Raimund Hoghe
Rencontre à la FabricA
Octobre 2017
Curieux
homme, têtu, déterminé, ambitieux.
Allemand
né à Wuppertal et vivant à Düsseldorf, il est obsédé par le passé nazi de son
pays et se demande si avec son infirmité il aurait survécu à cette période qui
exigeait la perfection de la race. Il veut connaître l’histoire pour qu’elle ne
se reproduise plus. Il a été élevé par sa maman, veuve. Il n’a pas connu son père,
mais a côtoyé son grand-père. « Elle ne m’a jamais regardé comme un être
monstrueux. Elle m’aimait et m’a regardé avec amour. » Sa mère a accepté
son enfant beau comme il était. Sa maman avait le goût de la beauté. « Elle
avait le rêve de la beauté ». Couturière, elle fabriquait elle-même ses vêtements
et a transmis à son fils le goût de la création et de la mode. Il est aussi inspiré
par Agnès b.
Journaliste
de profession au Zeit, il est amené pour son travail à rencontrer Pina Bausch,
la célèbre chorégraphe. « Pina est une sœur pour moi. ». On ne
choisit pas sa famille, mais ses amis…Il devient son dramaturge. Un inspirateur
intellectuel. L’aventure dure dix ans. Ils viennent deux fois présenter un
spectacle à Avignon.
Puis,
il y a vingt ans, il se lance sur scène. « Je n’utilisais plus les mots
pour m’exprimer, mais les gestes et le corps. »
Il aime lutter contre le rejet et l’exclusion. Il insiste
sur la différence des corps, sur la beauté que chacun de nous porte en lui et
sur lui malgré ses défauts ou infirmités. Les migrants l’attirent aussi avec
leur destin tragique. Il utilise les lettres portées par des migrants retrouvées
sur eux après le crash de leur avion. Le petit fantôme, celui d’Aylan, l’enfant
syrien noyé, découvert en septembre 2015 sur les côtes turques aussi.
Si la beauté est importante au théâtre, il n’en oublie pas moins la réalité. Est-elle
moins belle que le spectacle ? Le monde et ses affaires l’effraient
surtout. Il a peur de Trump qui « peut à chaque instant appuyer sur le
bouton et faire exploser la planète. » Tout d’un coup, on n’existera plus.
Pour
conjurer le sort, il se réfugie dans la musique. Pas n’importe laquelle. Pas le
rock, pas la musique actuelle dans laquelle il ne se reconnaît pas. La grande !
Il cite Léonard Bernstein. Et il choisit une cantatrice célèbre qui finira sa
vie dans la solitude, abandonnée par l’amour, par sa mère, sans contrat et dans
la misère. Maria Callas. Il créera une œuvre personnelle, 36 avenue George
Mandel en 2007, dernière adresse parisienne de la cantatrice qui a erré d’hôtels
en hôtels toute sa vie durant. Lui ? Il aime la vie d’hôtel, il n’aime pas
faire le ménage…
Il
nous visionnera des extraits de spectacles. Nous découvrons Ornella Balestra,
une danseuse qui a participé à la compagnie de Béjart*, elle était sa danseuse
fétiche. « Je préfère une femme qui a dans son corps inscrit les épreuves
de la vie à une jeune fille de 18 ou de 20 ans. » Au bord de la rupture
avec la vie de scène, il lui redonne le goût de sa présence sur les planches quinze
ans plus tôt. Il regrette que les danseurs, les étoiles connaissent une fin de
vie artistique à 38 ou 41 ans. Pour elle, il crée le spectacle « Canzone
per Ornella », chanté par l’italienne Emilie. Il le présentera l’été
prochain à Avignon.
Ses
spectacles s’appuient sur ses rituels, il insiste sur la lenteur et l’élégance.
« Le spectateur qui surgit de la vie trépidante doit avoir le temps d’entrer
dans son monde ».
Il
diffuse un extrait de Maria Callas chantant avec le chef d’orchestre Georges Prêtre. Un
moment de félicitée que le public applaudit. « Vous remarquerez qu’elle
bouge peu. Comme Piaf qui apprenait qu’il fallait un mouvement par chanson. »
Plus
tard, il rencontre Marie Thérèse Allier, une femme sans âge – « on reste
jeune dans sa tête » -, mais qui entretient et insuffle en elle la vie,
refusant d’attendre dans l’angoisse la mort. Elle mène la danse à la Ménagerie
de Verre depuis 1983, dans le 11e arrondissement de Paris. Elle passe
du classique qui l’a fait souffrir au contemporain.
Et
pour terminer, Raimund Hoghe conclut « À mon âge, on vit plus dans le
présent. »
La
Valse de Raimund Hogue :
Maria Callas " La sonnambula" de Bellini
Ornella
Balestra
Rosenzeit
Marie
Thérèse Allier :
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*
Maurice Béjart
Maison à Bruxelles
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Maria Callas
Musée à Athènes
Centenaire de la naissance
de la Diva.
Après 25 ans de préparatifs,
la ville d'Athènes a inauguré un musée en l'honneur de la légendaire soprano Maria Callas.
Annoncé depuis des décennies,
le Musée Maria Callas vient d'ouvrir à Athènes. Situé à proximité de l'Acropole.
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