Affichage des articles dont le libellé est Art contemporain. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Art contemporain. Afficher tous les articles

mardi 15 juin 2021

Art contemporain - Pierre Soulages

Pierre Soulages, né le 24 décembre 1919 à Rodez, est un artiste peintre et graveur français. Associé depuis la fin des années 1940 à l'art abstrait, il est particulièrement connu pour son usage des reflets de la couleur noire, qu'il appelle « noir-lumière » ou « outrenoir ».


Pierre Soulages 

Rodez, 1919.

Gouache sur papier 

1953 

Le Mans 

Musée de Tessé 

Gouache sur papier marouflé sur toile.

--------


Pierre Soulages 

Rodez, 1919.

Peinture

1949 

Le Mans 

Musée de Tessé 

Huile sur toile

Marie Raymond est proche du couple Pierre et Colette Soulages. Elle écrit sur lui "Il est très expressif et d'une puissance indéniable. Il exprime dans sa toile un intérieur vaste et sombre, peut-être un échafaudage* à l'intérieur d'une cathédrale".

 L'artiste est intéressé par l'architecture romane.

-------------

*

Maximilien Luce

L'Echafaudage 

1910 

Paris 

Musée d'Orsay 

------------
 


Pierre Soulages 

Rodez, 1919.

Peinture

1950 

Le Mans 

Musée de Tessé 

Huile sur toile

Pierre Soulages s'installe à Paris en 1946. Pour lui, l'expressionnisme dévie vers "une expression de sentiments et d'états d'âme". Il s'en éloigne. Il utilise la trace pour matérialiser des signes abstraits à l'aide de spatules de cuir. 

----------------


Pierre Soulages

"La peinture, ça ne se regarde pas, ça se fréquente".

2014

Musée à Rodez. 2021

-----------------


Pierre Soulages

"La peinture, ça ne se regarde pas, ça se fréquente".

Honfleur.

--------------


Pierre Soulages 

Peinture 10 novembre 1963 

Lisbonne 

Musée art moderne 

--------------


Johnny Hallyday - Noir c'est noir


----------------

1811 personnes ont lu cet article.

--------


vendredi 11 juin 2021

Art contemporain - Marie Raymond

 


Marie Raymond

Critique d'art

Le Mans

Musée de Tessé 


Marie Raymond

1908 - 1988

Composition

1949 

Huile sur toile.


Marie Raymond

Oeuvres abstraites

Le Mans

Musée de Tessé 

--------


Marie Raymond

1908 - 1988

Sans Titre

1949 

Lavis gris et noir.

-----


Marie Raymond

1908 - 1988

Sans Titre

Vers 1941

Huile sur toile.

---------


Marie Raymond

1908 - 1988

Sans Titre

Vers 1943

Huile sur toile.

------


Marie Raymond

1908 - 1988

Sans Titre

Vers 1945

Huile sur panneau.

A partir de 1944, Marie Raymond s'organise autour de formes très dynamiques.

Témoignage d'une de ses premières oeuvres abstraites.

Après les quatre années de guerre et de restriction, les formes incarnent la liberté retrouvée.

---------------


Marie Raymond

1908 - 1988

Transparence

1959

Huile sur toile.

---------


1504 personnes ont lu cet article. 


lundi 4 mars 2019

Art contemporain: le grand foutage de gueule - Koons - Nez

Art contemporain : le grand foutage de gueule.


(…) Si la gauche s'abstient de critiquer politiquement ce type d'art soutenu par les institutions, c'est d'abord parce qu'elle en reste à une défense abstraite et sacralisée de « la culture » qui en élude toujours le contenu.
(…) « Le capitalisme libéral (…) est parvenu à créer un art à son image, un art affranchi des injonctions et des illusions modernistes, un art sans modèles, sans valeurs, sans idéaux, sans perspective humaniste, bref, un art "conforme", témoin désabusé, très peu contestataire », comme l'analysait Marc Jimenez dans L'art dans tous ses extrêmes (2012).
« (…) du haut en bas de l'échelle sociale, une désensibilisation sans précédent, par ailleurs induite depuis longtemps – de théâtre en musée, de centre d'art en fondation – à travers des mises en spectacle, performances ou installations où, de plus en plus, le cynisme va de pair avec l'indifférence » (Ce qui n'a pas de prix, 2018).

Joana Vasconcelos : l'art en XXL et en LVMH.

Paul McCarthy : le caca, le cul-cul, les zizis et les nazis.

L'Atelier Van Lieshout et les intolérants.

Maurizio Cattelan, le canul'art au service du pouvoir.

Catherine Baÿ : plus rumeur, tu meurs.

Jan Fabre, chat-badda-bad-buzz.

Milo Moiré, la Playmate de l'art.

Jeff Koons, le profanateur.

Anish Kapoor, la descente et la chute.

art-contemporain-le-grand-foutage-de-gueule

--------------

Jeff Koons 
Bob Tail - Poodie 
Lisbonne 
Musée Berardo 

-------------

 

Jeff Koons

Tulipes dans les jardins des Champs-Elysées

Hommage aux victimes des attentats de 2015 et 2016.

Bouquet of Tulips est une sculpture de l'artiste Jeff Koons située dans les jardins des Champs-Élysées près du Petit Palais à Paris, en hommage aux victimes. (Wikipédia).

L'artiste américain a offert son oeuvre à la Ville de Paris pour marquer le soutien du peuple américain aux Parisiens et aux Français endeuillés. (Ville de Paris – 2019).

---------------

 

 
Jonathan Koons 
L'Asie.
Les symboles flottent dans le noir.
--------



Pourquoi les femmes n’ont-elles pas de nez en BD ?
En BD, les personnages féminins se voient très souvent attribuer deux narines à la place d'un réel nez. Un cliché de plus en plus dénoncé par les dessinatrices, qui y voient un témoignage de la domination masculine.
(…) Il existe traditionnellement deux types de nez en bande dessinée: le gros nez, allongé, crochu ou en patate, réservé au registre humoristique (Bonemine dans Astérix) et le nez retroussé, presque enfantin, sans arête, qui se traduit graphiquement par deux petites narines et se trouve exclusivement dans les histoires réalistes ou semi-réalistes (Laureline dans Valérian).
(…) C’est le stéréotype de ce que doit être la beauté: de grands yeux plutôt clairs, de toutes petites narines et une bouche pulpeuse. C’est redoutable la manière dont on est imprégné, endoctriné et ce de façon très inconsciente".
(…) "Ça correspond au standard des actrices qui font de la chirurgie esthétique".
(…) Le canon de beauté est une femme qui ressemble le plus possible à un pré-ado car à cette époque on a toutes un petit nez."
(…) "C'est insultant ces femmes sans nez à la taille de guêpe avec leurs gros seins!"
(…) Virginie Augustin. Sa dernière BD retrace ainsi l’histoire de Joe La Pirate, aventurière, navigatrice de compétition et amante de Marlène Dietriech qu’elle affuble d’un nez imposant.
(…)  Cyril Pedrosa (Portugal, L'Âge d'or), dont les héroïnes possèdent toutes des nez, se fait l’avocat du diable.
(…) Elizabeth Holleville (Immonde!, prévu en janvier chez Glénat): "On ingurgite tellement de codes graphiques sans même y réfléchir qu’on ne se rend pas toujours compte de comment on dessine."
(…) Uderzo (…) arrivait à faire des personnages féminins qui étaient rigolos. À part Falbala qui avait une taille de guêpe, toutes ses autres femmes sont très typées et j’adorais ça."
(…) "Quand ce sont des femmes qui font des vrais trucs, (…)  elle a un nez, et quand le but est qu’elle soit juste canon, elle n’a pas de nez", résume Pénélope Bagieu (Culottées).
(…) « La réduire à sa bouche plutôt qu’à son nez, ce n’est pas anodin", glisse Elizabeth Holleville
(…) Dessiner une femme sans nez signifie leur retirer le pouvoir.
Catherine Meurisse (…). Les femmes que je dessinais étaient trop expressives, en colère. Elles ne rentraient pas dans les moules. Et de fait je n’ai jamais travaillé dans des magazines féminins."
(…) Mathieu Bablet est devenu le spécialiste des personnages au nez écrasé. Une stylisation qu’il a développée pour "se différencier coûte que coûte" et "ne pas faire des gens forcément beaux.


---------

Ces acteurs nous mènent par le bout du nez ! Chez les femmes, Lea Michele, élue par le magazine Glamour femme de l’année, s’est elle aussi démarquée du casting de Glee par sa voix mais aussi par son nez : "J’ai toujours été fière de mon nez juif".

Public.

---------------

Quel est le nez idéal pour une femme?

Quand le nez pointe vers le bas, il a l’air plus masculin, selon les chercheurs. Une précédente étude avait déjà déterminé que le nez idéal pour une femme devait avoir un angle compris entre 104 et 108°. “Tout au long de l’Histoire, des artistes et des chercheurs se sont mis en tête de déterminer ce qui constitue la beauté.

Maxisciences.

------------

Notre nez est en plein milieu du visage, au contraire des yeux ou de la bouche. Donc soit on tente le coup et on opte pour un piercing, ou bien on ne touche à rien. Mais grande nouveauté, il existe apparemment 10 principaux types de nez. Beaucoup d’entre nous ont un avis très précis sur leur nez.

Yahoo.

 

---------------

 

« Le nez de Cléopâtre s’il eût été plus court, toute la face de la terre aurait changé »

Blaise Pascal

-------------

 

Pascal 

Musée des Arts et Métiers 

Paris 

-------

Blaise Pascal, né le 19 juin 1623 à Clermont en Auvergne et mort le 19 août 1662 à Paris, est un mathématicien, physicien, inventeur, philosophe, moraliste et théologien français. Enfant précoce, il est éduqué par son père. Les premiers travaux de Pascal concernent les sciences naturelles et appliquées

Il commence par travailler sur les sciences-naturelles avant de créer à 19 ans la première machine à calculer, la Pascaline.

"L'homme n'est qu'un roseau, le plus faible de la nature; mais c'est un roseau pensant. Il ne faut pas que l'univers entier s'arme pour l'écraser : une vapeur, une goutte d'eau suffit pour le tuer. Mais quand l’univers l’écraserait, l’homme serait encore plus noble que ce qui le tue, parce qu’il sait qu’il meurt, et l’avantage que l’univers a sur lui, l’univers n’en sait rien. »

Pensées.

----------

C'est dommage d'ailleurs, car ce nez, qui n'a jamais été retrouvé, était un beau nez. Pas aussi beau, cependant, que celui de Cléopâtre, qui était, comme nous croyons vous l'avoir dit, fort joli.

p 27 : – Il n'y a pas à dire, elle a un joli nez!

 – Un très joli nez!

        Tu as vu son nez Idéfix ?

        (Astérix, Panoramix et Obélix)

 

Dans Astérix et Cléopâtre.

------------

Le nez de Cléopâtre a fait couler beaucoup d’encre et pourtant, ses rares portraits la dotent d’un physique et d’un nez ordinaires

Ca m’intéresse.

-----------


Méditation devant les panneaux signalétiques du musée.

Sont-ce ou ne sont-ce pas des œuvres d'art ?

--------

121 personnes ont lu cet article.

--------

mardi 5 juin 2018

Musée d'art contemporain de Nîmes


Asier Mendizabal

Sin titulo (cesta 2)

2015

Béton


Asier Mendizabal

Stilfragen (crania)

2016

Béton


Janis Kounellis

1936, Le Pirée – 2017, Rome

Sans titre

1984

Technique mixte


Luciano Fabro

1936, Turin – 2007, Milan

Le drapeau ivre

1991

Technique mixte


Mario Merz

1925, Milan – 2003, Turin

Senza titolo (cocrodillo)

1997 – 2000

Fusain et peinture sur papier spolvero


Bernard Frize

1954, Saint-Mandé

Sans titre

1984 – 1985

Huile sur toile




Imi Knoebel

1940, Dessau

Sans titre

1991

Laque sur panneau isorel


Patrick Saytour

Né en 1935 à Nice

Sans titre

1968 – 1992

Techniques mixtes


Suzanne Lafont 
"The First Two Hundred Fifty pages of Project on the City 2"
 Carré d'art - Nîmes 
124 personnes ont lu cet article.

mardi 29 décembre 2015

Les Ponts couverts et le Musée d'Art moderne et contemporain à Strasbourg



 

 

 

Les Ponts couverts et le Musée d'Art moderne et contemporain 


Les ponts couverts servaient à abriter les munitions et la poudre des canons à l’abri de l’humidité.
Le barrage Vauban* permettait d’inonder le sud de la ville en cas d’invasion étrangère.
Le musée d’art moderne et contemporain a été inauguré en 1998.
Il est situé à côté de l’ENA (Ecole Nationale d’Administration). Le musée couvre la période qui va de 1870 à nos jours.
Il présente des photographies, des arts graphiques et plastiques ainsi que des collections d’art moderne.

*


Arras 
Ses enfants 
Sébastien Le Preste, marquis de Vauban.
1633 - 1707

Il est issu de la petite noblesse nivernaise.
Il fait des études afin de devenir ingénieur militaire.
Il est nommé commissaire général des fortifications e, 1678, lieutenant général en 1688 et maréchal de France en 1703.
Il parcourt la France et fortifie la défenses des villes, dont la grande plaine du Nord.
Il conforte les remparts en créant des citadelles et il tient les villes au respect en résistant aux puissances ennemies.



Le Havre – Le Volcan.

Enterrement de la culture.

Texte des élèves du théâtre national de Strasbourg occupé.

 

"La génération des « 20 ans ».

Plus de rêves, d’objectifs, de promesses.

Construire ensemble le monde de demain.

La pandémie a coupé nos membres.

Nous ne survivrons pas quoi qu’il arrive.

Une génération est sacrifiée.

Nous voulons apprendre à vivre avec une pandémie.

La jeunesse pourra-t-elle encore

rêver à un autre état du monde ?

Comment peut-on imaginer un monde solidaire ?

Il restera la solitude.

L’économie se fait au détriment de l’humain.

Nous serrons les poings et nous sommes dangereux.

Notre révolution est humaine.

Nous ne sommes pas affaibli.e.s.

Nous ne refusons pas la peur.

Nos lieux de recherche et de travail

nous ont été enlevés.

Nous ne sommes pas votre priorité.

Vous nous refusez une place.

Nous sommes vos suicidé.e.s."

Le Volcan est occupé depuis un mois.


Le Havre – Le Volcan.

Enterrement de la culture.

Texte des élèves du théâtre national de Strasbourg occupé. (Photos)

 

Les poings levés.

-----------------

Occupant·e·s du TNS: « Nous sommes vos suicidé·e·s »

Il y a plus d’un mois, dans la foulée de l’Odéon, les élèves de l’école du TNS et d’ailleurs occupaient le Théâtre national de Strasbourg. Aujourd’hui, plus d’une centaine de lieux culturels sont occupés. En marge des revendications professionnelles et sociales dûment répertoriées par toutes et tous, les occupant·e·s du TNS écrivent aujourd’hui cette tribune. Un cri d’alarme, une arme de lutte.

 

« Nous avons 22 ans, 25 ans, 23 ans, 19 ans, 27 ans, 18 ans, 21, 24 et 26. L’une de nous a eu 20 ans la semaine dernière, derrière les portes closes de ce théâtre. Et combien d’autres ont fêté et fêteront leurs 20 ans seul-e-s?

Nous avions des rêves pour chaque anniversaire à venir. Des objectifs, des projets, des promesses. Nous devions grandir, encore, chercher, saisir, sentir, construire, ensemble et dans toutes les langues, le monde de demain. Etendre nos bras, nos jambes, enjamber, courir. La pandémie nous a coupé nos membres. A nous, jeunesse amputée, mutilée, vous avez répondu « courage », « espoir », «patience». Alors nous nous sommes armé-e-s, oui, de patience, nous avons espéré, attendu, prié, nous nous sommes confinés, nous nous sommes masqués, nous avons accepté, d’annuler, d’arrêter, d’interrompre. On s’est résigné à nos écrans. On s’est stoppé en pleine route sur des longs chemins. Figé dans l’élan. En équilibre. Les amitiés naissantes, empêchées, les rencontres, empêchées, l’apprentissage, empêché, l’expérience, empêchée. La pensée, confinée. Empêchée.

Vous nous aviez dit que nous étions les forces du rêve. Mais l’espoir ne tient pas « coûte que coûte ». Et le rêve s’abîme. Et le courage s’épuise. Et ça ne suffit tout simplement plus, car ça fait déjà trop longtemps qu’on espère, et nos réserves ne sont pas infinies, elles s’amenuisent, se réduisent en peau de chagrin.

NON, NOUS NE DANSERONS PAS TOUJOURS, NON, NOUS NE RÊVERONS PAS TOUJOURS, NON, NOUS NE SURVIVRONS PAS QUOI QU’IL ARRIVE, OUI, DES DESTINS SERONT BRISÉS, OUI, DES EXISTENCES SERONT CONDAMNÉES, OUI, UNE GÉNÉRATION EST SACRIFIÉE.

Nous ne vivons pas dans le déni de la pandémie. Nous voulons apprendre à vivre avec elle là où le gouvernement nous exhorte à attendre des jours meilleurs. Nous ne pouvons plus attendre un futur sans cesse mort-né. Un jour viendra où nous nous ne pourrons plus espérer, croire, attendre. Et qui prendra la relève ? Les plus jeunes d’entre nous, les adolescents et les enfants seront-ils encore capables de rêver à un autre état du monde ? À 14 ou 15 ans, quand on s’est déjà habitué à ne pas connaître le visage des autres, comment peut-on imaginer un monde solidaire ? À moins que ce ne soit cela finalement l'objectif des arbitrages: enterrer pour toujours l'idée que l'on peut vivre dans la pluralité. L'idée que l'autre peut nous aider. Qu'est-ce qu’il restera alors ? Une société où l'on étudie seul-e, où l'on travaille seul-e, où l'on jouit seul-e, où l'on meurt seul-e. Oui, cette société-là entretient et garantit un fonctionnement économique effréné, au détriment de toute logique humaine. Nous savons que l'argent ne fait plus le bonheur de notre génération : nous apprenons chaque jour le goût amer de sacrifices et de solitudes qu'il a désormais. Et nous ne pouvons même pas vomir : nos ventres sont vides. Notre seule nourriture est une colère immense. Et cette colère sera notre puissance d’être. La mort lente qui rampe sur nos corps, mort sociale, mort physique à laquelle nous condamne le gouvernement, nous allons nous en défendre, nous aussi « coûte que coûte », avec les dents, les ongles. Avec les pavés, avec le feu.

Ici, à l’intérieur des théâtres où nous nous sommes enfermés, plus les jours passent, plus nous sommes inquiets. Ne croyez pas que nous dormons. Ne croyez pas que nous rêvons. Nous avons les yeux grand ouverts. Plus les jours passent, plus nos mains sont serrées. Plus les jours passent, et plus nous sommes dangereux. Nos révoltes ne sont pas culturelles. Notre révolution est humaine. Entendez-nous, chaque jour qui passe, nous sommes affamé.e.s mais pas affaibli.e.s. La peur qui grandit nous fait vivre. Nous sommes décidés à en découdre avec la marche inacceptable du monde. Nous ne refusons pas la peur, parce qu’elle est dans nos mains, dans nos poings serrés. Parce que sans elle, sans cette force qui nous pousse encore, encore, encore, encore, nous serons définitivement sans avenir.

Il n’y a pas de porte de sortie pour nous. Entendez-nous bien: pour nous, il n’y aura pas d’autre possibilité que de lutter. Pas d’autre poésie que l’action réelle. Que peut-on perdre de plus ? Nos lieux de pensée, de création, nos lieux de recherche, de travail nous ont été enlevés. Nous avons été laissés de côté, perdants dans tous les arbitrages, inlassablement condamnés, nous avons été, tout le long de cette crise, depuis plus d’un an, vos prêts-à-sacrifier. Nous ne sommes pas votre priorité, nous l’avons compris. Un pays qui oublie sa jeunesse, qui sacrifie sa jeunesse, qui néglige sa jeunesse, un pays qui assassine sa jeunesse –est-il viable ? Vous nous laissez tomber, et il faudra que vous l’assumiez. Nous ne sommes pas vos actifs marchands et productifs, nous sommes la génération du futur, nous sommes vos suicidé-e-s.

Nous vous avons appelé. Nous avons habité, occupé, crié à nos fenêtres.

Vous avez mis en balance les existences humaines, vous les avez catégorisées en valeurs marchandes par les termes « essentiel » et « non-essentiel ». Nous sommes vos suicidé-e-s. Vous avez gardé nos lieux de vie fermés. Et quand nous avons protesté, votre seule réponse a été, encore, de clamer notre inutilité. Vous nous laissez crever. Nous sommes vos suicidé-e-s.

Vous avez frotté l’injustice jusque dans nos visages. Qu’est ce qui ressemble plus à une salle de spectacle, de concert, qu’une église? Qu’est ce qui ressemble plus à un amphithéâtre d’université qu’une assemblée parlementaire? Pourquoi les émissions télévisées peuvent-elles accueillir du public pendant que nous sommes réduits, sans cesse, au distanciel? Pourquoi peut-on acheter mais pas apprendre, pas penser? Nous sommes vos suicidé-e-s.

Vous nous avez refusé des aides à l’emploi et à l’insertion. Nous, étudiant-e-s qui allons faire notre entrée dans un monde professionnel sinistré, profondément fragilisé par la crise, embouteillé, miné par une concurrence accrue, vous nous avez refusé cet accompagnement. Vous nous refusez une place, des créneaux pour la jeunesse dans le monde futur. Vous refusez l’abaissement du seuil d’heures pour les primo-entrants. Vous nous refusez un avenir. Nous sommes vos suicidé-e-s.

Vous nous laissez démuni-e-s. Vous nous laissez disparaître. Vous n’avez pas fini de compter vos morts. Nous sommes vos suicidé-e-s. Nous avons vingt ans. Et nous sommes vos suicidé-e-s. Nous ne laisserons personne dire que c’est le plus bel âge de la vie. »

Les élèves-occupant-e-s du Théâtre national de Strasbourg.

occupant-e-s-du-tns-nous-sommes-vos-suicide-e-s

------------

114 personnes ont lu cet article.