mercredi 26 juillet 2017

Tombe d'André Gide à Cuverville - André Gide à Uzès

André Gide
Cuverville
06 17
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En 1895, Madeleine Rondeaux, devenue propriétaire de la maison à la suite du décès de son père, épouse son cousin André Gide à la mairie de Cuverville (le mariage religieux a lieu au temple d’Etretat). André Gide y est venu de nombreuses fois en vacances étant enfant.
Gide y passe quelques semaines d’été chaque année, jusqu’en 1938, année de la mort de Madeleine.


Madeleine Gide à Cuverville

Photographie


Archives J. Drouin
Uzès
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Gide, Prix Nobel de littérature, meurt en 1951 d'une congestion pulmonaire. Il eut ces derniers mots mystérieux : " J'ai peur que mes phrases ne deviennent grammaticalement incorrectes. C'est toujours la lutte entre le raisonnable et ce qui ne l'est pas ..." Il repose à Cuverville en Caux.


                                                            Le château de Cuverville
Roger Martin du Gard (autre ami avec qui Gide eut une correspondance assidue) assiste aux obsèques de Gide. Il s’indigne lorsqu’un prêtre bénit le cercueil car Gide lui avait dit avant de mourir :"Je ne rêve d’aucune survie, au contraire : plus je vais et plus l’hypothèse de l’au delà m’est inacceptable...Instinctivement et intellectuellement."
A cette époque, l’homosexualité était peu facile à vivre pour le commun des mortels.

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 Tombe de sa femme Madeleine
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 Les tombes sont toujours fleuries
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 Tombe d'André Gide
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Le cimetière de l'église de Cuverville
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Œdipe d'André Gide  
Costumes à la maison Jean Vilar à Avignon


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La littérature s’ouvre au thème de l’homosexualité au XXe siècle.



La tragédie personnelle d’Oscar Wilde.

L’auteur du portrait de Dorian Gray a été condamné à deux ans de travaux forcés à cause de son homosexualité.

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Gide se libère de son puritanisme sexuel.

Il publie en 1911 en 12 exemplaires une apologie de l’homosexualité, Corydon. En 1920, dans Si le grain ne meurt, il confesse de façon autobiographique ses amours masculines.

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Proust homosexuel.

Il publie dans Sodome et Gomorrhe, en 1921/1922, puis dans Albertine disparue en 1925. On y lit, en filigrane, la propre homosexualité de l’écrivain derrière ses personnages.

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Marguerite Yourcenar, dans son premier roman s’attache à un sujet encore scabreux pour l’époque.

Dans Alexis ou le Traité du vain combat, l’homosexualité masculine est décrite avec ses préoccupations intimistes, dans une écriture coulée dans le moule classique.
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André Bourdil

Portrait d’André Gide

Huile sur panneau, 1943

Ce portrait fut peint à Tunis le 5 avril 1943, lors du dernier séjour de Gide au Maghreb.
Uzès
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Théo Van Rysselberghe

Portait d’André Gide

Bronze, vers 1910-1920

Uzès
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Solange de Bievre

Portrait-charge d’André Gide

Huile sur toile, 1935
Uzès
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André Dunoyer de Segonzac

Portrait d’André Gide, 1947
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Michel del Castillo

De père français

Collection Folio, Gallimard. 1998



p97 :

Il (=son père) m’offre ce qu’il a de plus précieux, ce pays qu’il aime, la France. Je lui en sais gré, je partage sa passion des campagnes. Il me conduit à Cuverville où son ami d’enfance Dominique, qui a épousé une de ses cousines, nous reçoit. Suis-je étonné de me retrouver dans la maison de l’écrivain maudit dont, en Espagne, je dévorais les livres sans tout à fait les comprendre ? Je voudrais répondre oui. En réalité, j’avance dans un rêve. »
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« Les choses les plus belles sont celles que souffle la folie et qu’écrit la raison. Il faut demeurer entre les deux, tout près de la folie quand on rêve, tout près de la raison quand on écrit. »

André Gide

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André Gide

Si le grain ne meurt

Editions Gallimard – 1955

 

Il est le roi du subjonctif passé. « Soit qu’elle vinsse », « soit nous allassions à Cuverville », mais la lecture est aisée (p 94). Il n’aime pas le théâtre et part après la première partie d’un spectacle qu’il trouve « conventionnel, prévu et fastidieux » (p 168).

Il commence mal sa scolarité. Il est renvoyé de l’école à cause de sa masturbation en classe de  9e, à l’âge de 8ans, en 1877 (p 65). Son père meurt de tuberculose intestinale, sans être soigné, car « on ne la reconnaissait pas », en 1880 (p 90). André Gide aimait obéir et n’aimait pas dissimuler, ce qu’il apprendra à faire plus tard (p 198).

A ses douze ans, après le décès de son père, sa mère loue un appartement à Montpellier. Ne cuisinant pas, elle fait venir par un traiteur de la ratatouille (p 104). Elle se fait coiffer tous les jours pendant une demi-heure. Sa femme de chambre lui fait mal. André Gide décrit ce rituel  sur deux pages ! (p 154) Sa mère avait l’ambition qu’il écrive ses propres textes et qu’il crée lui-même (p 238).

Sa tante était une forte femme capitaliste (p 98). Sa cousine Gide, pour déshériter sa fille, la comtesse de Blanzey, voulait donner un Mignard au Louvre (p 254).

Il tombe pour la première fois amoureux d’un garçon, lors d’un bal (p 87). Il est ensuite amoureux de Lionel, de la famille de Guizot*, en Normandie, à la Roque, située entre Caen et Lisieux. Leur relation platonique continue jusqu’à ses quinze ans (p 172).

Il tombe « amoureux » d’Emmanuèle (= pour sa cousine Madeleine, il éprouve un amour mystique, NDLR) à cause de son chagrin. Elle a découvert le secret de la trahison de sa mère (par infidélité ? NDLR) et elle ne peut prévenir son père (p 125). Il rêve de l’épouser.

Au Pouldu, il rencontre Paul Gauguin et mange avec deux autres artistes (p 243). 

 

Charles Filiger 

Thann, 1863 - Plougastel-Daoulas, 1928.

Paysage du Pouldu 

Vers 1892 

Gouache sur apier.

Muma 

Le Havre

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Il fréquente le salon de Mallarmé (p 262). Il cite Nietzsche : « Tout artiste n’a pas seulement à sa disposition sa propre intelligence, mais aussi celle de ses amis » (p 257).  Chez Heredia**, il y a un salon pour femmes et un fumoir pour les hommes (p 262). Il suit les traces de Jean-Jacques Rousseau. Il séjourne à Val-Travers***, dans le Jura et comprend, devant l’attitude des habitant-e-s, le « mauvais vouloir, les méchants propos, les regards haineux, les moqueries » que Rousseau a subis (p 323).

Il écrit son premier livre, à l’âge de vingt ans, à compte d’auteur, payant l’éditeur au poids du papier, sur le thème de la chasteté et de la masturbation, « Les cahiers d’André Walter » (p 246). Il avait de quoi vivre. Sa mère lui verse de l’argent mensuellement, pris sur la part de l’héritage de son père. Il a pu ainsi éditer ses autres livres, mais en moins d’exemplaires que le premier. Il veut penser librement et ne veut pas être dérangé (p 250).

La dernière partie relate son « tourisme sexuel ». Ali, jeune adolescent porteur à Sousse, s’offre à lui dans les dunes. C’est sa première relation homosexuelle. Il a eu besoin de prendre ses distances avec la France pour s’éloigner des conventions sociales européennes et franchir le pas (p 299).

Il explique comment s’organisait la prostitution à Sousse, avec les jeunes femmes de la tribu de Oulad Naïl. Elles se vendent en ville pour se constituer une « dot » pour se marier. Souvent, elles ne reviennent pas dans leur tribu (p 303).

Lui, en proie à ses doutes sur sa réelle homosexualité, s’offre les services d’une jeune prostituée de seize ans, Meriem. Il s’imagine, pendant l’acte, dans les bras de Mohammed. Puis il tombe amoureux du petit Mohammed, à moitié nu sous ses vêtements (p 307). Avec une femme plus âgée, l’essai est négatif (p 311). Il tente un troisième essai avec une prostituée à Rome. C’est l’échec encore (p 314).

Il fréquente Oscar Wilde en Algérie, même si c’est compromettant, à la veille de son procès en Grande-Bretagne (p 331). Pierre Louÿs****, avec qui il voyage et qui a rompu avec Wilde (étaient-ils amants ? NDLR), relate un mariage homosexuel dont lui ont parlé ses amis britanniques à Londres. C’était exquis (p 329). Wilde raconte qu’au Savoy, les Anglais n’aimaient pas le couple qu’il composait avec Douglas. Ils n’aiment pas ceux qui s’amusent (p 334).

 

L’amant de Wilde, lord Alfred Douglas*****, a « horreur des femmes » André Gide en est choqué, lui qui ne va pas regretter le décès de sa mère qu’il juge trop rigoriste et moralisatrice! Gide est surpris de voir Wilde céder en tous points à Douglas. Il trouve qu’il se laisse mener par lui (p 331). Douglas, quant à lui, fantasme sur les deux fils de Wilde, surtout sur Cyril****** (p 335)

Gide relate ses nuits de débauche avec Wilde, entraînant avec eux deux adolescents, dans la périphérie d’Alger. Il sera à la recherche des sensations de volupté qui lui permettent d’accéder à l’épuisement total, à la suite de la première nuit avec un autre Mohammed (p 343). Deux ans plus tard, il assiste à un rapport sexuel entre Daniel B, un adulte, et Mohammed. Il s’étonne de sa « soumission » (p 346). Par contre, il aime la « docilité » d’Athman qu’il prend pour amant (p 353).

Il ne veut pas que celui-ci soit malhonnête, mais tolère qu’il soit un proxénète ( !!! NDLR). Il utilise la honte pour se justifier dans ses contradictions  (p 352).

Il renoncera temporairement à amener Athman en France, pendant quatre ans, devant la pression maternelle et familiale (p 355).

 

 

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François Guizot, pour l'état civil François Pierre Guillaume Guizot, né le 4 octobre 1787 à Nîmes et mort le 12 septembre 1874 à Saint-Ouen-le-Pin, est un historien et homme d'État français.

 

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José-Maria de Heredia, né le 22 novembre 1842 à Cuba et mort le 3 octobre 1905 en France, est un homme de lettres d'origine cubaine. Né sujet espagnol, il a été naturalisé français en 1893. Son œuvre poétique a fait de lui l'un des maîtres du mouvement parnassien.

 

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Jean-Jacques Rousseau y élut domicile en juillet 1762.

« Je trouvais le séjour à Môtiers fort agréable et pour me déterminer à y finir mes jours, il ne me manquait qu'une subsistance assurée ; mais on y vit assez chèrement ».

Rapidement, les écrits de Rousseau sont condamnés par le pasteur du village et le 6 septembre 1765, des habitants lancent des pierres contre son habitation. Jean-Jacques Rousseau se fait sauvagement chasser par les Môtisans, réfractaires à ses idées progressistes. Le 8 septembre, il quitte définitivement la bourgade pour l'île Saint-Pierre sur le lac de Bienne.

 

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Louÿs a la réputation bien établie d’un érudit farfelu qui a défendu avec ferveur et opiniâtreté la thèse que Corneille était l’auteur des tragédies de Molière, et, surtout, d’un érotomane invétéré, collectionneur de photos érotiques presque toutes prises par lui-même et auteur de centaines de textes et de poèmes de caractère souvent franchement pornographique.

 

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Alfred Douglas, né à Powick dans le Worcestershire le 22 octobre 1870 et mort à Lancing dans le Sussex de l'Ouest le 20 mars 1945, est un poète anglais, fils de John Douglas, 9ᵉ marquis de Queensberry.

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À Richebourg, la tombe méconnue du fils aîné d’Oscar Wilde, mort à la guerre.

« Cyril Holland ». À lire ce nom gravé sur une stèle du cimetière Saint-Vaast Post, à Richebourg, qui se douterait que repose ici le fils aîné d’Oscar Wilde ? Fauché par l’ennemi le 9 mai 1915, il dort sous l’herbe avec 890 de ses frères d’armes. Retour sur son histoire.

La Voix du Nord.

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André Gide pédocriminel. Peut-on le lire aujourd'hui ?

NDLR : bien sûr qu’il faut le lire pour comprendre et déjouer leurs crimes. Il a été entraîné et a  entraîné dans son sillage un nombre important d’hommes. Ce qui était toléré de son vivant ne l’est plus. Et c’est tant mieux.

Peut-on encore lire André Gide aujourd’hui? Yann Moix consacre le premier numéro de la revue littéraire « Année zéro » à la vie et l’œuvre de l’écrivain.

(…) « Il est oublié et il est inadmissible. Son œuvre ne respire plus vraiment, sinon la naphtaline  donc on a essayé de « dénaphtalinisé » et en même temps c’est une œuvre qui est difficile à lire aujourd’hui pour des raisons morales. Il y a un dossier sur la pédo-criminalité de Gide et donc plutôt que de cacher cet aspect du personnage, nous l’avons pris à bras le corps. »

(…) « Il est très important que les œuvres puissent se dire. Je crois que plutôt que de savoir s’il faut séparer l’œuvre du personnage, il faut raisonner au cas par cas. De temps en temps on peut séparer l’œuvre de son auteur, de temps en temps on ne peut pas, de temps en temps on doit, et de temps en temps on ne doit pas. »

NDLR : je ne pense pas que l’on puisse séparer l’œuvre de l’homme ou de la femme. Il n’y a pas de cas par cas, ni de devoir au cas par cas. Trop facile !

(…) Pour Yann Moix, l’image est en train de tuer le livre mais celui-ci reprend sa place de clandestinité car il est réservé non pas à l’élite, mais aux gens pour qui la littérature est nécessaire et vitale.

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NDLR : Yann Moix est une personnalité controversée.

(…) Ce sont surtout les révélations de L'Express qui ont jeté une ombre sur l'écrivain de 51 ans, qui a reconnu être l'auteur de caricatures antisémites et de textes négationnistes.

(…) Le romancier, qui fut chroniqueur d'"On n'est pas couché" pendant trois saisons, inaugurera la nouvelle formule de l'émission.

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André Gide  
Musée des Arts et Métiers 
Paris

En 1928.
Via Getty Image.
 
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