mercredi 30 juillet 2025

Louis Aragon - La semaine sainte.

 

Louis Aragon

La semaine sainte.

Editions Gallimard – 1958

 

Le style :

Le style est très précis. Des descriptions peuvent atteindre plus d’une demi-page. Il faut chercher le sens en cherchant le sujet, et cela complique la lecture. Un personnage peut porter plusieurs noms et il faut les relier entre eux  en suivant l’intrigue. Aragon utilise les prénoms et c’est difficile de savoir, au début, qui parle. J’ai mis trente ou quarante pages a comprendre qu’il faisait parler Théodore (= Géricault) ! Il use de deux négations dans une phrase : « Ils ne lui permirent point de ne pas les accompagner » au lieu de « Ils lui permirent de l’accompagner ».

 

1811 est une année de crise financière et alimentaire en France. C’est le début de la fin de Napoléon. La France est ruinée (p 447).

 

Théodore Géricault a participé à la fuite de Louis XVIII, quand Napoléon est revenu prendre le pouvoir à Paris après son passage par l’île d’Elbe.

Le bien, le mal, le sens de la vie, la nature de la France, tout s’est joué durant cette semaine (p 422).

 

Géricault a vingt ans (p 130).

 

Les armées.

Trahir la République ou le roi ? Le Duc de Chartres (= Louis-Philippe) fuit chez les Impériaux avec Dumouriez en 1793 (p 198).

Le général Labédoyère était passé à l’Empereur à Grenoble (p 71). Labédoyère sera fusillé en novembre (1815 ?) (p 660). (1)

Le capitaine Masson annonce que l’armée filera jusqu’à Essonnes. Il est pour l’Empereur. (p 75).

La défection du général Ney crée la défiance envers les militaires. Qui allait trahir ? Qui croire ? (p 78).

Les rudes soldats d’Exelmans ont dormi et saigné partout en Europe. Ils étaient les vétérans de la Révolution française et les survivants de la Berezina (p 394).

 

 

Description des costumes militaires : c’est un véritable défilé de mode :

Dolman rouge dégrafé, soubreveste bleu roi (p 14). (2) et (3)

Culotte de daim blanc (p 15).

Bonnet d’ourson (p 20).

Vêtement rouge, pantalon blanc et gris (p 26).

Les officiers à cheval, avec l’épée au clair (p 47).

Pantalons écarlates, plumet blanc sur le casque de cuir bouilli à chenille de crin noir (p 69). (4)

Manteau attaché à l’agrafe du col, casque à soleil, habit bleu-roi à retroussis d’écarlate (p 77). (5)

Uniformes à guêtres et culottes blanches (p 84).

Spencer, bleu, rouge, or, cuirs, tenues fières (p 87). (6)

Redingotes luisantes (p 139).

Bicorne noir. Casque empanaché. Casaque rouge à brandebourgs d’or (p 104). (7)

Les Grenadiers du roi portent un bonnet à poils (p 252).

Des soldats traînent vers Lille, avec leur habit à la Henri IV (p 257). (8)

Manteau, soubreveste, cuir des culottes (p 261).

Habit rouge à revers, casque de feutre rouge, cocarde blanche (p 283).

Infanterie : pantalon de tricot, capote et shako à plumet blanc, avec un sac à dos (p 393).

Lanciers en plastron bleu barré de cuir blanc, gants blancs à crispin, selles de mouton (p 737). (9)

 

Chansons :



« Et veillons au salut de l’Empire » (p 88).

 

Chansons de Béranger.



Germaine Montero "10 chansons de Béranger " - 25 cms Pathé AT 1060 (1955).

 


 « Partons pour la Syrie », (de la Reine Hortense) (p 120).


« La Carmagnole » (p 159).

 

 

Napoléon.

Il a exigé du peintre Gros qu’il efface les généraux dont il était jaloux. Il devait être au centre. (p 115).

Ses surnoms : L’Usurpateur, l’Ogre, le Petit Tondu (p 126), le Tyran amoureux de lui-même (p 135), le Brigand de Corse (p 171),

 

Les femmes :

Madame la Duchesse de Frioul est vêtue de palatine, de martre, de soie mauve, de mérinos, de velours, de plumes, de noeuds et de rubans.

 

Fouché :

1815 : Fouché, âgé de 52 ans, est recherché par la police (p 92). (10)

Il reprend la direction de la police. Bonaparte a choisi la fraction d’Orléans.

 

L’art :

Le Caravage a tué un tricheur au Jeu de Paume. Il était colérique. Il s’enfuit à Malte. Il y est emprisonné en 1600. Il fuit en Sicile. Il s’y ennuie. A Naples, il est emprisonné. Il meurt de maladie (malaria ?) (p 140).

 

Un viol :

La petite Denise a seize ans. Elle est servante à Beauvais. Aragon cache le nom de l’illustre violeur de Denise pour deux raisons :

Il ne veut pas que sa publication soit interdite et il ne veut pas donner raison à ceux et celles qui soutiendraient ce viol.

« L’homme n’est pas une bête » (p 331).

 

La santé :

Le docteur Jenner a trouvé la méthode pour combattre la petite vérole en 1800 avec  La Rochefoucault-Liaucourt (p 366). (11)

 

Les tisserands :

Les tisserands de village sont opposés aux tisserands des villes. Les maires veulent les taxer comme des commerçants.

Différents métiers : Les fileurs sur rouet à pied ou à manivelle. Les cordeurs.

Ils sont partagés entre le travail de la terre et l’esclavage industriel.

Ils travaillent jusqu’à onze heures du soir, quand ils sont levés à l’aube.

Dans les asiles ou dans les prisons, les tisserands sont payés au rabais. Ils sont payés à la pièce après avoir eu des retenues levées.  Ils remboursent le métier à tisser avec leurs faibles revenus (p 382).

 

La Cène :

Géricault réfléchit au sens de cette scène. NDLR : Remplace-t-il Jésus par Louis XVIII ?

C’est le grand banquet avec Judas. « Encore un peu de temps, et vous ne me verrez plus. Encore un peu de temps, et vous me verrez encore. » (p 652).

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  1. OuiCharles Angélique François Huchet de La Bédoyère a été fusillé le 19 août 1815 à la Barrière des Ministres dans la plaine de Grenelle, après avoir été reconnu coupable de trahison et rébellion. (Napoléon).
  2.  Le dolman est à l'origine une veste militaire ajustée à la taille, portée par les hussards et chasseurs à cheval, avec une forme inspirée de vêtements turcs, importée en France sous Louis XIV, et caractérisée par des manches pendantes et des brandebourgs. (La langue française).
  3. La soubreveste est un vêtement sans manches porté par-dessus les autres vêtements, notamment par les mousquetaires et les chevaliers de Malte, dont l’étymologie provient du latin supra (sur) et vestis (habit). (La langue française).
  4. Le casque à chenille de cuir bouilli avec crin de cheval noir est un modèle rare, daté de 1842-1848, utilisé par les cuirassiers bavarois, doté d’un cimier en laiton, d’un masque orné d’un "M" gothique couronné, et de jugulaires à écailles plates fixées par des rosaces en forme de mufles de lion. (Musée grand est).
  5. Uniformes des artilleurs de la Garde royale (1815-1830) Régiment d’artillerie à pied : habit bleu de Roi ; parements, retroussis et passepoils écarlates ; boutons jaunes ; pantalon bleu de Roi. (Artillerie asso).
  6. Le spencer militaire du 19e siècle est une veste courte adoptée par les officiers, caractérisée par ses brandebourgs flottants et sa coupe croisée, souvent associée au dolon ou à la mode Empire, et portait notamment par les officiers des chasseurs d'Afrique. (Wikimonde).
  7. Définition de BRANDEBOURG. : Espèce d’ornement de broderie ou de galon qui entoure les boutonnières de certains habits. (Dictionnaire académie).
  8. L'habit d'Henri IV se caractérise par une simplicité et une modestie, avec des chausses grises bouffantes, un pourpoint sans décoration, et une écharpe blanche, reflétant ses valeurs de modestie et de refus du luxe. (Arcoma).
  9. Les gants blancs à crispin sont disponibles en paire, fabriqués en cuir blanc épais ou en coton avec crispin intégré, adaptés pour la garde au drapeau ou les cérémonies militaires. (Héritage militaire).

(10 ) En juillet 1810, Fouché est limogé pour avoir envoyé un émissaire à Londres sans en avoir avisé l'Empereur. Très surveillé, il n'est plus employé jusqu'au retour de l'île d'Elbe.

Il se voit alors confier à nouveau la Police Générale mais n'en use que pour assurer son propre maintien dans le ministère après le retour, qu'il juge inévitable, de Louis XVIII.

Cette trahison ne lui permet cependant pas de faire oublier son passé de régicide. C'est à Dresde, où il a été nommé ambassadeur dès septembre 1815, qu'il apprend la promulgation de la loi du 12 janvier 1816 qui le condamne à l'exil. (Napoléon et Empire).

  1. Edward Jenner a innové en 1796 en utilisant le liquide de vésicules de personnes infectées pour inoculer des sujets sains, créant ainsi la première forme de vaccination contre la petite vérole, ce qui a permis de réduire considérablement la maladie. (Gériatries).

La Rochefoucauld-Liancourt a été un pionnier dans la propagation de la vaccination contre la petite vérole, ayant établi un comité dédié et étant président perpétuel de cette institution, contribuant ainsi à la vaccination de millions d'individus en France. (Bordeaux 167 legtux).

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