« La conviction et l’humain (l’homme) sont, semble-t-il, deux choses qui diffèrent beaucoup… Tout le monde est coupable…si tout le monde en est persuadé ». (p 29).

Les Démons.

 

Là-bas, je ne pouvais pas lire Dostoïevski que j’aime tant. C’est trop sinistre. (Un conseiller militaire, p 61).

Avant l’armée, Dostoïevski et Tolstoï m’apprenaient à vivre. A l’armée, c’étaient les sergents. (Un infirmier chef, p 72).

 

 

Humour :

« Baba Yaga fait la guerre en Afghanistan. Au bout de deux ans, elle porte un jean délavé. 

Contente, Baba Yaga rempile pour une troisième année.

-         Tu es folle, Baba Yaga !

-          C’est en Union Soviétique que je suis Baba Yaga. Ici, je suis Vassilissa la Belle. »

-          

Baba Yaga est cruelle. Elle a mis une petite fille dans le four (p 140).

 

 

 

Chansons :

Chanson de hussards (p 181).

« De Tambov à Vienne,

De Bordeaux à Kostroma,

On aime les femmes des militaires ».

 

En Russie, le camp de Tambov, où furent internés de nombreux Alsaciens et Lorrains pendant la guerre, est un sujet polémique. (Cuej info).

 

 

Chanson populaire (p 241) :

« Notre adresse, ce n’est ni une maison ni une rue, notre adresse c’est l’Union Soviétique ».

 

En 1972, le groupe Samotsvety, aux allures pop (veste jaune, guitare électrique, pantalons à pattes d'éléphant), eut du succès en chantant sur un rythme allègre la fierté d'être soviétique avec Moï adres sovetskiï soyouz (Mon adresse est l'Union soviétique) : « Mon adresse, ce n'est ni un immeuble, ni une rue. » (Open edition book).

 


Moï adress Sovietski Soïouz (Mon adresse est l’Union soviétique, 1972).

Probablement la chanson la plus célèbre sur l’Union soviétique ! Elle était chantée par l’ensemble vocal-instrumental Samotsvety, et même malgré l’effondrement de l’URSS, elle fait toujours partie de leur répertoire.

« Mon adresse n’est ni une maison ni une rue,

Mon adresse est l’Union soviétique »

 

 

Chanson, p 251 :

« Messieurs les officiers, superbes chevaliers !

Je ne suis pas le premier,

Ni ne serai le dernier. »

 

Le Menu :

A table Messieurs les Officiers !

Vos gueules Messieurs ! - Le cornard sur la ligne. Voici le menu en date du ... de l'an de grâce ... à ... h

Le ... est à ...
...

Bon appétit Messieurs les Officiers ! (Bon appétit vil troupeau). Foutez-vous en plein la gueule. Que la première bouchée vous régale, que la dernière vous étouffe et ce , dans l'ordre hiérarchique inverse, afin de faciliter, par là, le jeu normal de l'avancement dans l'armée française, ce dont je serai d'ailleurs le dernier (et ô combien indigne) bénéficiaire.

Les Officiers répondent : "Mort à ce cochon de popotier, et qu'il en crève !" (Lebibs. Free).

« Coule la Volga » chantée par Ludmila Zykina, p 106.



Lioudmila Zykina, "Coule la Volga " "Течет Волга"

 

« A la douane, on m’a effacé des cassettes où j’avais enregistré un concert de Rosenbaum », p 145.

Chanteur poète et underground des années 1980.

Le multi-instrumentaliste russe Alexandre Rosenbaum commence à écrire en 1968. (Apple music).

Chaque morceau déroule un récit, vous invitant à découvrir la profondeur des émotions et des histoires tissées dans le tissu de l'histoire soviétique et russe. (Etsy).

 

Chanson afghane : (p 210)

« Dis-moi pourquoi et pour qui nous avons donné notre vie.

Pourquoi la section est partie à l’assaut sous les tirs de la mitrailleuse. »

 

 

Une chanson préférée ( p 147) :

« La nuit je rêve de ma maison natale,

D’une clairière parmi les sorbiers.

Je compte du coucou le cou-cou répété…

Trente, quatre-vingt-dix, cent,

Tu es bien généreux coucou. »

 

Le procès de 1993, en Biélorussie.

Il sera abandonné ou perdu par les personnes qui ont regretté leur témoignage dans ce livre.

« Les Russes sont montrés comme des pilleurs, voleurs, drogués, violeurs, n’épargnant ni vieillard, ni enfant ». (p 265).

Le KGB a fait signer le secret militaire. (p 270).

Une mère ne veut pas de la vérité de l’autrice. Elle n’en a pas besoin. (p 272).

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Hommes axés sur leurs propres besoins et désirs.

"Les hommes ne consolent pas les femmes de leurs malheurs. Ils exigent, ordonnent, s’en moquent, ne les écoutent pas. Ils ne pensent  qu’à leurs seuls désirs et besoins. "

Mon dessin.
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