Sebastian Haffner
Histoire d'un Allemand
Souvenirs (1914 – 1933)
Editions Actes Sud – Collection Babel
2000 - 2003
Page 200 :
«Il n'y eut que panique, fuite éperdue, apostasie. En mars 1933, des millions de personnes étaient encore prêtes au combat. Du jour au lendemain, elles se retrouvèrent sans chefs, sans armes, trahies.
Cette terrible capitulation morale des chefs de l'opposition est un trait fondamental de la « révolution » de mars 1933. Grâce à elle, les nazis eurent le triomphe facile.
IL explique que la Révolution française ou la guerre d'Espagne ont permis l'héroïsme et la grandeur humaine dans les deux camps en présence:
"Quelle que soit l'issue, la bravoure avec laquelle on a combattu demeure dans la conscience de la nation comme une inépuisable source d'énergie. (...)"
"Le Troisième Reich est né de cette trahison de ses adversaires et du sentiment de désarroi, de faiblesse et de dégoût qu'elle a suscité. »
Page 426 :
L'auteur explique comment le peuple allemand a pu devenir barbare collectivement. Il pense que la camaraderie, « virile, inoffensive, tant vantée, est un abîme diabolique des plus périlleux». Il ajoute que « les nazis savaient bien ce qu'ils faisaient en l'imposant comme forme normale d'existence ». Il est certain « que les Allemands, si peu doués pour la vie individuelle et le bonheur individuel, étaient terriblement prêts à l'accepter, à échanger les fruits hauts perchés, délicats et parfumés de la dangereuse liberté, contre cet autre fruit (…) hallucinogène d'une camaraderie généralisée, globale, avilissante. »
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"Vivant la même apathie que des millions d'autres individus, je laissais venir les choses. Elles vinrent."
Sebastian Haffner
Camp des Milles
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