mercredi 7 novembre 2018

On ne peut pas tout avoir. Oui ? Mais….Le Meufisme


On ne peut pas tout avoir. Oui ? Mais….

Il voulait changer de vie.
Tonio était un jeune homme courageux et vaillant. Le travail ne lui faisait pas peur. Il était le fils aîné de la mère Tablurion, une des plus belles femmes dans tout le pays. Elle était une forte tête avec de la gouaille. Rien ne la troublait et elle répondait du tac au tac. Mais elle avait fort  à faire avec toute sa marmaille et son travail de lavandière lui rapportait tout juste de quoi ne pas mourir de faim, tout juste assez pour nourrir cette nichée. Si ses mains étaient craquelées, il valait mieux ne pas recevoir une ristourne qui claquait sur les joues car elle était un peu irascible. Les enfants ne s’en approchaient pas.
Tonio vieillissait. Il était benêt, mais ça ne l’empêchait pas de garder les vaches dans les champs ou de se faire employer dans les fermes pour des travaux journaliers. Il aimerait maintenant se marier et fonder une famille. L’heure tournait et c’était à son tour de s’installer. Sa mère aurait une bouche de moins à nourrir. Seulement… oui, il y a toujours un « oui, mais »…son pied bot et sa grosse bosse sur le front qui n’avait pas diminué depuis sa naissance rebutaient les demoiselles. Il était amoureux de la belle Manon, mais elle le toisait de haut et se moquait de lui quand il avait le dos tourné. Quel malheur !
Le soir, à la nuit tombée, une fois couché sur sa paillasse, il pleurait parfois.
« Oh ! Je voudrais être beau, rien qu’un jour seulement ! Et pourquoi pas être intelligent aussi ? Mais comment faire quand je ne possède rien, pas même une masure ? »
C’est à la suite d’une telle séance de sanglots qu’apparut dans sa chambre une fée. Elle lui dit :
 « Je sais que tu ne connais pas la chirurgie esthétique, lui dit-elle. Plus tard, les humains l’utiliseront pour corriger leurs défauts physiques. Si tu es d’accord avec ma proposition, je t’éviterai ainsi les douleurs post-opératoires, et les angoisses de la guérison. Tu connaîtras tout de suite, avec ma baguette magique, le résultat de ta transformation. Pour l’intelligence, le traitement du cerveau par l’opération cervicale iconique n‘est pas encore au point. Qu’est ce que c’est ? Ce n’est pas une lobotomie. Non ! C’est vrai que tu ne peux pas connaître la lobotomie non plus. Disons pour simplifier que c’est plutôt un nettoyage des connexions neuronales qui remet le cerveau d’aplomb en intervenant sur les neurones déficients. La myéline est reconstituée, les liens réaffirmés et tout repart ! Mais moi, je vais le faire sur toi, sans anesthésie, directement par l’impulsion radicale et ferme de ma main. Je possède ce pouvoir. Et puis, je suis généreuse aujourd’hui. Je vais te faire faire des économies. Avec tes quelques deniers épargnés dans ta misérable bourse, tu ne pourrais pas t’offrir un tel luxe médical. Garde-les pour la cérémonie du mariage.»
Elle tourna autour de Tonio, évaluant mentalement les qualités et les défauts de celui-ci, et elle rajouta :
« Je peux t’aider. Je t’entends souvent pleurer. Tes pleurs sont parvenus dans le brouhaha cosmique jusqu’à mes oreilles. Mais si tu veux que mon aide dure, tu dois épouser ma nièce. Tu la connais. Elle s’appelle Françoise. Elle est orpheline de père et atteignant la semaine prochaine ses dix-huit ans, elle peut se marier rapidement. Sa mère et moi-même serons soulagées de la savoir casée. Mais sache que si tu divorces ou si tu l’abandonnes, tu recouvreras ton aspect de maintenant, et tu retomberas  dans ton désespoir. Je te préviens tout de suite, Françoise a un caractère bien trempé.»
Tout à coup, elle regarda sa montre.
« Oh, la, la ! Je te la fais courte. J’ai reçu un autre appel de sauvetage en urgence. Il s’appelle Mathias. Bon, je ne voudrais pas te presser mais tu as trois secondes pour donner ta réponse. Alors, c’est oui ou c’est non ? »
Le pauvre Tonio est éberlué. Sous le choc, il découvre que les fées existent vraiment, qu’il ne peut plus pleurer tranquillement sans être entendu par une oreille mystique dans l’espace sonore intersidéral, et qu’il doit se décider illico presto à se marier. Ca fait un peu beaucoup pour son petit cerveau qui fonctionne au ralenti. Il commence à lever la main dans un geste de désespoir et la fée la saisit.
« OK ? Tope-là ! Ton avenir est assuré. Tous tes vœux seront exaucés. »
Il faut vite réagir. Tonio peut encore retirer sa main et poursuivre sa vie comme maintenant. Tout défile devant ses yeux à trois cent quatre-vingt-dix mille kilomètres par seconde. Est-ce que sa mère l’aimera toujours en étant plus beau et plus intelligent ? Devra-t-il renoncer à Manon quand il aura épousé Françoise ? S’entendra-t-il avec elle ? Sera-t-il plus heureux ? Mais, la curiosité est un vilain défaut, et tope-là, c’est parti pour la transformation ultra rapide.
Aussitôt dit, aussitôt fait, la fée le transforme, puis disparaît.
Il cherche un miroir.
« Oh, la, la, François 1er, à côté de moi, va sembler palot. Quelle virilité emplie de charme sensuel et teintée d’une tonne de clairvoyance ! Ca y est ! Eurêka ! J’ai tout ce dont j’avais rêvé…. »
Mais une petite voix intérieure lui rappelle qu’il doit se marier rapidement. Il se dirigea vers la maison de Françoise. Comment lui présenter sa mutation physique ? Quelle histoire lui raconter ? Il ne sait pas encore comment il va s’en sortir, mais il a un cerveau performant. Sa confiance en lui est gonflée à bloc. Go !
Toc, toc, toc
« Qui c’est ? » hurle Françoise.
« C’est moi, Tonio. Est-ce que je peux entrer ? » Et Françoise découvre le nouveau visage de Tonio, tombe raide amoureuse de lui et oublie de lui demander comment il a pu obtenir cette amélioration. Tonio voit dans quel trouble se débat Françoise et veut profiter de cet avantage. « J’aimerais t’inviter au bal samedi prochain, » lui propose-t-il. Elle minaude, fait l’effarouchée, balance ses mains devant elle. Il insiste, elle accepte, le rose aux joues. L’affaire sera facilement conclue. Ah, oui, la beauté aide à résoudre les problèmes et à ouvrir de nouvelles portes habituellement fermées…
Au bal, toutes les filles courent derrière lui. Une ritournelle de noms de danse parcourt son esprit. Ses pieds l’entraînent parmi la ribambelle humaine. Quelle joie ! D’où cela lui vient-il ? Il s’en moque, il savoure. Oublié le Tonio avec sa bosse sur le front. Son pied bot devient un lointain souvenir. Il connaît les chorégraphies de toutes les danses anciennes et modernes. Les forlanes, rigaudons, menuets,  rocks,  paso doble et  bourrées n’ont plus de secret pour lui. L’anachronisme ne l’étonne même pas ! Il savoure avant tout, il réfléchira après.  Les jeunes filles se pâment, virevoltent autour de sa belle personne, elles se font remarquer et attirent son attention. Elles sont à deux doigts de lui sauter au cou. La rumeur d’un héritage provenant d’une richissime tante lointaine se répand sur toutes les bouches. Les plus vieilles villageoises imaginent qu’il a fait appel à un docteur miraculeux avec cette manne providentielle. A sa nouvelle beauté s’ajoute la richesse.  Mais Françoise veille sur sa proie et le protège des tentatives d’agressions féminines concurrentes. Françoise n’est pas dupe. Elle ronge son frein. Tonio est pour elle et tant qu’elle ne lui aura mis la corde au cou, elle affiche un sourire éclatant qui cache ses sentiments négatifs. Gare à la vengeance ! Elle se connaît, elle ne pardonnera aucune incartade.
Premier baiser entre Françoise et Tonio, déclaration d’amour et demande en mariage. Tonio est pressé. Il ne veut plus reprendre sa forme d’avant. Sa vie a changé et il en est tout heureux. C’est la première fois de sa vie. Il n’en dit pas plus. Ca ne sert  à rien. Il ne se pose plus de questions. Il est beau, intelligent. Ca lui suffit.
Le mariage aura lieu le mois suivant. Momentanément, le caractère de Françoise s’est adouci. L’amour lui donne des ailes, et elle a peur de montrer son vrai visage qui pourrait faire fuir Tonio.
Ca y est, les bagues aux doigts sont échangées. Ouf ! Chacun peut souffler. Il doit maintenant satisfaire sa femme en tous points au risque de revenir à son ancien statut qu’il ne veut plus recouvrer. Elle va pouvoir exercer son emprise sur lui car elle sent qu’elle peut en profiter, sans en connaître les vraies raisons. Mais elle ressent sa peur, alors qu’il étale sa culture, même s’il possède une voix chaude et quand les femmes sont toutes amoureuses de lui.
Et la première torture infligée va bientôt commencer. C’est la pire. Il est séduit par toutes ces demoiselles qui virevoltent autour de lui, mais il ne peut pas y toucher. Il doit censurer sa convoitise naturelle. Elles lui sautent au cou. Il n’en peut plus.
Dans la gente féminine, le bruit court que la cerbère surveille de très près sa victime. « Oh ! Comment ruser et approcher cette beauté sans s’attirer les foudres de la harpie de Françoise ? » « Tonio, as-tu une seconde pour respirer sans ta sorcière ? » ou bien « Dis, chéri, tu irradies toutes les ions positifs de l’ardeur passionnelle ! ». S’il noue une relation avec une de ces jolies femmes, la sienne va l’attendre le soir à la maison. Vous connaissez la mégère apprivoisée décrite par Shakespeare ? Elle n’est rien par rapport aux réactions de  Françoise.
«  - D’où viens-tu ?
-         Heu, je reviens du travail.
-         A cette heure-là ?
-         Le chef m’a retenu pour faire le bilan de mon travail.
-         Et à qui appartient cette nouvelle odeur sur le col de ta chemise ?
-         Quoi ? Tu m’accuses d’infidélité ? »
Et pan ! Comme dans le théâtre de Guignol, elle lui assène un coup de bâton sur la tête. Le pauvre en est tout abasourdi. Il chancelle et tombe dans les pommes. Le voilà dans de beaux draps. Enfin, il aurait préféré les partager avec une demoiselle douce et sensuelle. Il ne  revivra pas cette scène. Il n’aime pas les coups.
Plus tard, lors d’une réception dans la mairie de la ville où ils habitaient, il offrit une coupe de champagne à la si jolie femme du premier adjoint. Qu’elle est affriolante avec son petit museau entouré de si délicates tâches de rousseur qui lui donnent un air poupin. Ses grands yeux de biche le regardent, que dis-je ? le dévorent avec un appétit visible par tous. Françoise a remarqué le manège. Elle sent la colère monter en elle au point de ne plus pouvoir la contenir. Alors qu’un serviteur discret lui remplit sa coupe de champagne, elle la déverse sur la jolie moumoute de la dame et le champagne coule lentement sur son visage, suit le tracé du cou et se déverse sur la robe de soie et de dentelles. Lamentable, horrifiée, vexée, la malheureuse victime s’enfuit dans les toilettes, en pleurs.
« - Et voilà ! Je crois que tu as compris que je suis chatouilleuse par rapport aux bonnes conventions sociales.
-         Mais, ma chérie ! Je n’aime que toi, tu le sais bien.
-         Oui, c’est ce que je veux voir et constater tous les jours. »
Et c’est encore un interdit qui est posé par sa femme. Décidément, la vie de couple n’est pas drôle tous les jours.
Après la naissance des deux aînés vient une petite fille, une poupée ravissante, avec des cheveux blonds dorés qui forment une cape d’or autour de ses épaules. Elle devient en grandissant charmeuse, spirituelle. Les parents veillent à l’éducation des trois enfants. Ils ont des maîtres de musique, de danse, de latin, de grec, de russe, de français.
Mais le démon de midi tanne Tonio. Il ne peut plus sortir. Toujours à conduire les enfants sur les lieux sportifs, à la piscine, au football, à l’escrime. Toujours sur la route pour mener les enfants aux goûters d’anniversaire, au cinéma, à la patinoire. Il n’a plus un moment pour lui et il ne peut pas profiter de sa beauté auprès des femmes. Et pourtant, parmi les professeurs, il en trouve de bien jolies…
Alors, il s’inscrit sur les réseaux sociaux. Il ouvre un compte sur quatre sites principaux et importants. Je ne vous les cite pas, vous les connaissez. Evidemment, il va tomber amoureux d’une jeune femme très séduisante par ce biais. Il roucoule, se pavane, fait des allusions sexuelles discrètes, drague. Il est beau comme un dieu, elle va céder à l’amour. Jusqu’à ce que Françoise s’aperçoive de ce qui se trame derrière son dos.
« Ah ! Le gredin va voir ce qu’il va voir ! » Sa vengeance va s’abattre sur le bellâtre avec une violence inouïe.  Elle monte les enfants contre leur père. Elle leur répétait à longueur de journée : « Saviez-vous qu’il vous avait fait du mal quand vous étiez bébé ? » ou bien « Il ne dépense pas d’argent pour votre éducation, c’est moi seule qui paie pour vous ». Elle le dénigrait, le critiquait, le rabaissait, le niait, l’humiliait devant ses enfants. Alliés de leur mère, les bras armés de sa vengeance, les enfants se détournèrent du malheureux Tonio qui n’eut d’autre recours que de fermer un  à un tous ses comptes sur Internet et cesser sa relation amoureuse illégale.
Il découvre ce que signifie la sensation d’être malheureux en amour.
« - Chérie, j’aimerais visiter l’Afghanistan, susurre-t-il.
-         Hum ? Oh, moi, j’aime rester  à la maison.
-         Mon cœur, j’aimerais voir la nouvelle comédie musicale qui cartonne en ce moment, suggère-t-il.
-         Bah, il y a la série que j’adore à la télévision tous les soirs. Je ne veux pas la rater.
-         Ma belle, j’aimerais t’inviter au restaurant pour notre anniversaire de mariage, annonce-t-il joyeusement.
-         Oh la, la ! Quelle idée ! J’essaie de perdre le kilo que je viens de prendre et mon régime ne va pas me permettre cet écart alimentaire. »
Le rire ne fuse plus. Le caractère épouvantable de sa femme pèse sur sa vie qui est devenue un enfer. Il aimerait changer de vie, mais se refuse de faire appel à la fée. Il réprime dans sa tête ses pleurs. Il sait qu’il va être entendu et plus que tout, il ne veut pas redevenir célibataire, laid avec un cerveau limité. Si elle est dure avec lui, il doit serrer les dents et subir. Si elle a des paroles inattendues, il doit s’adapter. Si elle prononce des mots qui veulent l’anéantir, il doit résister et tenir. Si elle n’est pas la reine des douceurs, c’est à lui de se les procurer lui-même. Si elle est indifférente à sa vie, il peut lui en donner un sens positif et la valoriser à ses propres yeux. Françoise est prévisible et régulière dans sa haine pour lui. Son égocentrisme ne lui permet pas de s’intéresser à son conjoint. Mais il peut transformer cet enfer en une vie plus souple, plus agréable, où chaque petit détail peut être transformé en une joie secrète et certaine.
Certains matins, quand il voit sa belle mine défaite dans la glace, il se maudit de ce marché de dupe. D’autres jours, son humeur oscille, et il est heureux et resplendit de bonheur. Cependant, avec le temps, il s’aperçoit qu’il ne parviendra pas à aimer les défauts de sa compagne. Il est sur le qui-vive, il s’attend toujours au pire avec elle. Il n’est pas parvenu à la dompter. Pire, c’est lui qui est dominé par la rage. Il ne peut plus aller dans les manifestations sportives ou festives par crainte des scandales qu’elle provoque. Elle voulait le garder pour elle seule et elle est parvenue à ses fins. La vie de Tonio est terne, lui qui rêvait d’éclat, de beautés, d’innovations, de curiosités. Il ronge son frein. Tant que Françoise aura la main mise sur lui, il ne pourra pas être aimé par une autre femme, n’accèdera pas au pouvoir.
Comment résoudre son dilemme ?
Il a songé au suicide. Il ne peut pas, il n’a pas le droit. Ses enfants ont besoin de lui. Et puis, ce serait lâche de ne pas se battre. Il doit vivre pour conquérir sa dignité. Son combat est silencieux. Il ne peut ouvrir son cœur à personne. Qui l’écouterait sans se moquer de lui ? Un homme humilié par sa femme, cela n’existe pas dans l’imaginaire collectif….  « Oh, dans quel malheur vis-je ? Je ne peux plus me plaindre. Et pourtant, mon cœur en aurait besoin pour que le fiel s’en écoule et ne pourrisse pas mon organisme », se morfondait Tonio.
Le problème est faustien. En lui inoculant l’intelligence et la beauté, son âme a été infectée par la culpabilité, le remords et le doute. « C’est terrible. Je pensais à tort que toutes les portes de la réussite, de la gloire me seraient ouvertes et que l’on m’attendait. Malheureusement, je constate que je suis sous l’emprise d’une méchante femme et qu’elle me tient et me contraint à une vie étriquée et terne», pensait-il.
Voilà. Quelle fin souhaitez-vous pour lui ? Heureuse ? Malheureuse ?
Malheureuse ?
Imaginons que Tonio ait des envies de meurtre. Il y pense, envisage toutes les possibilités. Tuer sa femme seulement ? Pourquoi ne pas tuer aussi les enfants ? Puis partir vite et changer d’identité aussitôt. Sa cavale durerait toute sa vie future. Il sait que c’est difficile psychologiquement et financièrement.  Dernièrement, il a lu dans la presse qu’un caïd marseillais de la drogue venait de se rendre au commissariat pour faire cesser sa cavale qui a duré douze longues années. Il n’en pouvait plus de cette errance solitaire et de cette traque. Aura-t-il la force de caractère pour tenir toute sa fin de vie ?
Imaginons une autre possibilité. Sa femme est une dure à cuir. Elle ne meurt pas la première grâce à sa santé de fer qui lui permettra de vivre vieille, très vieille, trop âgée. Tonio se morfond dans leur maison pendant tout ce long temps qui ne passe pas. L’ennui s’installe. Il se meurt enfin de chagrin et de désespoir.
Heureuse ?
Imaginons qu’il trouve l’amour avec une dame sincère, tendre, généreuse, disponible. Françoise étant morte de maladie, il peut enfin convoler en secondes noces. Avec Manon, son amour de son adolescence, qu’il n’a pas réussi à oublier ? Mais est-elle encore disponible ?
Allez, revenons sur terre. Il restera avec sa femme. Malheureux, peut-être, mais c’est le moindre mal qu’il puisse supporter dans sa vie future. « Et si j’arrêtais de me morfondre ? Chérie, viens par ici, j’ai quelque chose d’important à te dire ! ». Ouh la, la ! Les temps changent, le ton aussi.
Il lui explique que l’amélioration de son  physique et de son intellect a été opérée par une fée. Il hésite à revenir à son ancien état, car il n‘en peut plus de sa méchanceté. « Si tu continues à être injuste avec moi tous les jours qu’il me reste à vivre, tu vas devoir supporter un être avec quelques tares physiques et de plus limité intellectuellement. Ce sera ta punition ! Je vais tellement pleurer et implorer l’aide de cette fée qu’elle me remettra dans mon état initial. »
«Il te suffit de pleurer un peu trop fort dans ton lit pour que cette satanée fée apparaisse et te transforme ? Qu’est-ce que je dois faire pour éviter ceci ? Etre gentille avec toi ? Eviter d’être injuste ?  Mon chéri, je t’aime et je vais faire de ta vie un paradis sur terre ! Non ! Ne redeviens pas laid et stupide.»
Cette fois-ci, Françoise comprend très vite qu’elle peut mener une vie avec un gros boulet et elle change son fusil d’épaule. Les rôles sont inversés…Oui, elle peut être méchante, mais elle sait que si elle continue, elle va creuser elle-même sa tombe.
Heureux, Tonio ? S’il ne l’est pas, il n’est plus malheureux. Et c’est dans son cas un moindre mal.
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Le Meufisme éveille au féminisme en flinguant les poncifs et autres clichés machos à coup d’humour décapant et de second degré assumé. Entre les Femen et Simone de Beauvoir, irrésistible.
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Que faire pour paraître viril ? Les hommes ont-ils des défauts ?


EP 2.6 : HOMMELETTE - Le Meufisme




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Masque Mwamma
Population Agbo du nord ou Idoma
Nigéria
20e siècle
Bois, pigments, fibres végétales
 La coiffure sophistiquée, les délicates scarifications évoquent la beauté féminine. Ce masque est qualifié de « enfant de la beauté ». Il était néanmoins porté par un homme habillé d’une tunique et d’une jupe en fibres tricotées et teintes. Le danseur imitait la démarche et les gestes féminins.
Musée du Quai Branly
Paris

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Louis-Marie Baader 
Lannion, 1828 -  Paris, 1919.
L'heure du goûter 
Huile sur toile.
Rennes 
Musée Beaux-Arts
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Rebecca West, (Londres, 21 décembre 1892 - Londres, 15 mars 1983), dont le véritable prénom était Cicely Isabel Fairfield, est une femme de lettres et féministe anglo-irlandaise célèbre en tant que romancière. Auteur prolifique et éclectique, elle écrivit des essais et des articles pour The New Yorker, The New Republic, The Sunday Telegraph, et The New York Herald Tribune. Elle fut aussi une correspondante importante du Bookman.

 

WEST. REBECCA. (1892-1983) Cecily Isabel Fairfield est née dans le comté de Kerry, en Irlande, le 25 décembre 1892. Elle avait dix ans lorsque mourut son père, Charles Fairfield, officier de l'armée et correspondant de guerre. Sa mère était pianiste de grand talent.

 

"Je n'ai jamais réussi à définir le féminisme. Tout ce que je sais, c'est que les gens me traitent de féministe chaque fois que mon comportement ne permet plus de me confondre avec un paillasson.".

 
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