Félicité Herzog
Un héros
Editions Grasset – 2012
Elle n’est pas tendre avec son père. En 1950, l’équipement d’un alpiniste n’était pas du tout aussi performant que celui de maintenant.
Elle reproche à son père d’avoir insisté pour aller au sommet de l’Annapurna, coûte que coûte. Mais avait-il le choix, une fois l’expédition mise sur pied et financée?
Félicité reproche à son père d’avoir perdu ses gants, une fois arrivé au sommet. Epuisé après l’ultime effort effectué, il a relâché la pression et oublié les conditions de sa sécurité. Il était peut-être drogué aussi et il n’est qu’un humain, après tout.
Valait-il mieux perdre ses doigts et ses pieds tout en étant perdant ? Imaginez la descente en n’ayant pas vaincu…Le sacrifice corporel aurait été doublement inutile.
Félicité Herzog affirme que Lachenal a été le « prisonnier » de son père, en haut de la montagne. Mais, il n’était pas obligé d’y participer. Il a été membre de l’expédition de son plein gré. Il a signé tout en connaissant les conditions et les risques.
Son père a-t-il abusé d’elle quand elle était adolescente ? Elle est ambiguë et ne s’explique pas. Elle ne le dénonce pas. Elle le suggère. (p 148). C’est peut-être une des raisons pour lesquelles elle est en colère après lui.
Pourquoi la France avait-elle besoin et envie d’avoir des héros ? Après la guerre, les Français-es connaissent l’ennui, ne peuvent pas voyager. On veut prendre une revanche sur la Grande-Bretagne, l’Allemagne et l’Italie.
Son père n’était pas un intellectuel et sa mère n’était pas une sportive héroïque. Mais, iels se sont rencontrés et aimés, au début. Je crois qu’on recherche dans « l’autre » les qualités que l’on ne possède pas.
Son père a perdu des membres, mais il a pris sa revanche. Il a pu profiter de son statut d’homme (de héros ?) auprès de toutes les femmes. Il a joué à être le coq de la basse-cour. Il était un mâle dominateur.
Elle découvre que son père aime les idées de Jean-Marie le Pen. Il représente la « médiocrité, le repli sur soi, et la haine du monde ». NDLR : Mais l’argent, il aime plus que tout…
Il y a un avant et un après cette découverte. Après, elle n’éprouve plus de compassion pour son père proche du FN (p 167).
Elle trouve sa mère « raide et intransigeante, inhumaine ». Elle pense que c’est à cause de son féminisme. Ndlr : ah bon ? L’explication est trop simple.
Son
frère Laurent et la maladie mentale:
Ses crises de somnambulisme faisaient rire sa famille. Ce symptôme de maladie mentale n’a pas été pris au sérieux.
Depuis tout petit, il était toujours en colère et violent. Pour ne pas subir ses crises de violence, Félicité se réfugie dans sa chambre, sans aucune aide.
Félicité et sa mère s’inquiètent pour lui quand il passe son baccalauréat en 1983. Sa lutte interne se voit. Il réussit l’examen, néanmoins (p 154).
En Suisse, Laurent devient mégalomane, déconnecté des autres et de la réalité. La famille ne cherche pas à le rattraper. Laurent est tiraillé entre les deux familles Herzog et Schneider (p 168).
Félicité prévient sa mère que Laurent ne va pas bien et elle ne l’écoute pas (p 180).
A Zurich, à 23 ans, il subit une première tentative de suicide. Il a entendu des voix (p 181).
Enfermé dans sa psychose, il ne pouvait pas en parler. Il s’isolait de la réalité. Félicité culpabilise. Laurent donnait le change. (p 183).
Schizophrène. Le diagnostic est posé. Félicité se demande quel est le chemin qui mène intellectuellement à la destruction de soi. Nos sociétés ne peuvent et ne veulent pas en parler (p 186).
Placé sous tutelle, le juge culpabilise leur mère ! Dans l’incapacité de le soigner, la maman le fera placer d’office à l’hôpital (p 190).
La folie nous distingue des animaux. La raison cède sous la pression d’une force plus forte et incontrôlable qu’elle. Cette force entraîne vers elle tout l’entourage (p 192).
Je suis d’accord avec Félicité Herzog quand elle dit que la passivité est un acte insensé.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire