dimanche 28 mai 2017

Cinéma - Rodin de Jacques Doillon

Rodin
de Jacques Doillon
avec Vincent Lindon, Izïa Higelin, Séverine Caneele


                                                        Vincent Lindon à Levallois-Perret

L'image du film est d'une terrible et géniale beauté. Christophe Beaucarne en est le créateur. Les cadrages sont justes, serrés au plus près des personnages, les verticales sont verticales (!), les couleurs, les gris, les marrons, représentent l'ambiance de l'époque.
On entend les personnages marcher sur les parquets qui couinent, grincent. Le bruit du bois prévient de la venue d'un nouveau personnage dans la scène. La musique est au minimum, souvent absente. Il manque tout simplement l'odeur du feu de bois pour évoquer le décor de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.
Les ateliers d'artistes étaient orientés vers le nord pour pouvoir capter la meilleure lumière tout au long de l'année. L'atelier est le lieu de création, de recherches, d'ébauches, de rencontres, de discussions. La pudeur des sentiments et des corps n'existe pas dans l'atelier. Malgré le froid, les femmes se dévêtent de leurs atours pour trouver la pose originale que personne n'a jamais vue. Rodin est sensuel et gourmand de chair fraîche. Les séances de pause féminine suscitent la tentation. Ou l'inverse...Il aime la vie et souhaite l'insuffler dans ses œuvres inertes. La confrontation de l'artiste et de la critique se cristallise autour de la statue de Balzac nu, monument modelé et chargé de symboles. Cette statue (ou sculpture) sera mûrie, améliorée, refusée, critiquée, puis financée au bout de dix ans. La nudité sera finalement cachée, tout comme pour le couple de La Valse de Camille Claudel qui sera recouvert d'un voile pudique.
Jacques Doillon capte l'effort de création. Vincent Lindon est fixé sur ses œuvres avec son regard d'aigle et son souffle de taureau prêt à bondir, tourne autour comme un vautour autour de sa proie, rajoute un peu de pâte (de chair?) à ses statues, retire avec son dévidoir le surplus, s'interroge, se critique lui-même, se pense, se panse.
Il faut dire qu'il a commencé tard et qu'il a un style différent. On lui a reproché d'avoir triché pour sa première œuvre et il doit prouver que c'est un mensonge. Victor Hugo lui servira à cet effet de modèle vivant.
Vincent Lindon a la voix rauque, chaleureuse, mais je regrette que les fins de phrase soient prononcées dans sa barbe. J'étais obligée de me décentrer du film pour me demander de qui il avait parlé, ou essayer de trouver le mot que je n'avais pas compris.  Pourtant, si nous sommes plongés dans une œuvre intimiste, nous n'avons pas à tendre l'oreille pour entendre. C'est le seul détail négatif du film mais qui n'empêche pas la compréhension de l'histoire. J'ai rencontré une autre spectatrice du film qui a confirmé cette sensation. A la sortie du cinéma, elle s'est demandé si elle avait des problèmes d'audition. Tout comme moi: "aurais-je besoin d'un sonotone"?!
Un coup de chapeau à Izïa Higelin qui est légère au départ puis dans la souffrance vers la fin, avec une grande crédibilité. Rose Beuret* parle! Jacques Doillon lui offre des scènes ménagères, puis une scène de ménage avec Camille Claudel. Souvent, on l'évoque, mais on ne la voit pas, ni on ne l'entend. Elle a son petit caractère tout de même, même si elle représente la soumission, la sécurité, le côté cosy de la vie de Rodin.
L'ambition et la soif de reconnaissance de son talent ont été les moteurs de Rodin qui a fait feu de tout bois et a aussi pioché dans l'art de Camille Claudel, artiste qui aura eu du mal à se faire une place par elle-même, mais qui apparaît maintenant comme la seule sculptrice connue. Le couple se sera influencé mutuellement et est inséparable éternellement.
*

Paul Morand

Venises

L’Imaginaire – Gallimard

1971



page 22 :

Selon Paul Morand, Rose Beuret exprimait son désaccord sur la relation de Rodin avec Camille Claudel.

« Rodin y trouvait un abri (NDLR : Dépôt des Marbres, au quai d’Orsay) contre les cris déments de Camille Claudel, contre les reproches de Rose qui l’attendaient, le soir, à Meudon ; cet enfer domestique c’était sa vraie Porte de l’Enfer. »








Musée des Beaux-Arts

Nancy



Auguste Rodin

Paris, 1840 – Meudon, 1917

Psyché transportée par la chimère.

Vers 1907

Marbre.

La déesse de la beauté, Aphrodite, jalouse de Psyché, la condamne à mort : son père est enjoint de la conduire au sommet d’une montagne où un monstre doit la dévorer. Mais, le dieu de l’Amour, Eros, séduit par la jeune fille, la fait enlever par Zéphyr. Cette histoire permet à Rodin de jouer sur l’opposition entre le marbre brut symbolisant la montagne et le fini des corps qui s’élancent, accentuant l’impression de mouvement.


Auguste Rodin

Paris, 1840 – Meudon, 1917

La Voix intérieure

1897

Plâtre

Musée des Beaux-Arts

Marseille


Auguste Rodin
France, 1840 – 1917
L’Age d’Airain
Bronze à patine brune
1875/1876
Musée d’Assezat
Fondation Bemberg

Toulouse


Kouka
Graph
"Le penseur"
Puces de Saint-Ouen


Auguste Rodin
1840 – 1917
Victor Hugo
Buste en bronze sur piédouche en marbre, modèle 1899 – 1900, fonte en 1908.
Maison de Victor Hugo

Place des Vosges

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