mercredi 11 octobre 2017

Rencontre avec Raimund Hoghe à la FabricA


Raimund Hoghe

Rencontre à la FabricA

Octobre 2017




Curieux homme, têtu, déterminé, ambitieux.

Allemand né à Wuppertal et vivant à Düsseldorf, il est obsédé par le passé nazi de son pays et se demande si avec son infirmité il aurait survécu à cette période qui exigeait la perfection de la race. Il veut connaître l’histoire pour qu’elle ne se reproduise plus. Il a été élevé par sa maman, veuve. Il n’a pas connu son père, mais a côtoyé son grand-père. « Elle ne m’a jamais regardé comme un être monstrueux. Elle m’aimait et m’a regardé avec amour. » Sa mère a accepté son enfant beau comme il était. Sa maman avait le goût de la beauté. « Elle avait le rêve de la beauté ». Couturière, elle fabriquait elle-même ses vêtements et a transmis à son fils le goût de la création et de la mode. Il est aussi inspiré par Agnès b.






Journaliste de profession au Zeit, il est amené pour son travail à rencontrer Pina Bausch, la célèbre chorégraphe. « Pina est une sœur pour moi. ». On ne choisit pas sa famille, mais ses amis…Il devient son dramaturge. Un inspirateur intellectuel. L’aventure dure dix ans. Ils viennent deux fois présenter un spectacle à Avignon.

Puis, il y a vingt ans, il se lance sur scène. « Je n’utilisais plus les mots pour m’exprimer, mais les gestes et le corps. »

Il aime lutter contre le rejet et l’exclusion. Il insiste sur la différence des corps, sur la beauté que chacun de nous porte en lui et sur lui malgré ses défauts ou infirmités. Les migrants l’attirent aussi avec leur destin tragique. Il utilise les lettres portées par des migrants retrouvées sur eux après le crash de leur avion. Le petit fantôme, celui d’Aylan, l’enfant syrien noyé, découvert en septembre 2015 sur les côtes turques aussi.
Si la beauté est importante au théâtre, il n’en oublie pas moins la réalité. Est-elle moins belle que le spectacle ? Le monde et ses affaires l’effraient surtout. Il a peur de Trump qui « peut à chaque instant appuyer sur le bouton et faire exploser la planète. » Tout d’un coup, on n’existera plus.

Pour conjurer le sort, il se réfugie dans la musique. Pas n’importe laquelle. Pas le rock, pas la musique actuelle dans laquelle il ne se reconnaît pas. La grande ! Il cite Léonard Bernstein. Et il choisit une cantatrice célèbre qui finira sa vie dans la solitude, abandonnée par l’amour, par sa mère, sans contrat et dans la misère. Maria Callas. Il créera une œuvre personnelle, 36 avenue George Mandel en 2007, dernière adresse parisienne de la cantatrice qui a erré d’hôtels en hôtels toute sa vie durant. Lui ? Il aime la vie d’hôtel, il n’aime pas faire le ménage…

Il nous visionnera des extraits de spectacles. Nous découvrons Ornella Balestra, une danseuse qui a participé à la compagnie de Béjart*, elle était sa danseuse fétiche. « Je préfère une femme qui a dans son corps inscrit les épreuves de la vie à une jeune fille de 18 ou de 20 ans. » Au bord de la rupture avec la vie de scène, il lui redonne le goût de sa présence sur les planches quinze ans plus tôt. Il regrette que les danseurs, les étoiles connaissent une fin de vie artistique à 38 ou 41 ans. Pour elle, il crée le spectacle « Canzone per Ornella », chanté par l’italienne Emilie. Il le présentera l’été prochain à Avignon.

Ses spectacles s’appuient sur ses rituels, il insiste sur la lenteur et l’élégance. « Le spectateur qui surgit de la vie trépidante doit avoir le temps d’entrer dans son monde ».

Il diffuse un extrait de Maria Callas chantant  avec le chef d’orchestre Georges Prêtre. Un moment de félicitée que le public applaudit. « Vous remarquerez qu’elle bouge peu. Comme Piaf qui apprenait qu’il fallait un mouvement par chanson. »




Plus tard, il rencontre Marie Thérèse Allier, une femme sans âge – « on reste jeune dans sa tête » -, mais qui entretient et insuffle en elle la vie, refusant d’attendre dans l’angoisse la mort. Elle mène la danse à la Ménagerie de Verre depuis 1983, dans le 11e arrondissement de Paris. Elle passe du classique qui l’a fait souffrir au contemporain.

Et pour terminer, Raimund Hoghe conclut « À mon âge, on vit plus dans le présent. »

La Valse de Raimund Hogue :

Maria Callas " La sonnambula" de Bellini


Ornella Balestra
Rosenzeit

Marie Thérèse Allier :

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Maurice Béjart 
Maison à Bruxelles
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Maria Callas

Musée à Athènes

Centenaire de la naissance de la Diva.

Après 25 ans de préparatifs, la ville d'Athènes a inauguré un musée en l'honneur de la légendaire soprano Maria Callas.

Annoncé depuis des décennies, le Musée Maria Callas vient d'ouvrir à Athènes. Situé à proximité de l'Acropole.

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