jeudi 12 juillet 2018

Frank Brangwyn au musée d'art et d'histoire d'Orange - Rembrandt


Il est aquarelliste, dessinateur, graveur, lithographe. Il s’est attaché à dépeindre la pauvreté et l’industrialisation du mode occidental.
Il naît à Bruges en 1867 d’une famille anglaise. Son père, architecte décorateur et adepte du néo gothisme influence certainement son œuvre. A 14 ans, il entre dans l’atelier de William Morris à Londres. Morris est le poète de l’émancipation sociale. Il voulait abolir la distinction entre beaux-arts et arts appliqués.
Brangwyn se consacre à la peinture et mène une vie difficile à Londres. A partir de 1888, il entreprend des voyages qui seront une source d’inspiration en Turquie, en Tunisie, au Moyen-Orient, en Espagne, en France, en Italie, en Belgique.
En 1895, il décore la façade de la nouvelle galerie fondée à Paris par Siefried Bing.
Il crée pour Morris des meubles, des tapis, des bijoux.
Au début du XXe siècle, il répond aux commandes officielles anglaises.
Il apparaît comme un maître de décorations murales gigantesques.
Pour se distraire, il produit une quantité d’aquarelles, dessins, gravures, lithographies. Rembrandt* et Piranèse l’inspirent.  Ses sujets favoris sont la pauvreté, les ouvriers des ports et les gares.
Il meurt à Ditchling (Sussex) en 1956.



Frank Brangwyn

1867 – 1956

L’intérieur de la station de Cannon Street

1910

Eau forte rehaussée d’aquarelle

Musée d’art et d’histoire

Orange


Frank Brangwyn

1867 – 1956

La corde de halage

1906

Gravure sur zinc

Musée d’art et d’histoire

Orange


Frank Brangwyn

1867 – 1956

Santa Maria della Salute à Venise

1908

Gravure sur zinc

Musée d’art et d’histoire

Orange


Frank Brangwyn

1867 – 1956

Campement de bohémiens

1923

Gravure sur cuivre

Musée d’art et d’histoire

Orange
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 *

Alexis Grimou
Romont, 1678 – Paris, 1733
Portrait d’homme d’après l’autoportrait de Rembrandt au gorget et béret de 1629
18e siècle
Huile sur toile
Musée Réattu
Arles


"Rembrandt et le fisc,  l'Ursaaf et le redressement"
Paris
Le 104
19e
Graph
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Eugène Leroy

Tourcoing, 1910 - Wasquehal, 2000

Valentine

1965

Eau forte

Musée du dessin et de l'estampe originale

Gravelines 

C'est le portrait de sa femme qu'il rencontre à l'âge de 19 ans et qu'il épouse en 1933.

L'artiste compare souvent la relation avec son épouse à celle que Rembrandt entretenait avec sa seconde épouse Hendrickje Stoffels.

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NDLR: iels donnent des milliards aux entreprises qui se permettent de licencier ensuite, mais quelques millions pour un tableau, non!

Art : un Rembrandt de 165 millions d’euros remis sur le marché de l’art.

Le « Porte-Étendard » de Rembrandt va être remis en vente sur le marché de l’art. L’État français a renoncé à son acquisition

Ce tableau est classé « trésor national ». Le « Porte-Étendard » de Rembrandt, d’une valeur estimée à 165 millions d’euros, va être remis sur le marché de l’art. Le ministère de la Culture l’a annoncé ce mardi 7 décembre.

(…) Pour le « Porte-Étendard », l’État a finalement renoncé à son acquisition. « Il s’agit d’une décision assumée prise au regard du niveau exceptionnel du prix de ce tableau. », a déclaré le ministère.

art-un-rembrandt-de-165-millions-d-euros-remis-sur-le-marche-de-l-art

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Rembrandt.

La restauration du tableau "La Ronde de Nuit" a commencé au Rijksmuseum d'Amsterdam.

"L'Humanité".

01 22

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Lire aussi:

rembrandt-harmensz-van-rijn

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Albert de Belleroche au musée d'art et d'histoire d'Orange - Emile Zola - Toulouse-Lautrec - Utrillo




Albert de Belleroche
1864 – 1944
Autoportrait
Huile sur toile
Musée d’art et d’histoire
Orange
Albert de Belleroche
Il est reconnu par les plus illustres peintres contemporains : Toulouse-Lautrec, Renoir, Roger-Marx. Il est peu connu en France, ayant refusé les commandes et rechigné à vendre ses toiles.
Il naît à Swansea au pays de Galles, dans une famille protestante française, émigrée en Angleterre après la révocation de l’édit de Nantes en 1685. Après avoir quitté son père, sa mère Alice épouse l’aristocrate Harry Vane Milbank. Le couple mène grand train à Londres ou dans leur hôtel de l’avenue Montaigne à Paris avec de brillantes réceptions où l’on croise le marquis de Queensbury ou Oscar Wilde.
Albert étudie à Paris et fonde le Boxing Club de France. Il entre en 1882 dans l’atelier de Carolus-Duran. Il fréquente le café de la Rochefoucauld où il croise Emile Zola*, Oscar Wilde, George Moore et Toulouse-Lautrec* dont il peint le portrait en souvenir de leur amitié.

Lili Grenier par Albert Belleroche:

Albert Belleroche painted Toulouse-Lautrec’s portrait and shared with him an admiration for the model and actress Lili Grenier, whom he depicts here asleep in a work from 1890.

Albert Belleroche a peint le portrait de Toulouse-Lautrec et partageait avec lui une admiration pour le mannequin et actrice Lili Grenier, qu'il représente ici endormie dans une œuvre de 1890.

Née en 1863 et décédée en 1936, Lili Grenier a été une muse pour plusieurs artistes célèbres, dont Louis Anquetin, Henri de Toulouse-Lautrec, et Albert de Belleroche. Elle a également été modèle pour d'autres peintres comme Fernand Cormon.

Lili Grenier est un symbole de la liberté et de l'audace féminine de son époque. Ses albums photographiques et les œuvres d'art qu'elle a inspirées offrent un aperçu unique de la vie bohème et artistique de la fin du XIXe siècle. (Qwant).

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*
Emile Zola à Tarascon





André Gill

Zola saluant Honoré de Balzac

Château de Saché

1878

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Edouard Manet 
Portrait d'Emile Zola 
1868 
Musée d'Orsay 

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Il possède un atelier proche du Moulin Rouge. C’est à Montmartre* qu’il rencontre Lili, l’égérie de Toulouse-Lautrec qui devient rapidement son principal modèle. Il peint également Mata-Hari, ou Olympia, le modèle de Degas.
Au Salon d’Automne de 1904, son travail reçoit un accueil enthousiaste de la critique.
Il est surnommé « le peintre des femmes décoiffées. »
En 1910 après avoir épousé Julie Visseaux, fille de riches sculpteurs, il retourne en Angleterre, dans le Sussex. Il n’expose plus. Parmi ses amis, on compte le guitariste Andrès Ségovia qui fut le professeur de sa mère.
Dans les années 1930, il donne ses lithographies à divers grands musées ou bibliothèques.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, il s’installe à Southwell dans le comté de Nottingham, où il meurt à l’âge de 80 ans.




Albert de Belleroche

1864 – 1944

Study of a nude back

Lithographie



Musée d’art et d’histoire

Orange


Albert de Belleroche

1864 – 1944

Impudence

Lithographie



Musée d’art et d’histoire

Orange



Albert de Belleroche

1864 – 1944

Femme nue au coquillage – dos

Lithographie



Musée d’art et d’histoire

Orange


Albert de Belleroche

1864 – 1944

Femme nue se coiffant

Lithographie



Musée d’art et d’histoire

Orange



Albert de Belleroche

1864 – 1944

Femme à la harpe

Lithographie



Musée d’art et d’histoire

Orange

Albert de Belleroche
1864 – 1944
Lili au bain
Huile sur toile
Musée d’art et d’histoire
Orange      

Albert de Belleroche
1864 – 1944
Le petit corset rose
Huile sur toile
Musée d’art et d’histoire
Orange      


Albert de Belleroche

1864 – 1944

Le déshabillé d’Yvette

Huile sur toile

Musée d’art et d’histoire

Orange
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Albert de Belleroche

- Lili Grenier

Model and actress

Modèle et actrice

Lili Grenier, modèle et actrice, est née en 1863 et est décédée en 1936.

Lili Grenier (1863-1936) a été une figure centrale dans la vie artistique de la fin du XIXe siècle. Elle a posé pour plusieurs artistes, dont Albert de Belleroche et Toulouse-Lautrec. Belleroche a peint plusieurs portraits d'elle, la représentant dans diverses poses et situations, souvent dans son atelier.

(Qwant).

- Le déshabillé d’Yvette Orange

Ndlr : quel âge avait Yvette ? Elle m’a l’air bien jeune….

Albert de Belleroche a peint Lili Grenier, modèle et actrice, dans plusieurs œuvres, dont "Le déshabillé d’Yvette", exposée au musée d'art et d'histoire d'Orange. Il partageait avec Toulouse-Lautrec une admiration pour cette figure emblématique de l'époque.

Cette peinture fait partie d'une série de tableaux où Belleroche explore des scènes intimes et des portraits de femmes, souvent dans des poses suggestives ou élégantes.

(Qwant).

 
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Albert de Belleroche

Musée d’Orange.

Nues.

- Femme à la harpe

- Femme nue au coquillage de dos

- Femme nue se coiffant

- Impudence

- Le petit corset rose

- Lili au bain

-Study of a nude back

Etude pour un nu de dos

Les œuvres Femme nue au coquillage – dos, Femme nue se coiffant, et Impudence d'Albert de Belleroche sont exposées au musée d'art et d'histoire d'Orange. Ces pièces illustrent son style caractérisé par une palette délicate et une représentation sensuelle de la femme.

Le Musée d'Art et d'Histoire d'Orange, en France, abrite une importante collection d'œuvres d'Albert de Belleroche, grâce à une donation de sa famille en 1940. Cette collection, située au deuxième étage du musée, comprend plus de 500 œuvres, dont des peintures et des lithographies.

Albert de Belleroche, né en 1864, était un artiste peintre et lithographe britannique d'ascendance française. Il a vécu une grande partie de sa vie en France et a été formé dans l'atelier de Carolus Duran. Il est connu pour ses portraits et ses nus, souvent réalisés au pastel. Renoir le surnommait « le peintre des femmes décoiffées ».

  • Femme à la harpe : Une œuvre qui met en scène une femme jouant de la harpe.
  • Femme nue au coquillage – dos : Une étude de nu où la femme est représentée de dos, tenant un coquillage.
  • Femme nue se coiffant : Une représentation d'une femme en train de se coiffer.
  • Impudence : Une œuvre qui explore la sensualité et le mystère, caractéristiques du style de Belleroche. (Qwant).
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*



Henri de Toulouse-Lautrec
France, 1864 – 1901
Maison de la rue des Moulins, Rolande
Peinture à l’essence sur carton
Musée d’Assezat
Fondation Bemberg
Toulouse



Henri de Toulouse-Lautrec
France, 1864 – 1901
L'Aube (revue illustrée)
1896
Lithographie en couleurs
MUMA 
Le Havre



Henri de Toulouse-Lautrec

1864 – 1901

Toulouse-Lautrec de dos

1884

Fontevraud

Abbaye royale.

Oeuvre de jeunesse, c'est un des rares autoportraits de l'artiste.

La pose de dos est improbable. Comment se peindre sans se voir? Cela suppose la présence d'un photographe et de beaucoup d'humour et de virtuosité.

Le tabouret est dans le brouillard*. Il masque l'expression de la farce provocatrice de l'auteur: "Oh, que ce pet pue".

L'infirmité du peintre et l'autodérision tragique de Toulouse-Lautrec l'amènent au rejet des conventions sociales et picturales.

Cette toile a été le clou de la vente de la galerie Charpentier et le tableau fut acheté par Martine et Léon Cligman.


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* Par Raul Cantu.
Brouillard dans la nuit.
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Henri de Toulouse-Lautrec

1864 – 1901

Cheval se rendant à l'entraînement

Fontevraud

Abbaye royale

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Henri de Toulouse-Lautrec

1864 – 1901

Homme assis en buste

Fontevraud

Abbaye royale

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*
Montmartre:


Maurice Utrillo
France, 1883 – 1955
La rue Bayen à Paris
Huile sur toile
Musée d’Assezat
Fondation Bemberg

Toulouse

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5 tableaux en Gif sur Twitter.
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Graph 
Paris 
"Homme à la manière de Lautrec".

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Henri de Toulouse-Lautrec 
Au nouveau Cirque, Papa Chrysanthème 
1894 
Paris 
Musée d'Orsay 

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Henri de Toulouse-Lautrec 
Le Photographe Paul Sescau 
1896 
Paris 
Musée d'Orsay

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Henri de Toulouse-Lautrec 
"Je boirai du lait quand les vaches brouteront du raisin"  
Honfleur 

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Adrien Voisard-Margerie 
1867 - 1954
Toulouse Lautrec et son modèle
1895
Huile sur toile. 
Musée Eugène Boudin 
Honfleur
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Rose 
"Toulouse Lautrec" 
Jardins suspendus
Le Havre 
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jeudi 5 juillet 2018

Soldats inconnus - Association Musée de La Résistance et Déportation du Pays d'Arles


Association Musée de La Résistance et Déportation du Pays d'Arles.

Ancien collège Frédéric Mistral

Arles

07 18


En 1914, l’image que se font les Français des soldats africains n’est pas si éloignée de celle que se font les Allemands.
Sauvagerie, brutalité, penchants cannibales, sont autant de préjugés issus du colonialisme.



En 1915, le tirailleur « Banania » rit de toutes ses dents. Désormais, l’Africain est vu comme un grand enfant, joyeux et sympathique.



Pour les Allemands, le Noir reste un homme gouverné par des instincts sauvages et violents.


La Honte noire.
En mai et juin 1940, lors de la campagne de France, 15 000 tirailleurs sénégalais sont faits prisonniers par l’armée allemande. 1 500 à 3 000 d’entre eux sont assassiné, considérés comme des sous-hommes.
Les Noirs sont des trophées exotiques pour les combattants de la Wehrmacht. Les survivants n’échappent pas à la photo souvenir dont le regard trahit la peur.
Le mythe de la supériorité raciale des Aryens n’explique pas à lui seul cette haine à l’égard des soldats noirs.
En 1914/1918, pour la première fois, les soldats allemands affrontent des tirailleurs sénégalais*. Effrayés, ils les décrivent comme des sauvages, des cannibales qui dévorent les prisonniers, achèvent les blessés et mutilent les morts. Les massacres de 1940 prennent racine en 1914.
Les nationalistes lancent une grande campagne d’opinion contre la « Honte noire » (Schwarze Schmach). Ils affirment que les troupes africaines violent systématiquement les femmes, diffusent des maladies, de la syphilis à la maladie du sommeil en passant par la peste et le paludisme.
Cette campagne ancre pour longtemps l’image du colonial brutal et bestial.


« Y a bon ! Li porter mon fourbi ! »


Massacres de 1940.



En 1939, avec la guerre, le souvenir de la « Honte noire » est ranimé.

Le 30 mai, Goebbels, le ministre de la propagande allemande, ordonne :

« Il faut montrer (…) combien c’était une infamie raciale et culturelle de faire venir des Nègres au bord du Rhin. Il faut dénoncer les Français comme des sadiques négrifiés. »



En massacrant les tirailleurs sénégalais, les soldats allemands se vengent de la peur éprouvée par leurs pères et de l’humiliation de l’occupation.



A Chasselay (Rhône), plusieurs dizaines de tirailleurs sont exécutés et leurs corps écrasé par les blindés. Pour les Nazis, ils n’étaient pas tout à fait de hommes.



La dignité silencieuse des vaincus renverse l’accusation d’animalité.

Les barbares sont derrière les appareils et les hommes devant.



Une « honte blanche » nous rappelle que la barbarie n’a pas de couleur.




Médaille de propagande.
Bronze.
Karl Goetz.
1920

Elle illustre le thème du supplice des femmes de Rhénanie livrées à la lubricité des soldats noirs.
Elle dénonce l’hypocrisie de la France qui trahit la mission civilisatrice de l’homme blanc.
La propagande allemande fustige la « honte noire » sur les cartes postales et au cinéma en passant par les brochures, le théâtre et le roman.





« Mein Kampf » est un livre rédigé par Adolf Hitler entre 1924 et 1925. Commencé pendant les neuf mois de sa détention à la prison de Landsberg à la suite du putsch de la Brasserie, l'ouvrage contient des éléments autobiographiques, l'histoire des débuts du Parti national-socialiste des travailleurs allemands et diverses réflexions sur la propagande ou l'art oratoire. L'auteur expose, dans un style empreint de haine, la « conception du monde » du national-socialisme, avec ses composantes hégémoniques, belliqueuses mais aussi racistes et ouvertement antisémites, mêlée d'irrédentisme, d'ultra-nationalisme et de revanchisme. Si l'ouvrage peut être perçu comme un véritable « livre programme », les chambres à gaz n'y sont cependant pas évoquées bien que l'auteur fasse allusion à l'utilisation des gaz de guerre de la Première Guerre mondiale en lien avec la population juive d'Allemagne. 
 (Source Wikipédia)


Louis Bouquet
Lyon, 1885 – Id, 1952
Fresque de la grande poste, place Antonin Poncet, Lyon, 1937.
Maquette en triptyque – Huile et gouache  sur carton.
Musée Paul Dini, Villefranche-sur-Saône 



ITALIE - CHASSE AUX NOIRS




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Libre expression à Aigues-Mortes:

"Que cela vous plaise ou pas!

Service militaire obligatoire pour tous - femmes et hommes. Pour une "Armée du Peuple", pas pour une armée pour défendre les bourgeois et le grand capital, mais pour défendre les PAUVRES."

*
Suites de la colonisation au Sénégal:

Le car rapide

Fourgon Saviem Super Goëlette SG2

Produit en Europe entre 1965 et 1982

Art populaire, amulettes de protection, contre les jaloux, les malfaisants, les pannes ou les accidents.

Emblématique des transports à Dakar, le car rapide est le parfait exemple d’un objet mondialisé dont l’usage s’adapte aux besoins locaux.

Mis au rebut, ils sont vendus aux pays africains en tant que véhicules de transports en commun.

Musée de l’Homme

Paris




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Arles 
"1918 mort pour la France
2018 mort pour l'Europe"


« On croit mourir pour la patrie. On meurt pour les industriels. »

Anatole France





David Lescot lit La lettre d’Anatole France à Marcel Cachin:
Cher citoyen Cachin,

Je vous prie de signaler à vos lecteurs le récent livre de Michel Corday, les Hauts Fourneaux, qu’il importe de connaître.
On y trouvera sur les origines et la conduite de la guerre des idées que vous partagerez et qu’on connaît encore trop mal en France ; on y verra, notamment (ce dont nous avions déjà tous deux quelque soupçon) que la guerre mondiale fut essentiellement l’oeuvre des hommes d’argent ; que ce sont les hauts industriels des différents Etats de l’Europe qui, tout d’abord, la voulurent, la rendirent nécessaire, la firent, la prolongèrent. Ils en firent leur état, mirent en vie leur fortune, en tirèrent d’immenses bénéfices et s’y livrèrent avec tant d’ardeur, qu’ils ruinèrent l’Europe, se ruinèrent eux-mêmes et disloquèrent le monde.
Ecoutez Corday sur le sujet qu’il traite avec toute la force de sa conviction et toute la puissance de son talent. — » Ces hommes-là, ils ressemblent à leurs hauts fourneaux, à ces tours féodales dressées face à face le long des frontières, et dont il faut sans cesse, le jour, la nuit, emplir les entrailles dévorantes de minerai, de charbon, afin que ruisselle au bas la coulée de métal. Eux aussi, leur insatiable appétit exige qu’on jette au feu, sans relâche, dans la paix, dans la guerre, et toutes les richesses du sol, et tous les fruits du travail, et les hommes, oui, les hommes même, par troupeaux, par armées, tous précipités pèle-mêle dans la fournaise béante, afin que s’amassent à leurs pieds les lingots, encore plus de lingots, toujours plus de lingots. Oui, voilà bien leur emblème, leurs armes parlantes, à leur image. Ce sont eux les vrais hauts fourneaux ! (page 163).
Ainsi, ceux qui moururent dans cette guerre ne surent pas pourquoi ils moururent. Il en est de même dans toutes les guerres. Mais non pas au même degré. Ceux qui tombèrent à Jemmapes ne se trompaient pas à ce point sur la cause à laquelle ils se dévouaient. Cette fois, l’ignorance des victimes est tragique. On croit mourir pour la patrie ; on meurt pour des industriels.
Ces maîtres de l’heure possédaient les trois choses nécessaires aux grandes entreprises modernes : des usines, des banques, des journaux. Michel Corday nous montre comment ils usèrent de ces trois machines à broyer le monde. Il me donna, notamment, l’explication d’un phénomène qui m’avait surpris non par lui-même, mais par son excessive intensité, et dont l’histoire ne m’avait pas fourni un semblable exemple : c’est comment la haine d’un peuple, de tout un peuple, s’étendit en France avec une violence inouïe et hors de toute proportion avec les haines soulevées dans ce même pays par les guerres de la Révolution et de l’Empire. Je ne parle pas des guerres de l’ancien régime qui ne faisaient pas haïr aux Français les peuples ennemis. Ce fut cette fois, chez nous, une haine qui ne s’éteignit pas avec la paix, nous fit oublier nos propres intérêts et perdre tout sens des réalités, sans même que nous sentions cette passion qui nous possédait, sinon parfois pour la trouver trop faible.
Michel Corday montre très bien que cette haine a été forgée par les grands journaux, qui restent coupables, encore à cette heure, d’un état d’esprit qui conduit la France, avec l’Europe entière, à sa ruine totale. » L’esprit de vengeance et de haine, dit Michel Corday, est entretenu par les journaux. Et cette orthodoxie farouche ne tolère pas la dissidence ni même la tiédeur. Hors d’elle, tout est défaillance ou félonie. Ne pas la servir, c’est la trahir. «
Vers la fin de la guerre, je m’étonnais devant quelques personnes de cette haine d’un peuple entier comme d’une nouveauté qu’on trouvait naturelle et à laquelle je ne m’habituais pas. Une dame de beaucoup d’intelligence et dont les mœurs étaient droites, assura que si c’était une nouveauté, cette nouveauté était fort heureuse. » C’est, dit-elle, un signe de progrès, et la preuve que notre morale s’est perfectionnée avec les siècles. La haine est une vertu, c’est peut-être la plus noble des vertus. «
Je lui demandai timidement comment il est possible de haïr tout un peuple :
— Pensez, madame, un peuple entier, c’est grand… Quoi ? Un peuple composé de tant de millions d’individus, différents les uns des autres, dont aucun ne ressemble aux autres, dont un nombre infiniment petit a seul voulu la guerre, dont un nombre moindre encore en est responsable, et dont la masse ignorante en a souffert mort et passion. Haïr un peuple, mais c’est haïr les contraires, le bien et le mal, la beauté et la laideur. «
Quelle étrange manie ! Je ne sais pas trop si nous commençons à en guérir. Je l’espère. Il le faut. Le livre de Michel Corday vient à temps pour nous inspirer des idées salutaires. Puisse-t-il être entendu ! L’Europe n’est pas faite d’Etats isolés, indépendants les uns des autres. Elle forme un tout harmonieux. En détruire une partie, c’est offenser les autres.
Notre salut, c’est d’être bons Européens. Hors de là tout est ruine et misère.
Salut et fraternité,

« Ce ne sont pas des soldats : ce sont des hommes. Ce ne sont pas des aventuriers, des guerriers, faits pour la boucherie humaine [...] Ce sont des laboureurs et des ouvriers qu’on reconnaît dans leurs uniformes. Ce sont des civils déracinés.»

Henri Barbusse

Tirailleurs sénégalais : « On les a forcés à s’engager, et aujourd’hui on laisse leurs petits-fils se noyer dans la Méditerranée ».


Source « Le Monde »

08 19
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Fred Sochard 
La violence des mots ou des morts
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